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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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paraissait tenir une lance dont il ne restait qu’un morceau. Les traits, effacés par le temps, étaient encore encadrés par une masse de cheveux compacts qui descendait bas sur la nuque, en lourdes volutes. Quant à ce qui avait dû être autrefois sa tunique, elle était à peine façonnée et l’on en distinguait mal les plis qui formaient, avec le reste du corps, un ensemble assez laid. Mais malgré tout, la petite statue avait, dans sa rudesse archaïque, un air de majesté barbare qui plut au jeune Syrien.
    Il sauta de joie et se frotta les mains.
    — Prends garde ! s’exclama tout à coup Comazon. On dit que sa vue est interdite aux mortels ! Surtout ne la touche pas !
    L’empereur marqua une hésitation et, finalement, préféra s’en remettre aux gardes pour cette dangereuse profanation.
    — Prenez-la ! dit-il en enjoignant aux soldats de s’emparer de la précieuse statuette. Vite, dépêchez-vous !
    En disant cela, il jeta un œil inquiet vers la porte du temple, espérant que Metella, la grande vestale, ne le surprenne pas en train d’accomplir son mauvais coup.
    — Eh bien, dit-il en pouffant, tu vois : mes gardes ne sont pas morts ! Ils n’ont même pas perdu la vue ! Pallas-Athéna les remercie de l’avoir arrachée à cet horrible et sombre coffre qui pue le moisi !
    Alors que les prétoriens emmenaient le Palladium à l’extérieur, il tira son préfet par la manche.
    — À ton avis, où sont cachés les autres fétiches ?
    Comazon balaya du regard l’intérieur du temple, tout en soulevant la torche.
    — Je ne vois rien d’autre, dit-il. Ce temple est vide.
    — Quelle trufferie ! s’exclama Varius en tapant du pied. Mais où sont donc tous les autres objets magiques qui assurent à Rome sa prospérité et sa fortune ?
    — Peut-être sont-ils dans ce réduit ? suggéra Comazon alors qu’il lui montrait, cette fois, un panneau de bois qui fermait une sorte de vaste placard, au fond du temple rond.
    Varius se dirigea vers la porte basse qui donnait accès à cette remise et essaya de la pousser. Mais visiblement, elle avait été fermée à clé.
    — Oh, oh ! fit-il, ravi. Tu as raison, Valerius, c’est ici qu’ils les mettent !
    L’ordre fut donné aux prétoriens de défoncer la porte et l’empereur put s’introduire dans la resserre. Par terre et contre les parois, s’accumulaient de vieilles amphores ébréchées et noircies. L’empereur les fouilla les unes après les autres, inspectant leur contenu, dans l’espoir de découvrir un fétiche magique. Mais il ne trouva que de la terre, de la poussière et des nids d’araignées.
    — Mensonges ! s’écria-t-il en brisant l’une des amphores contre la porte. Tout cela n’est que mensonges ! Il n’existe pas d’objets sacrés !
    — Ils sont certainement cachés autre part, dit Comazon pour apaiser sa colère. Nous finirons bien par savoir où.
    Varius tourna les talons et sortit de la remise à grandes enjambées furieuses. Mais alors qu’il s’apprêtait à quitter le temple, il vit, sur le seuil, une silhouette féminine. Cette apparition l’arrêta aussitôt dans son élan.
    Une jeune vestale, à peine plus âgée que lui, le regardait.
    La fille était si blonde et si pâle qu’auprès d’elle la blonde Vénus ressemblait à une brune. Sur ses tempes et ses joues, sa peau était presque translucide, au point qu’on pouvait voir se dessiner les fines veines bleues qui couraient sous la chair. Les derniers feux du soleil irradiaient son visage blanc et ruisselaient en cascades dans sa chevelure dorée, dont les boucles semblaient avoir été tournées par la main des dieux. Sa figure ovale était d’une irréelle beauté et d’une idéale pureté. Le nez, petit et étroit, se terminait par des narines ni trop ouvertes, ni trop pincées, délicatement bombées, mais d’une fierté royale. Les lèvres, ourlées comme des pétales de rose, mettaient dans ce visage d’albâtre une note incarnate absolument adorable. Quant à ses iris, ils étaient d’un bleu si limpide, tellement éblouissant et pur, que Varius leur trouva un éclat insoutenable.
    L’empereur cligna plusieurs fois des paupières, pensant à une hallucination. Mais lorsqu’il rouvrit les yeux, la jeune fille était toujours là, dans la clarté du jour qui déclinait, et son corps parfait se détachait sur ce fond de lumière comme une apparition divine.
    La petite vestale observait l’intrus. Elle

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