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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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n’acheva pas sa phrase, Varius le fit à sa place :
    — Au cas où il faudrait désigner un nouvel empereur ?
    — Exactement.
    Le visage de Varius prit soudain une étrange pâleur.
    — Mammaea conspire contre moi ?
    — Oui. Ses agents ont infiltré le camp du Viminal (139) et montent les soldats contre toi.
    — Que disent-ils ?
    — Que tu n’es plus digne de diriger l’Empire, que tu es un barbare et que ta cruauté est sans limites. Ils te traitent de lâche, d’inverti, de pitre, de fou dangereux.
    Varius avait toujours été davantage sensible aux critiques qu’aux éloges, et les propos que venait de lui rapporter Soemias soulevèrent naturellement son cœur d’indignation et d’humiliation.
    Voyant que son fils appréhendait enfin la gravité de la situation, elle continua sur sa lancée :
    — Tu n’as pas encore compris ? À présent qu’il est ton fils adoptif, Alexianus est appelé à devenir le bénéficiaire de toute ta fortune, de tes biens, de tes terres, de tes esclaves mais également de tes légions, de tes provinces et de tes cités ! Tu saisis ? Maintenant qu’il a été désigné César, Mammaea n’a plus qu’à t’éliminer pour qu’il hérite aussi du pouvoir !
    L’adolescent demeurait à présent les bras pendants, le regard stupide de consternation, fixé sur le sol en mosaïque.
    — Et ce n’est pas tout, poursuivit Soemias, j’ai également la certitude qu’elle te fait surveiller dans ton propre palais, par tes serviteurs, tes gardes et peut-être même par certains de tes affranchis. Tout ce que tu fais ou dis lui est aussitôt rapporté dans les moindres détails.
    Comme le visage de l’adolescent exprimait à présent une véritable crainte, Soemias le prit dans ses bras et l’embrassa sur les joues et sur le front, avec cette effusion passionnée et excessive qui lui était coutumière.
    — Il faut réagir, lui conseilla-t-elle en le serrant contre ses seins opulents. Et nous battre.
    * * *
    Les informations rapportées par Soemias eurent vite fait de convaincre Varius qu’un complot, effectivement, se tramait dans son dos. Naturellement méfiant et soupçonneux, l’adolescent n’eut aucun mal à se persuader de la duplicité de son entourage et de sa complicité avec Mammaea. Effrayé à l’idée que les partisans d’Alexianus aient pu gagner à leur cause ses serviteurs et même ses plus fidèles amis, il vécut les semaines suivantes dans un véritable délire de persécution.
    — Tu avais raison, avoua-t-il un soir à Soemias, à voix basse. Je sens de nouveau les ombres… Elles sont revenues… Toutes ces ombres qui tournent autour de moi et m’épient… Je n’ai plus confiance en personne.
    Une peur immense, écrasante, obsessionnelle, l’envahit bientôt. Elle se diffusa par tous ses pores, au point de n’être plus maîtrisable.
    Mis à part celle de Hiéroclès, auquel il vouait toujours une passion brûlante et aveugle, la présence de ses courtisans lui devint vite insupportable. Il percevait chacun de leurs gestes, de leurs regards, de leurs chuchotements, à travers le prisme de sa paranoïa grandissante, transformant en indices indiscutables de leur trahison la moindre parole qu’ils lui adressaient, élaborant de fausses déductions sur un simple hochement de tête, enracinant dans son cerveau atteint la conviction délirante qu’il courait partout, et même avec ses favoris, les plus grands périls. Où qu’il se trouvât, quoi qu’il fît, il était harcelé, du matin au soir, par la vision morbide d’une foule de gens se pressant autour de lui pour l’assassiner. Il ne pouvait s’empêcher de tendre l’oreille à tous les bruits de couloir, d’écouter celui des pas approchant de ses appartements, de suivre du regard les moindres mouvements de ses esclaves et de ses gardes, d’épier les faits et gestes de ses amis, comme une pauvre bête craintive.
    En réalité, jamais il ne fut plus effrayé que durant cette période de sa vie.
    La complaisance avec laquelle ses favoris l’écoutaient et le servaient, leurs mines approbatives quand il parlait, leurs phrases apaisantes, les manifestations de leur dévouement, tout lui paraissait dorénavant éminemment suspect. Il les surveillait du coin de l’œil, s’inquiétait de chaque mot qu’ils prononçaient ou, au contraire, s’effrayait stupidement de leur silence.
    Plus les jours passaient, plus sa peur enflait, envahissait son corps et son âme

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