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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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et détiennent de nombreuses préfectures ! Sans compter que beaucoup d’entre eux sont de puissants propriétaires fonciers, de brillants jurisconsultes ou des avocats réputés !
    — Exact, admit Épagathos, mais c’est ainsi. Si ton père avait possédé un cens (26) d’un million de sesterces, tu ferais aujourd’hui partie de l’ordre sénatorial, car tu aurais hérité de cette dignité en venant au monde. Et le problème ne se poserait pas de savoir si tu es digne ou non de diriger l’Empire.
    — Mais je ne rougis pas de mes origines ni de mon parcours, bien au contraire ! se défendit Macrin. J’ai fait une honorable carrière d’avocat puis d’intendant, avant d’être nommé préfet des véhicules le long de la voie Flaminienne et préfet du prétoire par Caracalla. Ce sont mes qualités morales et mes compétences qui m’ont amené là où je suis, non ma naissance !
    Épagathos sourit :
    — Nous allons donc battre en brèche cette prétention récurrente, ce préjugé stupide qui veut que seul un noble soit digne de recevoir l’ imperium. Et rappeler à ces chers sénateurs que ce n’est pas la filiation qui compte mais le mérite. Et qu’il vaut mieux un empereur de rang équestre empli de générosité qu’un noble pétri de vices et d’orgueil.
    Ce fut cette fois Épagathos qui, d’autorité, s’adressa au scribe :
    — Écris, Philophorus :
    « Et qu’on veuille bien ne pas considérer comme un scandale ou une erreur de la Fortune le fait qu’en dépit de mon appartenance à l’ordre équestre, je sois parvenu à la dignité que j’occupe. À quoi bon une origine noble si elle ne s’accompagne pas de bonté et d’humanité ? Les dons de la Fortune échoient parfois aux gens qui ne les méritent pas, tandis que la vertu confère à chacun une gloire qui lui est propre. La noblesse d’origine, la richesse, les titres et tous les avantages de ce genre suscitent les félicitations, mais non les éloges, parce qu’on les obtient d’autrui. Alors que la clémence et la bonté procurent, elles, à qui les pratique, l’admiration. »
    Macrin semblait pleinement satisfait de la démonstration. Il opinait du chef d’un air entendu, tout en se frottant les mains.
    — Nous pourrions peut-être illustrer notre pensée par l’exemple d’un infâme tyran ? proposa-t-il.
    — Excellent, approuva l’affranchi. Lequel choisissons-nous ? Il y en a eu tant !
    — Caracalla ?
    — Non, nous en avons assez dit en ce qui le concerne.
    — Commode ?
    — Oui, Commode ! approuva Épagathos. Celui-ci me plaît ! On ne peut pas trouver de meilleur exemple ! D’autant que les plus âgés de nos vénérables sénateurs l’ont connu et ont eu à subir le joug de sa tyrannie ! Voilà un homme qui est né dans la pourpre, qui a reçu l’Empire de son illustre géniteur Marc Aurèle comme un cadeau des dieux, mais dont la seule ambition fut de rivaliser avec Hercule dans l’arène et de singer les gladiateurs ! Rappelons-leur que le fils de leur empereur si vertueux, que sa naissance prédisposait aux plus grands honneurs et aux plus hautes charges, s’est comporté comme un histrion et qu’il a passé plus de temps dans l’amphithéâtre qu’à gouverner ! L’affranchi s’adressa de nouveau au jeune scribe :
    — Philophorus, reprends ta plume :
    « Voyez à quoi ont donc servi la noble origine de Commode et la transmission du pouvoir de son père ? Ces personnages-là, qui reçoivent l’Empire en héritage, en abusent comme s’il était leur propriété personnelle. »
    — C’est tout ? demanda Macrin, surpris que son favori ne développe pas davantage sa pensée.
    — Inutile de rentrer dans les détails, déclara Épagathos. Les Pères conscrits comprendront l’allusion.
    — Bien, fit Macrin, un peu déçu tout de même.
    — Puis-je te faire une autre suggestion, César ?
    — J’ai sollicité ton conseil Épagathos. Si je ne pensais pas qu’il fut avisé, je ne t’aurais pas demandé de me seconder dans ma tâche.
    — Montre-toi humble et reconnaissant, lui suggéra Épagathos. Et flatte leur vanité.
    — Je n’aime guère les flagorneries, rechigna l’empereur en fronçant les sourcils.
    — Il n’y a nulle flagornerie à reconnaître la dignité des sénateurs romains. Fais preuve de modestie et d’honnêteté. Présente-toi tel que tu es et tel que tu désires rester : un homme conscient de sa valeur, mais surtout de

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