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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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commettre l’irréparable. Après tout, les Romains t’ont avoué que leurs boucliers sacrés étaient faux, pourquoi n’en serait-il pas de même pour cette idole ?
    Cette question parut déconcerter l’adolescent qui n’avait pas imaginé un seul instant qu’on ait pu le flouer au sujet du Palladium.
    — Seraient-ils assez fourbes pour avoir mis une fausse statue dans le temple de Vesta ?
    — On peut l’imaginer.
    Varius avait reculé de quelques pas et envisageait la statuette la bouche entrouverte, l’œil dilaté, en proie à une de ces rages folles qui font commettre des crimes.
    — Si c’est le cas, la grande vestale va me payer cet affront ! hurla-t-il dans la cella. Je la veux morte !
    Un sursaut de frayeur secoua le prêtre, qui se reprit aussitôt :
    — Je ne sais pas… Peut-être est-ce la vraie, après tout ? Veux-tu que nous consultions les mages ?
    Mais Varius ne l’entendit pas. Il trembla dans sa longue robe, frémissant d’une telle fureur qu’il eut soudain envie de tuer quelqu’un, n’importe qui, pour soulager sa colère. Sa main avait besoin de frapper, de broyer, d’étrangler.
    — Ils m’ont trompé ! Ils se moquent de moi, depuis le début ! Tous ! Je suis pourtant l’empereur ! Comment osent-ils me mentir ? Je les hais ! Et je déteste Severa ! Cette fille me glace le sang… Si tu pouvais voir ses yeux… et sa peau… froide comme celle d’un serpent… Ce n’est pas l’épouse que je voulais ! Elle est incapable de me donner un enfant divin ! Elle ne me plaît plus… Elle me fait peur… Elle est… trop…
    Il parlait par phrases courtes, hachées, sans suite, des phrases d’halluciné.
    — Et toi, cria-t-il soudain à la statue de Pallas-Athéna, cesse de me regarder comme ça ! Espèce de saleté !
    Puis, tout à coup, sa détresse et sa mauvaise humeur retombèrent et une autre pensée, chassant ce tumulte d’émotions et de sentiments, sembla s’imposer à son esprit. Il se tourna brusquement vers le prêtre, plissa ses yeux jaunes.
    — Aquilia Severa est mauvaise, dit-il. Et cette affreuse Pallas est aussi méchante qu’elle… Pourquoi n’y ai-je pas songé plus tôt ? Voilà l’explication ! Élagabal ne peut tomber amoureux d’une déesse guerrière !
    Ravi de cette découverte, il répéta, pour mieux s’en convaincre encore :
    — Une déesse casquée et armée d’une lance ne peut pas plaire au Soleil ! Comment ai-je pu croire que cette affreuse Minerve romaine séduirait Élagabal ?
    Il s’approcha du piédestal sur lequel reposait son phallus noir et, de la paume de sa main, avec un geste lent, un geste d’amour et d’admiration éperdue, se mit à le caresser lentement.
    — Élagabal est le feu, murmura-t-il doucement, d’une voix soudain apaisée. Le feu qui brûle et qui dévore… Il est le principe mâle, qui attend son opposé. Chaque principe doit trouver son contraire.
    — Son principe humide et femelle, confirma le prêtre syrien en hochant la tête.
    — Oui, son complément… poursuivit l’adolescent sans cesser d’effleurer son cône de pierre. Celle qui vit avec lui dans les sphères étoilées, l’incarnation parfaite de la féminité, de la douceur… La maîtresse des astres…
    Puis, avec un râle de satisfaction et un sourire de ravissement, il ouvrit les bras et tomba à genoux devant son dieu :
    — Quelle compagne pourrait mieux convenir au Soleil que la Lune ?
    Le lendemain, les deux belliqueuses épouses, celle d’Élagabal et celle de son grand prêtre, étaient répudiées. Mais si le Palladium, au grand dam de l’aristocratie romaine, n’eut pas le droit de retourner dans le temple de Vesta, la jeune Aquilia Severa, elle, retrouva, non sans un profond soulagement, le chemin de la maison des vierges.
    Varius, dans son délire d’une nouvelle théogamie cosmique, jeta alors son dévolu sur une autre idole, celle de Tanit.
    La plupart des peuples orientaux vénéraient la lune sous le nom de cette déesse punique qui avait sa statue et son temple officiel à Carthage.
    Tanit quitta donc la grande métropole africaine pour Rome, escortée de ses desservants indigènes et accompagnée du trésor que renfermait son sanctuaire, pour satisfaire au vœu de l’empereur qui trouvait tout naturel que la divine épouse ramenât avec elle sa dot. Varius exigea également, pour renflouer le trésor impérial que ses coûteuses fantaisies avaient considérablement amoindri,

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