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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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doigts.
    Mais le visage de son épouse ne s’éclaira pas de cette joie stupide que suscitent généralement, chez les femmes frivoles, les promesses de cadeaux somptueux.
    — Peut-être n’aimes-tu pas les bijoux ? demanda Varius. Que voudrais-tu ? Y a-t-il une chose en particulier qui te ferait plaisir ?
    Cette fois, les yeux d’Annia retrouvèrent enfin leur flamme ardente. Elle sentit son cœur remonter dans sa poitrine avec la force d’une lame de fond et toute la haine qu’elle avait accumulée en elle exigea de sortir comme un geyser.
    — Puisque tu me le demandes, dit-elle en contrôlant les modulations de sa voix, il y a bien une chose que j’aimerais que tu fasses pour moi.
    — Laquelle ?
    Varius ne vit pas les doigts de sa femme se crisper sous la table.
    — J’aimerais qu’on me rende le corps de mon défunt époux. Consterné par cette demande, l’adolescent ouvrit de grands yeux, la dévisagea sans savoir quoi répondre.
    — Qu’on me rende sa dépouille, répéta Annia, afin que les rites funéraires puissent être accomplis. Et que les honneurs auxquels il a droit lui soient rendus publiquement.
    Tandis que l’empereur devenait pâle, elle persévéra dans cette voie périlleuse :
    — Tu m’as privée pour toujours de l’amour de Pomponius, le moins que tu puisses faire est d’apaiser ma douleur en m’au-torisant à porter ses cendres au tombeau.
    Varius s’efforça de ne pas s’emporter et de maîtriser l’agitation de ses mains. Il lui fit même un sourire aimable. Jamais pourtant aucune blessure à son orgueil ne l’avait fait ainsi saigner.
    — Ma chère épouse, dit-il en endiguant tant bien que mal la colère qui montait, j’ai bien peur que ton vœu ne soit impossible à réaliser.
    — Pourquoi ?
    — Parce qu’il n’y a pas de funérailles pour les traîtres : leur charogne va pourrir dans la fosse.
    Annia serra les dents. Maesa, qui se trouvait placée à sa droite, se pencha sur son épaule :
    — Pas de larmes, la prévint-elle durement. Et pas de regrets, tu offenses l’empereur.
    Puis, pressentant une catastrophe imminente, la grand-mère voulut donner très vite un ton plus léger et optimiste à la conversation :
    — La vie nous apporte chaque jour de nouvelles joies et de nouveaux succès, dit-elle à sa bru. Bientôt les rires d’un petit Antonin rempliront les couloirs de ce palais et tu te réjouiras de ta chance.
    Varius acquiesça avec une suffisance exagérée et Annia ricana nerveusement.
    — Hélas, mon cher époux, j’ai bien peur que ton vœu soit impossible à réaliser, dit-elle en fixant l’adolescent droit dans les yeux, avec une haine palpable et en reprenant mot pour mot la réponse qu’il lui avait faite.
    Celui-ci la regarda sans comprendre.
    — Que veux-tu dire ?
    — J’ai dormi vingt ans auprès du même homme et il est mort sans descendance. Si j’avais pu donner la vie, il y a longtemps que je l’aurais fait. Pomponius et moi rêvions de fonder une famille, c’était là notre vœu le plus cher.
    Soemias s’étrangla sur son lit de table et Mammaea eut un petit sourire ravi. Maesa, pressentant le désastre qu’allait entraîner cette révélation, intervint de nouveau :
    — Ton mari n’était sans doute pas capable d’engendrer un héritier, déclara-t-elle en lançant à Annia un regard assassin.
    Cette dernière reposa lentement sa serviette près de son assiette en argent :
    — Détrompe-toi, dit-elle. Avant de m’épouser, Pomponius avait la réputation d’être un jeune homme fort porté sur les femmes. Je sais de source sûre que deux esclaves, au moins, qui logeaient dans la maison de son père, sont tombées enceintes de lui.
    Varius, décomposé, laissa tomber ses bras.
    — Tu ne peux pas me donner de fils ?
    — Il serait cruel de ma part d’entretenir cet espoir insensé, répliqua Annia en insistant sur le dernier mot. Non, César, je ne peux pas être mère. J’ignore pourquoi, mais Junon m’a refusé ce privilège.
    Dans le cerveau de Varius, tout bascula en une seconde. La surprise et la déception cédèrent la place à un sentiment de trahison, d’humiliation et de haine. La colère l’envahit, le pénétra par tous les pores, se répandit de la racine de ses cheveux à la plus infime des cellules de ses plantes de pied, au point de n’être plus maîtrisable.
    Et soudain, il plongea sur Annia avec la sauvagerie d’une bête féroce, pour lui asséner une

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