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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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rassit brusquement et s’enfonça dans son siège. Il se mit à empoigner les bords de sa chaise si fort que les veines saillirent sur le dos de sa main pourtant potelée.
    Les dents serrées, les lèvres pincées, il éprouvait l’impression intolérable qu’il vivait la défaite la plus humiliante de sa vie et le plus cuisant affront qu’on lui ait jamais infligé.
    — Toi ! Toi ! Toi et toi ! fulmina-t-il soudain en désignant du doigt, au hasard, des clarissimes sur leurs bancs. Je vous ferai écorcher vivants ! Traîtres ! Vous mourrez ! Soyez-en sûrs, je jetterai vos cadavres à mes lions !
    — Amène tes fauves ici ! lança des gradins un sénateur que l’adolescent fut incapable d’identifier.
    Il se devina vite ridicule. On ne répétait pas une telle menace, on l’exécutait.
    — Je vous tuerai ! insista-t-il pourtant en hurlant, tout en réalisant l’inutilité de ses imprécations.
    Car, auraient-ils été trois, quatre ou même dix insolents à s’élever contre la volonté de l’empereur, il aurait pu effectivement les faire exécuter d’un seul mot. Mais c’était toute une assemblée qui, cette fois, se dressait et faisait front dans la révolte.
    Comme il aurait voulu, d’un simple claquement de doigts, réduire à néant, détruire à jamais, toutes ces misérables existences !
    — Pourceaux ! vociféra-t-il, au bord de la crise de nerfs. J’aurais aimé que vous n’ayez qu’une seule tête pour la trancher d’un seul coup !
    Tous les clarissimes le huèrent et vomirent, de leurs places, des insultes à l’empereur indigne. Le nom d’Alexandre assorti d’épithètes louangeuses, telles que « le pieux », « le grand » ou « le sage », accompagna les injures les plus infamantes.
    Varius blêmit. Il sentit qu’il n’avait plus d’autre choix que de s’incliner devant ce refus sans appel et de battre en retraite devant cette charge organisée.
    Alors, tout à coup, par un formidable effort de volonté, il changea d’expression et ne montra plus qu’un visage froid et impassible, dénué de toute trace d’emportement. Refoulant les larmes de rage et de détresse qui lui montaient aux yeux, il se leva de son siège pour se retirer. Il marcha jusqu’à la porte de la Curie avec hauteur, mettant dans ce départ précipité tout ce qu’il put de grandeur et de dignité, consolant par le mépris son honneur blessé et sa majesté bafouée.

CHAPITRE XXXV
    Sa haine du Sénat, si tant est qu’elle pouvait l’être encore, se trouva naturellement augmentée après cette épreuve.
    Il rumina dès lors des projets de vengeance, se jurant de faire payer aux Pères conscrits leur trahison, d’infliger à leur orgueil tous les coups, toutes les offenses, toutes les humiliations que son imagination fertile ne laisserait pas, désormais, de concevoir.
    L’achèvement de son palais d’été, dans les jardins du Vieil-Espoir, allait lui donner l’occasion de sa revanche.
    À la fin du mois de juillet, il prit en effet la décision de quitter la Domus Augustana pour s’installer dans sa nouvelle résidence impériale, avec sa cour et son bétyle. La perspective de ce déménagement mit un peu de baume sur ses blessures et lui fit envisager l’avenir avec davantage de sérénité : à l’abri des intrigues de sa tante, il pourrait de nouveau jouir des plaisirs de la vie et oublier les menaces qui pesaient sur lui.
    — Les travaux du Sessorium (140) sont enfin terminés ! annonça-t-il un matin à Soemias. Il était temps ! Je ne crois pas que j’aurais supporté de rester un mois de plus dans ce palais sinistre… ! Et Élagabal est ravi, lui aussi ! Il est las des ténèbres de son temple du Palatin et de ces minables fétiches qui lui servent d’épouses !
    Soemias ne fut pas surprise d’entendre son fils parler ainsi des deux idoles sacrées qu’il avait réunies dans l’Élagabalium pour les unir à la pierre noire : ni le Palladium ni Tanit n’ayant donné au Soleil l’enfant divin qu’il avait tant espéré, sa rancœur lui parut somme toute assez légitime.
    — Tu emmènes Élagabal avec toi, dans ton palais d’été ?
    — Évidemment que je l’emmène, répondit l’adolescent en haussant les épaules. Et je peux même t’annoncer que son déplacement sera l’occasion d’une grandiose procession à travers la ville. Une procession, ajouta-t-il avec un air de malice, qui réunira ces vieilles croûtes du Sénat autour

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