Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
Vom Netzwerk:
souhaite que tu m’accompagnes pour les entendre.
    Elle pensa intérieurement : « Peut-être que cette confrontation t’amènera à réfléchir et à mesurer jusqu’où ta conduite insensée nous a entraînés…»
    — Pour les entendre plaider leur cause ? ricana Varius. Et puis quoi encore ? Je n’ai pas l’intention de perdre mon temps à les écouter.
    — Il le faut bien, pourtant.
    Le jeune empereur médita un instant, immobile sur les coussins, et poussa un soupir exagéré. Finalement résolu à s’éviter cette corvée, il hocha la tête négativement. Son penchant naturel pour la facilité l’incita à prendre la seule décision qui pouvait lui épargner de subir, lors de l’audience, les attaques perfides de ces deux traîtres.
    — Qu’on les tue, ordonna-t-il froidement.
    Puis, décidant qu’il fallait, pour l’écarter, trancher tout de suite le problème, il ajouta d’un ton sans appel :
    — Et qu’on les tue aujourd’hui.
    Comme tous les faibles qui veulent se persuader qu’ils sont forts, Varius avait par moments ce besoin impérieux des solutions irréfléchies, radicales et immédiates. Maesa ne répliqua pas, sachant qu’elle n’obtiendrait rien de plus.
    — Soit, fit-elle. Après tout, tu es l’empereur.
    Le jeune homme accueillit cette remarque comme une raillerie déguisée. Mais il conserva son masque d’indifférence et fit tourner les osselets entre ses doigts.
    — Qu’en est-il des sénateurs ? demanda-t-il d’un ton détaché. Ont-ils trempé dans ces complots ?
    — Il semble que non. Carus et Paetus ont agi seuls et séparément. Nous n’avons aucune preuve de l’implication d’un membre du Sénat dans leurs intrigues.
    Comazon s’avança de trois pas vers la table de jeu.
    — Pour l’instant, nos vénérables Pères conscrits se tiennent tranquilles, fit-il remarquer. Mais qui sait pour combien de temps ? Certains commencent à dire tout haut ce que les autres pensent tout bas…
    — Peu m’importe ce que ces vieilles couilles desséchées chuchotent dans mon dos.
    Comazon et Maesa se raidirent, choqués par cette obscénité.
    — Tu devrais au contraire y prendre garde, le prévint Comazon.
    — Je ne vois pas où est le danger, répliqua Varius, sarcastique.
    Maesa ne put maîtriser un geste d’énervement :
    — Je te l’ai déjà répété et je te le répète encore, Varius : tu commets une grave erreur politique en agissant comme si le Sénat n’était plus rien.
    L’adolescent eut un long bâillement, à s’en décrocher la mâchoire.
    — Terminé ?
    — Les sénateurs n’ont peut-être plus aucun pouvoir, acheva sa grand-mère, mais leur force réside ailleurs. Tu sembles oublier qu’ils conservent l’administration de l’Empire. La plupart d’entre eux ont des postes clés dans les provinces et dans l’armée. Ils possèdent aussi la majorité des domaines de ce pays, autant dire la plus grande partie de l’Italie. Sans compter que le Sénat a gardé un prestige qui, joint à toutes les ressources dont il dispose, lui permet d’agir sur l’opinion. Tout cela constitue une puissance de fait dont tu ne sembles toujours pas avoir compris le péril.
    De nouveau Comazon se rapprocha de l’empereur pour faire valoir son point de vue.
    — Les sénateurs te détestent, ajouta-t-il en prenant un air préoccupé.
    — Oderint dum metuant… répondit Varius.
    Il venait de reprendre la fameuse formule de Tibère, « Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent ». Masea leva les yeux au ciel.
    — Décidément, mon pauvre enfant, lâcha-t-elle avec aigreur, tu choisis bien mal tes modèles…
    — N’est-ce pas toi qui me suggérais de tenir le loup par les oreilles ?
    La princesse soupira, s’obligea à poursuivre, malgré sa lassitude et son dégoût.
    — Les sénateurs te paraissent peut-être dociles aujourd’hui, lâcha-t-elle, mais demain ils essaieront de t’abattre. Tu as eu l’audace de provoquer et d’exaspérer leur orgueil. Cela risque fort de te coûter cher. Ne sous-estime pas leur capacité de riposte. Le Sénat a encore assez de force pour changer d’empereur si tu t’obstines à ne pas respecter le peu de pouvoir et de dignité qui lui reste.
    L’adolescent lui tourna le dos, n’attribuant visiblement aucune importance à ses avertissements. Sans un mot de plus, sa grand-mère pivota sur elle-même pour s’en aller. Mais alors qu’elle était sur le point de

Weitere Kostenlose Bücher