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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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peine. Ma peine de voir, depuis un an, nos traditions bafouées avec la plus grande des impudences. Mon indignation de constater que nous, Pères conscrits, qui avons toujours été les farouches défenseurs et les gardiens vigilants des lois ancestrales, n’osons même plus élever la voix lorsqu’on les viole outrageusement !
    Il fit une pause pour regarder autour de lui. Les sénateurs l’écoutaient avec une attention tendue.
    — Nous avons accepté qu’un culte étranger se substitue à celui de nos dieux, nous avons accepté l’introduction de cérémonies nouvelles, nous avons accepté le vol du Palladium. Nous avons accepté tous ces outrages à la juste religion de nos pères, sans rien dire, avec la plus grande des lâchetés ! Mais il n’est pas trop tard pour nous opposer à la tyrannie qui vise à anéantir nos valeurs morales et religieuses. Celui qui détient le pouvoir suprême a le devoir de faire respecter les coutumes sacrées et le mos maiorum (106) , pas de les transgresser ! Aussi, je vous conjure cette fois de ne pas céder. Il n’est pas question qu’Antonin amène dans son lit une pure gardienne du Feu sacré ! Nous devons nous opposer à ce mariage !
    Il y eut des applaudissements frénétiques.
    — Je m’y oppose ! hurla Messala.
    — Moi aussi ! s’écria une voix haut perchée.
    — Nous ne céderons pas ! hurla encore une autre, dominant le tumulte.
    Alors que tous les sénateurs s’étaient levés comme un seul homme, une silhouette franchit la porte de la Curie.
    Varius fit son entrée, entouré de vingt prétoriens. Le visage fardé, les cheveux humides de parfums et retenus par une épingle d’écaille, il avança lentement à travers la salle en direction de la tribune, la démarche excessivement efféminée, l’air parfaitement indifférent. Une fois assis, il arrangea tranquillement, sur ses jambes, les plis de sa tunique en soie chamarrée de bleu et de rose pastel. Son regard sans expression se posa sur les statues de ses prédécesseurs puis sur la vénérable assemblée des Pères conscrits.
    Ces derniers, stupéfaits, s’étaient tus. La salle qui s’échauffait l’instant d’avant était devenue tout à coup plus silencieuse que si elle avait été vide. L’empereur venait d’insulter le Sénat et de violer sans vergogne les coutumes et la loi en pénétrant dans l’enceinte sacrée de la Curie avec des hommes en armes.
    — Que disiez-vous ? demanda-t-il.
    Sa question fut accueillie par un silence mortel.
    — J’avais cru entendre des bruits… Des manifestations de joie, probablement ?
    Il eut un petit gloussement.
    — Puisque lecture de ma lettre vous a été faite, reprit-il d’une voix volontairement suave, vous êtes donc maintenant au courant des projets de votre empereur.
    Il s’interrompit pour remonter son chignon de boucles sur sa nuque.
    — Je vois sur vos visages le bonheur que cette nouvelle vous procure. Et vous avez raison de vous réjouir car de l’union des deux principes, du Feu terrestre et du Feu solaire, c’est-à-dire, pour les imbéciles qui ne l’auraient pas encore compris, de la prêtresse Aquilia Severa et de votre Auguste Antonin, grand prêtre d’Élagabal, va naître bientôt un enfant parfait, d’essence divine.
    Une légère agitation reprit au milieu des gradins. Messala s’agita sur son banc, vert de rage. Pomponius écumait.
    — Y a-t-il quelqu’un, dans cette salle, qui souhaite soulever une objection au vœu de l’empereur ? demanda Varius.
    Les deux sénateurs échangèrent un regard chargé de fureur contenue et d’interrogation muette.
    — Pas ici, chuchota Pomponius à Messala. Pas encore.
    — Mais tu as dit, tout à l’heure…
    — Tout à l’heure nous étions trois cents. À présent, nous ne sommes plus que deux.
    Sur les gradins du milieu, un gros sénateur à la figure bouffie et au ventre pansu toussa bruyamment.
    Varius le remarqua aussitôt et s’adressa directement à lui :
    — Je t’écoute, fit-il en se redressant. Tu disais ?
    Le sénateur Didius Ciconia ne baissa pas le visage et ses petits yeux porcins fixèrent l’empereur avec une lueur de mépris.
    — Depuis quand restes-tu assis lorsque César s’adresse à toi ?
    L’obèse ne fit pas un mouvement pour lever son énorme corps. Personne ne sut si c’était parce qu’il refusait à Varius cette marque de respect ou parce que son poids rendait la manœuvre trop difficile.
    — Je

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