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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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lui et souffler à son oreille des paroles réconfortantes, celui-ci continua de se renfermer dans une attitude craintive et abattue.
    Protogène, tout aussi déconcerté par le comportement de son maître, remplit une coupe et la lui tendit.
    — Tiens, bois, dit-il. Tout ira mieux.
    Varius se retourna avec impatience et, les yeux mi-clos, murmura :
    — Rien ne peut aller mieux… Tu n’as pas entendu ce que cette grosse outre de Comazon a dit ? Ils me haïssent… Tous !
    Mais il prit néanmoins la coupe que lui offrait Protogène et but le vin qu’elle contenait en soupirant. Il savoura aussitôt le liquide tiède et épicé avec plaisir, en gardant un instant l’alcool entre son palais et sa langue, avant de le laisser très lentement couler au fond de son gosier.
    Le vin n’eut pas pour seul effet d’atténuer son abattement et de chasser son humeur morose. Il lui apporta tout à coup un regain de vie, une excitation délicieuse.
    Son entrain immédiatement ranimé, Varius se redressa prestement, retrouva son optimisme. Entraîné par un nouveau revirement, il partit dans un grand éclat de rire. La dernière remarque de Maesa venait de faire germer une idée folle dans son esprit.
    — Ma grand-mère a raison, dit-il en passant négligemment une main dans ses boucles fauves. Je vais suivre ses conseils, mes amis. Dès demain, je recevrai nos chers sénateurs au palais et je leur rendrai les honneurs auxquels ils prétendent.
    Et sur cette promesse, il jeta autour de lui un drôle de sourire, énigmatique et vaguement moqueur.
    — Je vais tellement les soigner qu’ils me mangeront dans la main, fanfaronna-t-il en plissant les yeux. Qu’en dis-tu, Protogène ?
    — Pourquoi pas ? répondit l’aurige d’un ton parfaitement neutre qui contrastait avec sa soudaine pâleur, comme s’il avait saisi, en un instant, toute la signification de cette phrase.
    — Je vais leur montrer qu’ils ne me font pas peur, poursuivit Varius. Il est grand temps que je me fasse entendre de ces lavasses.
    Un éclair malin allumait son regard tandis qu’il semblait se délecter de ses propres réflexions.
    — La vieille chèvre veut que je les cajole, que je les comble d’égards ? Croyez-moi, elle ne va pas être déçue !
    Il mit le comble à sa satisfaction en avalant une nouvelle rasade de vin et s’exclama joyeusement :
    — Ils seront bientôt tous à mes pieds ! Vous les verrez ramper et trembler comme des feuilles chaque fois que j’ouvrirai la bouche !
    Les autres favoris continuaient de le dévisager, un peu perplexes.
    — Autre chose, Eubulos, ajouta Varius. Je compte accélérer les travaux de ma résidence d’été. Débloque les fonds nécessaires, prends ce qu’il faudra dans mon Trésor mais je veux que mon nouveau palais soit achevé avant la fin de l’année.
    — L’argent manque, César. La construction de l’Élagabalium et le reste ont mis à mal tes finances…
    « Le reste », qu’Euboulos venait d’évoquer on ne peut plus évasivement, comprenait non seulement les banquets somptuaires donnés au Palatin chaque soir depuis plus d’un an et qui ne lui coûtaient jamais moins de cent mille sesterces chacun, mais également les prodigalités insensées dont Varius avait continuellement gratifié toutes les prostituées et tous les proxénètes de la ville. Sans compter les fêtes, l’achèvement des thermes de Caracalla, les cérémonies en l’honneur d’Élagabal, la construction de son temple et les dépenses occasionnées par son incorrigible goût du luxe et des joyaux. Varius avait en effet une passion incontrôlable pour les pierres précieuses, qu’il incrustait sans modération sur ses vêtements, ses chaussures ou ses coiffures, et surtout pour l’or, dont il faisait plaquer ses voitures, lamer ses couvertures, tisser ses coussins et même recouvrir les réchauds et les chaudrons de ses cuisines.
    — Il faut prendre l’argent où il se trouve, déclara-t-il. Tu n’as qu’à vendre…
    — Vendre ?
    Varius répéta le même mot avec une lenteur délibérée :
    — Vendre. Tout ce qu’on voudra bien acheter : les charges d’édiles, de tribuns, de légats, de curateurs, les postes de trésoriers, de contrôleurs, de régisseurs… Nous allons tondre l’ordre équestre, le Sénat, les financiers, les publicains. Tout se vend et tout s’achète, non ?
    Il s’interrompit un instant, réfléchit, reprit avec le même enthousiasme

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