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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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devoir sacré. La déesse m’a choisie parmi toutes les autres vierges de Rome. Elle seule peut me signifier que je n’ai plus à lui obéir.
    — C’est Élagabal qui incarne le Feu sacré, répondit Varius en lui souriant tendrement. Il est le maître de l’univers et de tous les dieux. Il n’y a pas de puissance supérieure à la sienne. Je t’initierai au culte du Soleil et tu deviendras grande prêtresse du Soleil Invincible. Je te couvrirai de soie, d’or et de bijoux.
    Et sur ces promesses, il s’enhardit, se rapprocha davantage, caressa du bout du doigt son épaule, souleva avec maladresse le fleuve de ses cheveux blonds.
    La jeune fille eut assez de volonté pour retenir un petit cri outré, mais le geste de Varius fit naître sur ses joues une vive rougeur. Sa poitrine se souleva avec une contraction nerveuse.
    — Tu peux m’offrir les plus beaux joyaux, répliqua-t-elle avec mépris, ou choisir pour moi les étoffes les plus douces et les métaux les plus précieux, je n’en porterai pas moins dans mon âme la marque de cet odieux sacrilège.
    — Nous sommes mariés, gémit Varius. Tu dois l’accepter.
    — Je ne serai jamais ton épouse, poursuivit Aquilia d’une voix glaciale. As-tu cru que je m’allongerais docilement sur ta couche et que je te laisserais poser les mains sur ce corps que depuis dix ans je préserve de toute impureté ? Depuis le jour où j’ai été choisie par la main de Vesta pour garder le Feu sacré, je n’ai jamais permis à quiconque de m’offenser d’une parole légère ni même d’un simple regard. As-tu vraiment cru que pour te plaire ou pour acquérir richesse et honneurs, j’accepterais de renoncer à ma retraite, que j’enlèverais cette robe pour me livrer avec toi aux immondes débordements de l’amour ?
    Elle s’interrompit un instant pour resserrer autour de ses épaules minces les pans de son manteau.
    — Il me faut plus que le caprice d’un homme, fût-il l’empereur de Rome, pour me faire oublier toutes ces longues années de sacrifice et pour que j’accepte de renoncer à mon innocence.
    Elle laissait enfin libre cours à sa rancœur et à sa honte. Ses yeux avaient à présent un tel tranchant que rien ne semblait pouvoir briser leur force et leur dureté. Chacun des coups d’œil attendris et amoureux de l’empereur semblait se heurter contre ce métal pur et finissait par retomber comme une pauvre flèche émoussée.
    — Tu dois m’aimer, dit Varius d’une voix d’enfant désespéré. Tu dois renoncer à ta virginité et satisfaire au devoir conjugal. Aquilia, je t’en prie… Comment nous viendra ce fils divin si je ne peux pas te toucher ?
    La jeune vestale fit quelques pas dans la chambre et le bruissement de son manteau traînant sur les dalles brisa le silence de la nuit.
    — Si je te laissais me déshonorer, dit-elle encore, en quoi la vierge sacrée que je suis serait-elle différente de la louve la plus abjecte ?
    Elle marqua une pause, leva son bras en tendant sa paume, comme pour l’arrêter, avec un geste de statue :
    — Tu as déshonoré le nom de mon père et outragé la déesse en m’enlevant de force du temple, en m’arrachant à la sainte maison des vestales, fais-moi au moins la faveur de me laisser mourir dans la solitude, afin de payer pour le crime que tu as commis.
    — Ce que tu me demandes est impossible, Aquilia Severa.
    Et sur ces mots, l’empereur alla s’asseoir sur le lit, car ses jambes se dérobaient sous le poids de son corps et de son affliction. Il commençait seulement à comprendre qu’il n’entamerait jamais la détermination de la farouche petite vestale.
    — Lorsque tu es venu m’arracher à mon asile, ajouta tranquillement la jeune fille, lorsque tu m’as contrainte à ce mariage impie, sache que j’ai d’abord eu l’idée de te tuer durant ton sommeil.
    Varius manqua de s’étouffer.
    — Qu… quoi ?
    — J’ai pensé planter dans ton cœur la lame d’un poignard et baigner mes mains dans ton sang.
    Cet aveu terrible, confié avec un sang-froid affreux et une telle résolution, effraya tellement l’adolescent qu’il resta quelques secondes sans voix.
    — Mais j’y ai renoncé, expliqua la vestale. Je préfère mourir à ta place.
    Elle se tenait toujours droite, pâle et digne, comme une victime innocente qu’on s’apprête à offrir aux dieux et qui, au lieu de se débattre et de gémir, appelle au contraire de ses vœux le divin sacrifice de sa

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