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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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vie.
    — Mais si tu refuses d’accéder à ma demande, dit-elle encore, et que tu tentes, d’une quelconque manière, d’offenser ma pudeur, je te jure que je te tuerai. Aussi, il te faut choisir entre ta mort ou la mienne.
    Cette fois, Varius s’effondra sur le lit et une tristesse mêlée de terreur envahit son visage. Il voulut parler pour la supplier de renoncer à ses funestes projets, mais sa bouche ne parvint même pas à bégayer quelques syllabes confuses. Il se cacha la tête entre ses bras, découragé et vaincu.
    Aquilia Severa vint alors s’allonger à son tour sur le lit. Elle n’ôta pas sa pudique robe mais seulement son manteau de pourpre. Même étendue, elle conserva sa roideur hiératique, son attitude de vierge inaccessible, et Varius, n’osant la frôler, s’éloigna à l’extrémité du matelas.
    Ils restèrent de longues minutes ainsi, sans bouger, sans même se regarder, également raides et également muets. On eût dit deux enfants évanouis l’un près de l’autre, deux petits gisants exposés côte à côte pour l’éternité.
    Longtemps après qu’elle se fut assoupie, l’empereur osa enfin remuer et se tourner vers sa femme. Il se pencha vers elle, interdit et craintif.
    Il la vit les jambes serrées, les bras collés le long du corps, les paupières et la bouche fermées. Le sang semblait s’être retiré de son merveilleux visage, qui avait pris l’aspect d’un masque marmoréen. La vision de la jeune fille, semblable à une défunte exposée sur son lit funèbre, l’effraya encore davantage.
    Varius la crut soudain morte et la panique le fit sursauter brusquement. Afin de s’assurer qu’elle était toujours vivante, il mit son visage au-dessus du sien et l’observa attentivement.
    Sous la lueur vacillante de la lampe, la gorge d’Aquilia semblait pourtant s’enfler et palpiter avec une apparence de vie. Pour s’en convaincre totalement, l’adolescent posa l’index sur sa poitrine. Puis, dans un nouveau mouvement de peur, il retira précipitamment son doigt, comme s’il eût craint que la chaste jeune fille sentît cet outrage, même endormie.
    Alors il se retourna sur le côté et se cacha le visage avec le drap pour échapper au regard courroucé que la petite prêtresse, il en était certain, lui jetait du fond de l’infini sommeil.

CHAPITRE XXIII
    Les semaines qui suivirent, Aquilia Severa se refusa à son époux avec la même détermination.
    Toutes les fois où Varius vint la retrouver dans sa chambre, elle lui opposa cette même résistance muette et froide, s’allongea à ses côtés avec cette même obstination butée, selon un rituel immuable. Chaque jour la scène se répétait inlassablement : ils se retrouvaient sans parler, la pure vestale imposant, d’un regard dur et sans appel, un silence absolu à son impérial époux, lequel, déconfit, impuissant et vaguement apeuré, s’enfermait dans une résignation honteuse. Et les deux adolescents prirent ainsi l’étrange habitude, le soir venu, de reposer côte à côte, leurs corps aussi éloignés que possible l’un de l’autre, étrangers et hostiles.
    Il n’en fallut pas plus pour que Varius, miné par ses nuits d’insomnie, épuisé de regrets et de rancune, devienne vite odieux à son entourage. Personne, au palais, ne pouvait plus l’aborder sans qu’il eût pour les uns des paroles acerbes, pour les autres des moqueries cruelles ou des arrêts impitoyables qu’il distribuait avec une satisfaction de tortionnaire. Affligé par la pensée de ce nouvel échec conjugal, il traînait comme une gangrène cette blessure d’orgueil qui le poussait implacablement à faire souffrir tous ceux qui l’approchaient.
    Son accablement atteignit son paroxysme lorsqu’il s’aperçut que l’union d’Élagabal et du Palladium ne lui donnait pas l’enfant divin qu’il espérait tant. Le mariage du Feu sacré et du Feu solaire, restait, à son grand désespoir, aussi infécond que le sien.
    — C’est sa faute ! s’exclama-t-il un jour, en pointant un doigt accusateur en direction de la statuette de Pallas-Athéna.
    Le prêtre syrien qui ce jour-là officiait à ses côtés hocha la tête d’un air convaincu mais ne dit pas un mot.
    — Détruis-la ! ordonna le jeune empereur en fermant ses poings avec fureur. Détache ses chaînes d’or et brise-la !
    Le prêtre marqua une hésitation.
    — Es-tu certain qu’il s’agit de la vraie statue de Pallas ? demanda-t-il, avant de

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