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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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d’Élagabal et… autour de mon auguste personne.
    Et de lui expliquer, au cas où elle n’aurait pas bien compris, que la fameuse procession qu’il avait décidé d’organiser serait non seulement l’occasion d’affirmer définitivement la suprématie du Soleil Invincible sur tous les dieux romains, mais de rétablir son autorité face à l’arrogance d’un Sénat qui avait eu l’outrecuidance de dépasser les limites de sa patience.
    — D’ailleurs, j’ai d’ores et déjà fait savoir à ces chers sénateurs que j’entendais bien les voir prendre part à ma fête.
    — Et ils ont accepté ?
    Un rire bref, un ricanement plutôt, le secoua, puis, reprenant sa mine ridiculement malicieuse, il répliqua :
    — Que pouvaient-ils faire d’autre ? Je ne leur ai pas laissé le choix.
    Comme pour ménager sa surprise, il ne donna pas d’autres détails à sa mère, mais semblait littéralement exulter à l’idée de sa dernière trouvaille. Il se frotta les mains avec une exaltation contenue :
    — Ils vont savoir où est leur place… lâcha-t-il, l’œil mauvais.
    — Ton nouveau palais doit être magnifique, dit Soemias pour détourner la conversation. J’aurais aimé pouvoir m’y installer aussi.
    — Tu sais bien que tu m’es plus utile au Palatin, répliqua Varius. J’ai besoin de toi pour surveiller les agissements de Mammaea et de son avorton, et me tenir informé de leurs manœuvres.
    Voulant définitivement chasser de son esprit les sinistres lémures qu’il venait d’évoquer, il revint au seul sujet qui l’intéressait vraiment :
    — Il n’est pas magnifique, dit-il en jetant un regard enthousiaste à Soemias, il est unique ! Ce palais est une véritable merveille ! Il surpasse, de loin, la Maison dorée du gros Néron ou la villa de Tibur (141)  ! J’ai fait construire un corridor long de plus de mille pieds (142) , entièrement couvert, qui relie mon amphithéâtre et mon cirque privés ! N’est-ce pas ingénieux ? Je pourrais rouler en char de l’un à l’autre, à l’abri de la pluie ou du soleil !
    Il s’assit sur un large fauteuil en bronze incrusté de serpentine et renversa la tête en arrière, dans une pose de béatitude anticipée.
    — Bientôt… bientôt… dit-il en fermant les yeux. Bientôt, je serai enfin heureux.
    Quelques jours plus tard, comme prévu, Élagabal et son grand prêtre quittaient la colline du Palatin pour rejoindre à la périphérie de la ville leur résidence d’été. Et Varius, fidèle à sa promesse, donna au peuple un spectacle stupéfiant qui, une fois encore, mêla tous les éléments de la mascarade bouffonne et du carnaval.
    Fidèle à la tradition des cérémonies orientales, l’empereur fit parader en grande pompe sa roche sacrée à travers la ville et tout le peuple de Rome fut invité à l’escorter jusqu’à sa nouvelle demeure.
    Varius, obéissant pour une fois au protocole romain qui voulait que les participants d’une procession défilent dans un ordre croissant en fonction de leur dignité, exigea que les statues des dieux et des déesses précèdent naturellement la pierre noire dans le cortège, afin de signifier à tous les Romains qui auraient pu en douter encore que leurs pauvres divinités étaient subordonnées au soleil d’Émèse.
    — Élagabal règne sur toutes les divinités, comme je règne sur tous les hommes. Il est normal que les minables figures du panthéon romain lui ouvrent la marche en signe de déférence et de soumission !
    Massés par dizaines de milliers le long des voies et aux abords du palais sessorien, les habitants de la ville purent admirer la grande roche venue d’Orient, magnifiquement installée sur son char et entourée de parasols bordés de joyaux. De part et d’autre du véhicule, les courtisans d’Émèse couraient joyeusement en agitant des palmes et en jetant des fleurs sur le chemin préalablement recouvert de sable doré par les esclaves impériaux.
    L’adolescent, vêtu de son accoutrement sacerdotal, robe safran et tiare solaire, tenait les rênes de l’attelage. Mais tout comme le jour de son entrée mémorable dans la ville, trois ans plus tôt, il se trouvait, non pas sur le char, mais devant, face à l’idole de pierre qu’il ne quittait pas du regard, et marchait à reculons.
    Pourtant, le plus choquant, cette fois, ne résidait pas dans la démarche et l’affublement de l’empereur – ce qui n’était plus une nouveauté – mais dans la

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