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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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volée de gifles.
    — Saleté ! cria-t-il en frappant.
    Annia, en essayant de se soustraire à sa brutalité, tomba du lit.
    L’empereur retint un instant son bras, sembla chercher un autre mot, plus injurieux, qui ne venait pas. Il expectora, comme s’il crachait :
    — Ordure !
    Des lueurs meurtrières dans les yeux, il se jeta sur elle pour continuer d’épancher sa fureur. Redoublant de violence, il se mit à la frapper avec ses paumes, puis avec ses poings, de toute sa force. Annia essayait toujours de parer les coups mais l’adolescent tapait de plus en plus vite et de plus en plus durement. Elle roula par terre, cachant sa tête dans ses deux bras. Alors, il la renversa sur le dos pour la battre encore, écartant les mains dont elle se couvrait le visage. Il cogna comme un forcené pour lui fracasser le crâne, cogna dans la poitrine, dans les jambes, dans les côtes, pour lui briser les os, abattit même ses coups en pleine figure. Ensuite ses pieds remplacèrent ses poings et il visa l’abdomen.
    — Crève, chienne ! hurla-t-il. Je n’ai que faire d’un ventre stérile !
    Parmi tous les invités, pas un ne fit un geste, pas un ne souffla mot : la stupéfaction les paralysait.
    Tremblant toujours de rage, le regard égaré d’un misérable fou, Varius tomba à genoux et saisit Annia par le cou.
    Le contact de cette gorge de femme, douce et fine entre ses mains, le secoua d’un spasme exquis. Il ne put résister au désir de la serrer et de la broyer jusqu’à l’entendre craquer. Ne pouvant lutter contre son impulsion homicide, il resserra plus fortement encore l’étau de ses mains. Alors que les yeux d’Annia se révulsaient monstrueusement et que de sa bouche entrouverte expirait un râle d’agonie, Protogène et Gordius, sur l’ordre de Maesa, se décidèrent enfin à intervenir. Ils maîtrisèrent l’empereur tandis que les gardes emmenaient le corps d’Annia hors de la pièce.
    Les invités, devenus muets, n’osaient plus bouger et n’aspiraient plus qu’à quitter la salle à manger à leur tour. L’horreur de la scène leur avait coupé l’appétit.
    Mammaea et Maesa se levèrent aussitôt pour quitter le banquet, tandis que Soemias roulait des yeux de biche effrayée.
    — Désormais, je ne tolérerai plus de femelles à ma table, déclara Varius en venant se rallonger, avec un calme surprenant.
    Il essuya, dans les plis de sa toge, le sang qui souillait ses mains et se tourna vers sa mère :
    — Excepté toi, précisa-t-il. Cela va de soi.
    Puis il se fit emplir un verre et, s’adressant à son préfet qui l’observait d’un air désolé :
    — Tu avais raison, Claudius, elles se ressemblent toutes.

CHAPITRE XXXI
    À partir de ce jour, et comme c’était le cas à chaque contrariété qu’il ne pouvait supporter, Varius plongea dans une profonde crise neurasthénique. Il ne parlait plus et refusait de quitter sa chambre. Il passait de longues heures allongé, parfaitement immobile, les yeux fixes, à s’interroger sur la cruauté du monde et l’inutilité de la vie, ressassant son dégoût pour l’espèce humaine et son désenchantement de vivre. Et tandis qu’il ruminait indéfiniment son ressentiment et sa déception, les mêmes questions, obsédantes et perfides, assaillaient son esprit en déroute : que lui fallait-il donc pour être vraiment heureux, lui qui possédait tout ? Pourquoi la Fortune refusait-elle au maître du monde la félicité qu’elle octroyait si facilement et si généreusement aux êtres les plus ordinaires ? Pourquoi lui était-il si difficile d’aimer les femmes ? Quel choix lui restait-il entre l’homme qu’il ne pouvait devenir et l’enfant qu’il ne voulait plus être ? Autant de questions auxquelles il ne trouvait aucune réponse satisfaisante et qui le laissaient seul, amer, affreusement désemparé face à l’énigme insoluble de son existence.
    — Il m’inquiète, avoua un jour Soemias à Protogène. Il est si triste.
    — Il n’est pas triste, objecta son amant. Il est vexé.
    — Je sais qu’il est triste. Je suis sa mère, je le connais mieux que toi.
    Protogène se garda de lui faire remarquer qu’à force de côtoyer Antonin, il avait également appris à le connaître. Pour lui, l’empereur n’était qu’un gamin trop gâté et capricieux. Quant à ses apitoiements sur son propre sort, ils n’étaient que la manifestation de sa nature superficielle et exagérément narcissique.
    Mais

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