Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
Vom Netzwerk:
demanda-t-elle avec une moue railleuse. Le pauvre enfant sait tout juste que l’Oronte coule en Syrie… Il vit la moitié de son temps enfermé dans le temple avec ses mages et ses musiciens. Que connaît-il du fonctionnement du Sénat et des institutions romaines ? Que connaît-il des lois et des coutumes du peuple qu’on prétend soumettre à son autorité ?
    Ses questions ne réussirent pas à démonter la belle Soemias, qui répliqua avec mépris :
    — Varius sait tout ce qu’il doit savoir ! Et en attendant, c’est lui que les soldats viennent admirer, tous les jours et par dizaines, lorsqu’il officie dans le temple du Soleil ! Ont-ils jamais vu la figure blafarde de ton fils ?
    Voyant que l’enfant n’avait rien perdu de sa méchante tirade et que son visage s’était fermé sous l’insulte, elle ajouta plus gentiment :
    — De toute façon, Varius et Alexianus ne sont pas en compétition. Varius est l’aîné et le titre lui revient de droit.
    — De droit ! souffla Mammaea. Quel droit ? Varius n’est pas l’héritier de Rome, que je sache.
    — Il l’est, déclara Soemias en jetant un coup d’œil en biais à leur mère.
    — Il l’est ? répéta Mammaea, dubitative.
    — Varius est le fils de Caracalla.
    Mammaea ne put réprimer une grimace de mépris.
    — Accorde-moi le crédit d’un peu plus d’intelligence, dit-elle à sa sœur. Je sais parfaitement que tu mens.
    Maesa se décida à intervenir. Elle fit signe à sa fille cadette de se rapprocher et posa une main sur son bras.
    — Voilà l’une des raisons pour lesquelles je t’ai demandé de venir, ma fille. Il te faut entendre ce que la rumeur n’aurait pas tardé, sous peu, à te rapporter.
    Mammaea se figea dans une expression perplexe et courroucée à la fois.
    — La rumeur ? Alors, c’est vrai ? Vous faites courir le bruit que Varius est l’enfant naturel de Caracalla ? Je n’arrive pas à croire que vous en soyez arrivées là !
    Sa mère ôta sa main de son bras et se composa un visage sévère.
    — Épargne-nous tes jugements moralisateurs ! Nous sommes en guerre contre le Maure. Or, on ne fait pas la guerre sans armes. Nous devons mettre toutes les chances de notre côté.
    — Était-il vraiment nécessaire d’inventer ça ?
    — Ça l’était. D’ailleurs, ajouta sa mère en jetant un bref regard à son petit-fils, nous avons fait courir le même bruit à propos d’Alexianus…
    La discrète Mammaea, rouge de honte, porta une main à sa bouche.
    — On ne sait jamais, poursuivit Maesa. Si un jour Alexianus devait prétendre aux mêmes honneurs que Varius, cette filiation lui serait bien utile.
    La vieille Syrienne évita de préciser devant Soemias que si Varius n’était pas proclamé empereur par les légions, ou que s’il devait un jour lui arriver malheur, elle œuvrerait pour que son deuxième petit-fils accède à la pourpre.
    Pour elle, peu importait en réalité lequel des deux garçons deviendrait imperator, pourvu qu’elle retourne à Rome et qu’enfin elle puisse, comme Domna en son temps, trôner sous les ors du Palatin.
    — Tu ne ménages guère nos réputations ! lui fit remarquer Mammaea, qui cachait mal l’humiliation qu’on venait de lui infliger. Oser prétendre que nous avons partagé le lit de notre cousin et, qui plus est, alors que nos époux étaient encore vivants !
    — Vos réputations valent bien un empire, non ? Alors, cesse de faire des simagrées.
    Mammaea, comme d’habitude, ne s’emporta pas. Elle se contenta de se mordre les lèvres et reprit son masque fermé, qui n’exprimait plus qu’une endurance stoïque.
    Un silence pesant tomba sur la chambre.
    — Alexianus, susurra Soemias avec une voix doucereuse, ne reste pas dans les jambes de ta mère. Pourquoi n’irais-tu pas rejoindre Varius ? Ton cousin te conduira au temple.
    — Alexianus ne peut pas aller au temple, il attend sa leçon de grammaire, répliqua Mammaea en s’efforçant de maîtriser son agressivité.
    — Ton fils passe son temps le nez dans les livres…
    — Et je m’en réjouis, répliqua l’autre. C’est un grand soulagement pour moi de savoir qu’il préfère la compagnie des lettres à celle des joueurs de tambourin.
    — Tu détournes Alexianus de ses devoirs religieux, lui reprocha Soemias. Pourquoi le tiens-tu éloigné du sanctuaire ?
    — Parce que nous avons assez d’un grand prêtre dans la famille, riposta sa sœur. Et Alexianus n’est

Weitere Kostenlose Bücher