Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
honteuse trahison. Imitant Cybèle, emportée par sa colère et son orgueil bafoué, elle avait puni l’amant fier et volage en faisant de lui un galle châtré.
Soemias, dont l’ardeur s’était un peu calmée, s’allongea contre Gannys et prit son air boudeur.
— Combien de temps encore devrai-je attendre ? demanda-t-elle avec un soupir contrarié.
Gannys Eutychianus ne prit pas le risque de déclencher sa fureur en lui répondant qu’elle devrait sûrement attendre longtemps ! Les blessures de l’amour-propre mettaient plus de temps à guérir que les blessures de la chair.
Soemias, aveuglée par son égoïsme et sa vanité, était loin de se douter à quel point son favori ruminait sa rancœur d’avoir été transformé en eunuque.
Le silence se fit dans la chambre, si profond qu’on n’entendit plus que les soupirs de quelques esclaves pâmés de chaleur dans les couloirs du palais et le bruit étouffé que faisaient les ibis en venant se poser sur les palmiers, dans les jardins.
— Je dois y aller, dit Gannys en s’asseyant sur le lit. Maesa m’attend.
— Maesa ! Toujours Maesa ! s’exclama Soemias. Tout le monde ici est aux ordres de ce Cerbère !
C’était un fait que la vieille princesse régentait sa maison avec une poigne de fer que lui aurait enviée le plus sévère des généraux. Aucun esclave n’échappait à sa vigilance et personne, dans son entourage, n’osait critiquer ses décisions. Maesa exerçait, sur les membres de son clan et sur ses serviteurs, le pouvoir d’un pater familias autoritaire et implacable.
— Ta mère est une femme exceptionnelle, fit remarquer Gannys. Exceptionnelle et rusée. Elle parviendra à ses fins, je n’ai aucun doute là-dessus.
— Et moi, je n’ose pas penser à la façon dont elle se conduira lorsque nous serons à Rome ! Elle nous tiendra tous entièrement sous sa coupe, en particulier mon cher Varius ! Elle s’imagine qu’elle pourra gouverner à la place de mon fils lorsqu’il sera empereur. La vieille chèvre a déjà tout prévu. Mon pauvre petit ne sera qu’une marionnette entre ses mains !
— Varius n’est guère passionné par le pouvoir, répliqua Eutychianus. Pourquoi lui imposerions-nous des obligations qui ne l’intéressent pas ?
— Ce n’est pas une raison pour laisser Maesa gouverner l’Empire à sa place et le manipuler à sa guise ! s’emporta Soemias.
— Maesa n’est que sa grand-mère. C’est toi qui l’as mis au monde.
— En effet, confirma Soemias. Et c’est moi seule que Varius aime. Il m’écoute et me fait entièrement confiance.
Gannys laissa courir son index sur son sein lourd.
— Donc, c’est toi qui régneras à sa place… C’est bien ce que tu essaies de me dire ?
— Je pense que mon fils aura besoin de moi lorsqu’il sera au pouvoir. Oui, je compte bien l’aider à gouverner. M’en crois-tu incapable ?
— La politique n’est pas une affaire de femmes.
— Ma tante Domna a dirigé l’Empire pendant des années. Septime Sévère n’y trouvait rien à redire et personne ne s’en est jamais plaint. Et quand Caracalla a succédé à son père, elle n’a pas cessé de gouverner pour autant.
— Ta tante n’a jamais dirigé l’Empire, corrigea Gannys sans cesser l’habile caresse de ses doigts sur le sein de Soemias. Elle conseillait son époux, c’est différent.
— Eh bien, je conseillerai Varius et je partagerai le pouvoir avec lui, répliqua Soemias en souriant. Et toi, tu seras mon favori.
— Je suis déjà ton favori, lui fit remarquer Eutychianus, non sans suffisance.
Soemias lui attrapa la main et la plaqua entre ses cuisses brûlantes :
— Non, tu es mon amant.
— Ne suis-je que cela ?
— C’est déjà beaucoup, répondit-elle en poussant un râle de plaisir.
Tandis que les doigts de Gannys s’agitaient lentement et habilement entre ses lèvres humides, dans le but de la mener jusqu’à l’orgasme, son esprit échafaudait des plans pour l’avenir.
Être l’amant de la voluptueuse Soemias était certes une position agréable que beaucoup d’hommes lui auraient enviée, mais cela était loin de suffire à l’homme ambitieux qu’il était. Il avait d’autres prétentions. Le statut d’époux lui semblait beaucoup mieux convenir à ses compétences.
Et à ce qu’il pouvait en juger, par les faveurs et le respect qu’elle lui témoignait en toutes occasions, Maesa ne serait certainement pas opposée à
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