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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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dans le grand cirque, quelle puérilité !
    Soemias lutta contre une étrange confusion. Les remarques de Maesa distillaient à présent dans son esprit un doute malsain, la pénétraient comme un venin insupportable. Mais son amour maternel, absolu et inconditionnel pour son fils, l’empêchait malgré tout de se rendre à l’évidence. Un dernier élan de loyauté envers Varius la fit se dresser contre sa mère :
    — Varius est un grand empereur ! La politique ne l’intéresse pas, mais cela n’enlève rien à sa valeur. Faut-il qu’il passe son temps à la Curie ou derrière un bureau à pondre je ne sais quelle loi stupide, ou qu’il entame une guerre inutile, pour que tu le prennes enfin au sérieux ?
    — Certainement pas ! ricana méchamment Maesa. Encore heureux qu’il n’ait pris aucune décision politique ! Cela vaut mieux !
    — Tu es une rabat-joie !
    Maesa considéra Soemias avec une répugnance profonde, définitive, semblable à celle qu’elle éprouvait pour son petit-fils.
    — Et toi tu es une parfaite idiote, ma fille. Le seul point sur lequel je suis d’accord avec Varius, c’est lorsqu’il dit que tu raisonnes comme une oie. Tu ne comprends donc pas ? Ma faiblesse et ta tolérance risquent bien un jour ou l’autre d’être prises pour de la complicité. Le jour où Varius tombera, tu tomberas avec lui.
    Soemias grinça des dents devant l’insinuation mordante et essaya de tirer de son cerveau une réplique foudroyante. Mais, comme souvent quand elle était face à la colère de Maesa, elle ne put trouver une riposte à la hauteur.
    — Il n’arrivera rien à mon enfant, dit-elle seulement. Il est l’empereur, non ? Les soldats l’adorent et les sénateurs sont trop lâches pour oser l’affronter.
    — Je ne suis pas sûre que les soldats le portent encore aux nues. Il ne leur a guère montré d’attention depuis qu’il est au pouvoir. Quant aux sénateurs, ton fils ferait bien de s’en méfier.
    — Ce sont des moutons, Varius le dit lui-même.
    Maesa la dévisagea avec un détachement cynique :
    — Ma pauvre fille, les moutons pourraient bien se transformer en loups, s’il les pousse à bout.
    — Je te répète que l’armée l’adore ! Et la plèbe ne jure que par lui !
    — Plus pour longtemps. Nous avons trompé le peuple de Rome et avec lui, tous les citoyens de l’Empire. Nous leur avons vanté des qualités militaires que Varius n’a jamais possédées. Nous leur avons montré, sur de faux portraits, le visage d’un jeune homme de sang royal, vertueux et courageux. Ils sont en train de s’apercevoir que leur César n’est qu’un pitre, un dément et un lâche. Un gamin sans cervelle qui s’enivre du pouvoir à en perdre le peu de raison qui lui reste et la plus élémentaire pudeur. Un empereur ? Laisse-moi rire à mon tour ! Varius n’est même pas l’ombre d’un empereur ! Il n’a pas fait illusion plus d’un mois ! Même sa fonction de grand prêtre, qui aurait pu lui apporter quelque respectabilité, s’il avait su en faire bon usage, tourne à la pantomime obscène. Si tu n’en es pas encore convaincue, laisse-moi t’assurer que les clarissimes, les soldats et la plèbe seront bientôt lassés de cette farce grotesque que Varius leur sert jour après jour.
    Cette fois Soemias se garda bien de répondre, submergée par ce torrent de mots. Elle baissa la tête, les yeux fixés sur le bout de ses mules. Maesa se pencha vers elle, lui saisit brusquement le coude et plaqua son visage ridé contre le sien, si près que leurs souffles se mêlèrent :
    — Raisonne ton fils, avant qu’il ne soit trop tard.

CHAPITRE XXVI
    Pomponius n’avait pas pour habitude de traîner au lit. Il s’éveillait toujours très tôt, parfois même dès l’aube, pour retrouver le fil de ses occupations quotidiennes : lire et répondre à son courrier, faire ses comptes, entendre les rapports de son intendant, recevoir les salutations de ses clients et leur remettre l’incontournable sportule (115) .
    Pourtant, ce matin-là, une envie de paresse inhabituelle l’avait gardé au lit bien plus tard que la troisième heure (116) . On entendait déjà le brouhaha que faisaient les domestiques dans les couloirs et les autres pièces de la maison, le tintement de leurs seaux, le déplacement des échelles qu’ils utilisaient pour partir à l’assaut de la poussière sur les pilastres et les corniches, les rires étouffés des femmes qui,

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