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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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l’observait avec une fixité étrange, un air indéfinissable qui n’exprimait aucun sentiment.
    En un instant le regard de l’empereur appréhenda l’image de cette beauté céleste, de cette Aurore apparue comme par enchantement dans la pénombre du crépuscule et la grava aussitôt dans son âme.
    — César ? fit Comazon, voyant que l’adolescent avait tout à coup perdu l’usage de ses membres et de la parole.
    Varius se retourna vers le préfet, les yeux écarquillés.
    — Est-ce que tu la vois, toi aussi ? demanda-t-il en baissant la voix.
    — Qui ?
    — La déesse.
    — Quelle déesse ?
    — La déesse de chair et d’os, chuchota-t-il encore plus bas, de crainte que l’apparition merveilleuse ne s’évanouisse. Là, devant nous…
    — Une déesse, César ? Ce n’est qu’une vestale.
    — Demande-lui son nom, le pria Varius, trop impressionné pour le faire lui-même.
    Valerius Comazon tendit sa torche et souleva ses grosses épaules.
    — Trop tard, dit-il, elle est partie.

CHAPITRE XXI
    La statue de Pallas-Athéna rejoignit donc Élagabal dans sa demeure. Varius l’installa somptueusement, à côté de son bétyle, dans le naos tendu de tentures soyeuses et de guirlandes.
    — Voilà ! dit fièrement le jeune empereur, après avoir solidement attaché la statuette avec des chaînes en or. Personne ne pourra me la reprendre !
    Et, ainsi comblé, il s’en retourna au palais, laissant le Soleil et sa nouvelle compagne dans l’intimité de leur nid d’amour. Arrivé dans ses appartements, il s’allongea sur son lit et se mit à penser à la jeune vestale aperçue sur le seuil du temple.
    Cette vision fugitive avait ébloui ses yeux et chaviré son cœur. Il revit la jeune fille flotter devant lui dans un halo lumineux, avec ses cheveux blonds et ses yeux infiniment bleus, son visage aux traits purs. Et rien d’autre ne parvint plus à chasser cette merveilleuse image de son esprit.
    Dans les jours qui suivirent, toute autre pensée disparut de son âme et le monde ne lui apparut plus que comme le brouillard vague où rayonnait seulement la vision de la vestale. Il commença à éprouver tous les symptômes de l’adoration, s’enfermant dans sa chambre pour se repaître du souvenir de sa sublime prêtresse, refusant de s’alimenter, se pâmant d’amour pour cette apparition, cette hallucination, ce rêve incarné. Pour un seul sourire de cette petite vestale romaine et pour peu qu’il ait eu foi en ces mythes idiots, il eût volontiers volé le feu du ciel comme Prométhée, ou tué Python, ou hissé éternellement le rocher de Sisyphe. Quoi qu’il fît, à tout moment du jour et de la nuit, l’image étincelante de la jeune fille voltigeait devant ses yeux en taches lumineuses, comme s’il eût regardé le soleil lui-même. Le moindre petit pli de sa robe, la moindre ondulation de ses mèches blondes, le plus imperceptible détail de son visage d’ivoire, se dessinaient nettement dans sa mémoire et le pénétraient jusqu’à l’obsession. Et toujours la même question revenait à son esprit : une pareille beauté n’était-elle qu’un songe inspiré par son dieu ou pouvait-elle être humaine ?
    Alors qu’un matin, il était ainsi, perdu dans le souvenir de sa Vénus aux cheveux d’or, Paula Cornelia fit irruption dans sa chambre.
    L’impératrice tomba à genoux et se mit à pleurer bruyamment. D’un coup de pied, Varius la repoussa en arrière et l’ Augusta se retrouva assise par terre.
    — César, implora Paula, je te supplie de me laisser repartir chez mon père.
    — C’est une idée, fit l’adolescent. Mais puisqu’elle vient de toi, je m’y refuse. Si tu m’avais laissé y penser le premier, alors peut-être t’aurais-je autorisée à partir.
    Elle se remit à pleurer, la figure ravagée par les larmes.
    — As-tu passé une bonne nuit ? demanda Varius avec un sourire espiègle.
    Paula s’effondra à ses pieds :
    — J’ai failli mourir, dit-elle au bord de la crise de nerfs. Si mes cris n’avaient pas alerté les gardes, tes fauves m’auraient dévorée !
    Varius porta la main à sa bouche, l’air désolé :
    — Oh, pauvre Paula !
    — Ils étaient si effrayants, j’ai eu la plus grande peur de ma vie !
    La veille au soir, Varius l’avait enfermée dans une pièce du palais avec ses lions et ses léopards. La jeune femme, ignorant que les animaux étaient inoffensifs, s’était vue mourir sous leurs crocs

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