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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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aussi appris que Néron avait été initié au culte d’Osiris par son précepteur. Je sais également que Vespasien possédait des statues de divinités égyptiennes dans sa villa de Tibur…
    — Où veux-tu en venir, Varius ?
    Son petit-fils ignora la question et s’étira sur les coussins du canapé.
    — Savais-tu que Commode, lors des fêtes de Mars, traversait les rues de la ville affublé d’un masque de chacal d’Anubis ? poursuivit-il. Et que Caracalla, ton neveu bien-aimé et mon prétendu géniteur, avait dédié à Sérapis un temple sur le Quirinal ?
    — Mais ce n’étaient que des fantaisies passagères ! répliqua Maesa. Tes prédécesseurs n’ont jamais poussé la provocation jusqu’à organiser des cérémonies ou des processions en honneur à ces dieux du Nil ! Et ils n’étaient pas les prêtres attitrés de ces religions étrangères ! Ils avaient conscience de leurs devoirs de grands pontifes et ne remettaient pas en cause la prééminence des dieux de Rome, eux !
    — Est-ce encore un reproche ?
    — Je te rappelle seulement que cette dignité, qui t’a été conférée avec l’ imperium, t’oblige à participer, en priorité, aux devoirs rituels des prêtres romains et à présider aux sacrifices publics. Pourquoi t’y refuses-tu depuis un an ? Tu sais pertinemment que ton attitude offense les Romains !
    L’adolescent secoua ses épaules, faisant un terrible effort pour se contenir :
    — Les magistrats les président en mon nom, cela revient au même…
    — Non, Varius ! De ces cérémonies officielles dépendent toutes les grâces et tous les bienfaits dont profitera le peuple. En t’obstinant à refuser de les présider, tu défies et méprises les traditions religieuses de Rome.
    Cette fois, Varius céda à la colère et entrouvrit les lèvres dans une grimace de rage.
    — Je ne veux plus que l’on me donne d’ordres ! s’écria-t-il, l’air féroce, en martelant du poing l’un des coussins. Je ne veux plus que l’on discute mes volontés ! J’imposerai Élagabal que tu le veuilles ou non ! Je danserai et chanterai ses louanges sur l’esplanade du temple en tenue sacerdotale ! Et j’obligerai les plus hauts dignitaires de l’Empire à faire de même ! Et dorénavant, j’exigerai que les magistrats qui célèbrent les sacrifices publics à ma place invoquent Élagabal avant tous les autres dieux du panthéon officiel !
    Maesa restait immobile, submergée par ce torrent de mots, épouvantée par ces élucubrations. Elle secoua la tête et répondit simplement :
    — Quelle folie !
    — Qu’ils sachent, reprit Varius en laissant éclater sa rage, qu’ils sachent, ces stupides Romains, que leurs pauvres dieux sont désormais les serviteurs du mien ! Qu’Élagabal est leur souverain, qu’ils dépendent de lui, qu’ils viennent de lui et n’existent que par lui ! Oui, Élagabal régnera désormais sur tous les autres dieux comme je règne sur les autres hommes ! Et le jour viendra, bientôt, où chaque sénateur, chaque chevalier, chaque femme, chaque enfant, chaque vieillard, louera son nom devant le laraire (99) de sa maison !
    Sur quoi, il se tut enfin pour la regarder d’un œil menaçant, comme s’il s’attendait à ce qu’elle éclatât d’indignation. Mais sa grand-mère détourna les yeux et répéta d’une voix brisée :
    — Quelle folie !
    * * *
    Le moment tant attendu et tant redouté arriva enfin, sans que Maesa n’y puisse rien.
    — Je n’ai jamais vu autant de monde ! s’exclama le jeune Alexianus en contemplant, ce jour-là, la marée humaine qui s’étalait sur le flanc du Palatin, autour de l’Élagabalium.
    — Ce n’est certes pas la popularité de Varius qui est la cause de ce rassemblement, fit remarquer Mammaea, avec hauteur. Ni celle d’Élagabal.
    — Alors pourquoi sont-ils si nombreux ? demanda le jeune garçon.
    Sa mère eut un soupir hautain.
    — Le peuple est avide de plaisir et de spectacles, Alexianus. Il ne manque jamais une occasion de se distraire. Il n’y a que ton imbécile de cousin qui soit naïf au point de croire que tout ces gens sont venus pour lui ou pour son dieu.
    Elle avait volontairement appuyé sur les derniers mots, avec un mépris flagrant.
    — Regarde-les, ajouta-t-elle en déployant largement son bras en direction de la foule. Ils sont venus ici pour la même raison qu’ils se rendent régulièrement aux jeux du cirque : pour se divertir. Et ils

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