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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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devant l’effigie de son mari, entièrement vêtue de noir et le visage dans les mains, lorsque la troupe des prétoriens avait fait irruption dans sa maison.
    Aussitôt informée des intentions de l’empereur à son égard, elle avait supplié les soldats de lui trancher la gorge.
    — De quoi pourrait-elle se plaindre ? lâcha Maesa d’un ton dur. Après tout, elle gagne largement au change. Les douceurs du pouvoir enivrent plus sûrement les femmes que les petites tendresses conjugales. Elle oubliera. On oublie vite un mari.
    — Dans ton cas, c’est certain, fit observer Mammaea.
    — Dans le tien aussi, lui répliqua du tac au tac sa mère. Je ne me rappelle pas t’avoir beaucoup vue pleurer ton époux.
    Cette allusion à Gessius Marcianus fit monter une petite rougeur aux joues de Mammaea. Elle se souvint, en effet, du peu de chagrin qu’elle avait éprouvé à sa disparition.
    Mais pourquoi aurait-elle feint une douleur qui n’existait pas ? Mariée contre son gré à ce petit procurateur équestre de Ptolémaïs-Akè, sans allure et sans ambition, elle n’avait vu en lui que l’opportunité d’enfanter un fils et de damer le pion à Soemias, déjà mère depuis trois ans. De ce Syrien qui n’avait jamais su éveiller en elle ni l’amour ni le plaisir des sens, elle n’avait gardé strictement aucun souvenir. Si ce n’est son cher Alexianus, son garçon parfait et docile, sur lequel elle veillait jalousement en mère possessive, non pas par affection maternelle, mais parce qu’elle avait très tôt pressenti qu’il lui apporterait un jour le moyen de régner à son tour.
    — Bien, soupira Mammaea en tournant les talons, que cette petite larve se marie. De toute façon, cela ne changera rien au fait qu’il est incapable de diriger un Empire. J’ai toujours su que Varius n’était pas à la hauteur de la tâche, mais tu ne m’as pas écoutée. Et nous payons aujourd’hui le prix de ton obstination.
    — Si mes souvenirs sont bons, lui précisa Maesa, nous n’avions pas d’autres prétendants que lui.
    Mammaea s’arrêta, se retourna et la regarda au fond des yeux.
    — Pardon, dit-elle, nous avions Alexianus.
    — Alexianus était trop jeune. On ne devient pas empereur à dix ans.
    — Aujourd’hui, il en a l’âge.
    — C’est trop tôt, fit Maesa. Sois patiente, son heure viendra.
    — Ah oui ? riposta Mammaea. Au train où vont les choses, je crains fort que la chance ne lui passe sous le nez ! Varius ne nuit pas qu’à lui-même : ses folies discréditent chacun d’entre nous. Je ne pense pas que je puisse m’offrir le luxe d’attendre.
    Maesa lui rendit son regard perçant, cherchant derrière les mots qu’elle venait de prononcer les véritables intentions de sa fille. Elle devina soudain tout ce que cette jeune femme, froide en apparence, austère et simple, pouvait cacher d’astuces perfides, de finesse et de rouerie féminine.
    Un doute, ou plutôt un soupçon, si vague qu’elle ne le formula pas clairement, lui traversa l’esprit :
    — Je ne me fais pas de soucis pour Alexianus, dit-elle seulement. Je devine que tu sauras, le moment venu, pousser ton fils vers la pourpre.
    * * *
    Deux jours plus tard, après le rituel nuptial, un banquet intime était organisé au palais, auquel la famille de l’empereur et une vingtaine de familiers seulement furent conviés.
    Varius entra dans la grande salle à manger, rayonnant. Une petite flamme joyeuse allumait ses yeux fauves. Maesa constata avec satisfaction qu’il avait abandonné ses robes de soie et ses couronnes de fleurs pour la toge et le diadème impériaux. Il n’était pas maquillé et ses cheveux n’avaient pas subi l’assaut du fer à friser. Ses longues boucles blondes retombaient naturellement sur ses épaules, tandis qu’une barbe naissante, rousse et duveteuse, recouvrait son menton. Pour une fois, sa grand-mère dut reconnaître que l’allure était majestueuse et consentit même à lui trouver un semblant de virilité.
    Le jeune empereur marchait à pas lents, en tenant sa nouvelle épouse par la main, comme on promène un trophée, tout en jetant tout autour de lui des coups d’œil satisfaits.
    Annia, quant à elle, affichait une indifférence qu’elle était loin d’éprouver. Le dégoût, la haine et la rage bouillonnaient en elle, lui donnaient une envie de hurler, parfois de vomir. Par moments encore, il lui semblait qu’elle était devenue folle, ou qu’elle rêvait, que

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