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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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taureaux, leurs faces patibulaires, aplaties, affreuses, n’exprimaient rien d’autre qu’une servilité stupide.
    Sur l’ordre de Varius, ils s’avancèrent vers l’impératrice et l’obligèrent à se mettre à genoux. Les deux premiers lui maintinrent les bras et le visage contre le sol, tandis que le troisième soulevait sa robe et exposait à l’empereur la vue de ses cuisses et de ses fesses nues.
    — Élagabal aime que ses servantes lui rendent hommage en s’accouplant devant lui avec des hommes puissants, déclara l’adolescent avec une moue excitée. Aussi t’ai-je choisi les amants les plus robustes et les plus performants ! Ils ont été châtrés et leur ardeur est inlassable… !
    Paula Cornelia poussa un hurlement aigu qui résonna jusque dans les profondeurs du temple.
    — La ferme ! ordonna l’empereur en se penchant pour apprécier la taille et la vigueur du membre de son esclave.
    Puis il s’agenouilla devant ses deux bétyles et sourit avec un air de jubilation extrême :
    — Ils vont te regarder ! s’écria-t-il en tremblant de joie. Élagabal et son épouse céleste vont te regarder, alors, pour une fois, montre-toi à la hauteur, pauvre cruche !
    La jeune femme ignorait qu’en Syrie, comme dans beaucoup d’autres contrées d’Orient, la sexualité sacrée était couramment répandue. De même qu’elle ignorait que Varius avait coutume d’offrir à son dieu ce genre de spectacle obscène et dégradant.
    À Émèse, nombre de femmes vouées au service d’Élagabal étaient ainsi contraintes, quotidiennement, de se livrer à la prostitution pour favoriser la fécondité de la nature et honorer la pierre noire.
    — Je te laisse, ma chère Paula, dit-il en se relevant. Et tu peux hurler tant que tu veux, ici, personne n’entendra tes plaintes !
    Puis, heureux, il quitta le temple. Il descendit d’un pas léger les escaliers de marbre, en respirant à pleins poumons l’odeur des arômes qui flottait dans l’air, tandis que l’impératrice de Rome se faisait violer dans la pénombre de l’Élagabalium.
    * * *
    Il s’éveilla le lendemain, le pouls calme et la tête incroyablement légère.
    Sa bonne humeur se trouva augmentée lorsqu’il aperçut, à travers les baies de sa chambre, la grande nappe bleue du ciel enflammée de soleil. La lumière du matin entra dans sa poitrine et le pénétra jusqu’au cœur. L’été était revenu avec ses brises chaudes, ses exhalaisons d’herbe brûlée et ses effluves de vie. Il en éprouva une joie de vivre redoublée.
    Il eut alors envie de rendre visite à Soemias, de lui ouvrir son âme, de partager avec elle le secret désir qui l’enflammait depuis quelques jours et qui l’étouffait presque.
    Hélas, lorsqu’il arriva dans sa suite, il trouva sa mère en compagnie de Maesa. Il en perdit toute sa gaieté.
    En guise de bonjour, sa grand-mère lui lança un coup d’œil en biais, s’étonnant de le voir debout à une heure aussi matinale, lui qui dormait généralement jusqu’au milieu de l’après-midi.
    Varius lui répondit par un regard aussi peu avenant.
    Soemias se précipita vers son fils et jeta ses bras autour de son cou, toute à son bonheur de le voir. Elle l’embrassa si longtemps qu’ils en perdirent haleine tous les deux. Puis, après lui avoir prodigué toutes ses tendresses de mère passionnée, elle s’extasia sur son excellente mine.
    — L’impératrice ne peut pas en dire autant, fit sèchement remarquer Maesa. On m’a rapporté que Paula Cornelia était au plus mal. Il paraît qu’elle ne quitte plus sa chambre, depuis plusieurs semaines, et qu’elle dépérit à vue d’œil.
    — Justement, répondit Varius. Puisque tu en parles…
    Il suspendit sa phrase volontairement et se mit à tripoter nonchalamment le gros rubis qui étincelait à son doigt potelé.
    — Quel est le problème ?
    — Je ne veux plus qu’elle soit ma femme. Cela fait un an que je la supporte, je n’en peux plus.
    Maesa se ferma.
    — Il te faut une bonne raison pour la répudier, lui dit-elle durement.
    — Je suis l’empereur. J’agis comme il me plaît. Je peux la donner à l’un de mes esclaves, je peux aussi la battre ou la vendre. Je peux même la jeter dans la fosse aux crocodiles, si cela me chante.
    Sa grand-mère s’efforça de rester impassible.
    — Quoi qu’elle ait pu faire, la pauvre enfant ne mérite quand même pas un châtiment aussi cruel, dit-elle en lissant les plis de sa

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