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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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que toutes les provinces et les villes de l’Empire offrissent de somptueux présents de noces au couple céleste.
    Le mariage du Soleil Élagabal et de Tanit la Lune fut célébré en grandes pompes et donna lieu à des cérémonies grandioses, auxquelles les dignitaires de l’État ainsi que les plus illustres familles de Rome furent tenus d’assister.
    Le spectacle de ces liturgies nuptiales surpassa largement celui de l’inauguration de l’Élagabalium : à la foule des Syriens vêtus de leurs tuniques traînantes s’ajoutèrent les exhibitions scandaleuses des Carthaginois qui, gesticulant comme des enragés, accompagnèrent les tambourins des Levantins de leurs étranges mélopées puniques.
    Et tandis qu’on immolait, sur l’esplanade du temple solaire, un nombre jamais égalé de bêtes, l’empereur offrit au peuple de Rome la plus stupéfiante des représentations.
    Il se lança d’abord dans une trépidation fiévreuse autour des autels inondés de vin, en roulant des yeux et en tordant le cou, la tête renversée, la tiare en arrière. Et devant une assistance plus médusée qu’amusée, au comble du vertige qu’excitaient la percussion des cymbales et les ululements sinistres des trompettes, il plongea ses mains dans les entrailles brûlantes des taureaux pour se couvrir de leur sang les yeux, les joues et la bouche.
    Tout à sa volupté mystique, la robe souillée par les ruisseaux sanglants qui coulaient des marbres, il ne semblait même pas voir les flaques rouges dans lesquelles il pataugeait.
    Lorsque les sacrifices furent achevés, il commença à mimer, au beau milieu de l’esplanade, avec des gestes d’histrion obscène, la copulation divine qu’étaient censées accomplir, du moins symboliquement, les deux idoles sacrées.
    On le vit balancer les reins en avant, dans des mouvements saccadés et réguliers de va-et-vient, imprimer à ses hanches le rythme lancinant de la pénétration tandis que ses mains remontaient avec volupté le long de sa tunique, pétrissaient sa poitrine, caressaient son entrejambe avec une crudité choquante ; lorsqu’il cessait d’imiter les gestes de l’accouplement, ses membres se raidissaient comme ceux d’un homme en pleine jouissance puis ses cuisses s’écartaient pour mimer la douleur de l’enfantement.
    De la cour de l’Élagabalium montaient les soupirs pâmés des Syriens et des Carthaginois, leurs cris d’extase, leurs gémissements de plaisir, comme le râle indécent d’une foule en rut.
    Rangés sur les gradins des tribunes officielles, les membres de l’aristocratie n’eurent pas d’autre choix que de subir – non sans se gausser en sourdine – cette étonnante mascarade pornographique.

CHAPITRE XXIV
    Le soir même de ces surprenantes épousailles, quelques sénateurs se réunissaient chez Pomponius.
    Silvius Scaber, Lucius Messala et Marcus Columba se retrouvèrent à la faveur de la nuit dans le jardin d’été de leur hôte. L’air du soir était encore suffisamment chaud pour qu’on pût rester à l’extérieur et les murs de clôture étaient assez épais pour que les propos qui allaient se tenir ne tombent pas dans des oreilles malintentionnées.
    Le temps de la révolte était venu, l’heure, également, de compter parmi les Pères conscrits ceux qui étaient prêts à se débarrasser de l’empereur indigne.
    — Que dit notre ami Caius Parcus ? Va-t-il se joindre à nous ? demanda d’emblée Scaber.
    — Parcus ne dit rien, répondit Pomponius, visiblement contrarié. J’ai appris qu’il était parti se reposer à Baïes.
    — Il ne prend pas beaucoup de risques, celui-là !
    Beaucoup de sénateurs, comme ce Caius Parcus, avaient fait depuis quelque temps le choix du mode d’opposition le plus simple et le moins dangereux : ils pratiquaient l’ otium, c’est-à-dire le repos, ou plus exactement le retrait des affaires publiques, la désertion pure et simple du Sénat et de la ville.
    — Et Caeso Cincinnatus ? interrogea encore Scaber.
    — On ne peut pas douter de la haine de Cincinnatus envers le Syrien. En voilà un qui pourrait nous être utile… s’il était plus souvent à jeun ! Il m’a affirmé, en titubant en plein Forum, qu’il irait venger de sa main l’injure faite à Vesta. Et qu’il réclamerait lui-même à Antonin la restitution du Palladium ! Il prétend qu’il vaut mieux risquer la mort que de transiger sur ce point.
    Lucius Scaber se tapa le front de la

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