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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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l’honneur qu’il reçoit. Voilà ce que nous pourrions écrire, si cela te convient :
    « Chez les empereurs d’origine patricienne, la noblesse dégénère souvent en morgue. Ils méprisent le peuple et n’ont de cesse de rabaisser le Sénat. Mais qui accepte l’Empire de vos mains vous doit une gratitude éternelle et vous est redevable des bienfaits que, les premiers, vous lui avez accordés.
    Quand on a exercé des fonctions de moyenne importance et qu’on accède à l’Empire, on l’administre en songeant à la peine que l’on a eue à l’acquérir…»
    — Hum… s’étrangla Macrin, gêné. De « la peine à l’acquérir » ?
    — Cette phrase te déplaît, César ?
    — Un peu.
    — Je vois…
    Épagathos reprit sa dictée :
    «… et que l’on se doit de conserver le même respect et la même estime qu’auparavant envers des personnages qui, dans le passé, étaient plus puissants que soi. »
    — Voilà qui va les faire se rengorger comme des paons, fit Macrin.
    — Et ils ne t’en aimeront que davantage.
    — Dois-je les assurer que le Sénat continuera à remplir son rôle traditionnel et qu’il sera régulièrement convoqué ?
    — Tu peux faire mieux que cela.
    — C’est-à-dire ?
    — Leur promettre que leurs compétences seront renforcées. Septime Sévère et son fils ont instauré un véritable régime militaire qui a consacré la toute-puissance de l’armée et, ce faisant, le contrepoids du Sénat s’en est trouvé considérablement amoindri. Il faut leur promettre que tu rétabliras un régime civil stable, dont les Pères conscrits seront l’appui naturel. Le meilleur moyen de les gagner définitivement à ta cause est de les assurer qu’ils reprendront, à la tête des affaires de l’État, la place dont les ont dépouillés tes prédécesseurs.
    Macrin opina du chef.
    — Tu as raison : je vais faire savoir aux sénateurs que je rétablirai leur dignité et leur pleine liberté. Les grands ont toujours été attachés à l’idée républicaine ; ils rêvent d’un régime dans lequel l’empereur partagerait son pouvoir avec eux.
    « Pour ma part, je me propose de ne rien faire sans votre avis et de vous associer, comme conseillers, à l’administration de l’État. Le Sénat et le peuple croiront avoir affaire à un régime aristocratique plutôt qu’à une monarchie.
    Vous vivrez en sécurité et en liberté, ces biens dont vous ont privés les empereurs patriciens et que je m’efforcerai de vous rendre lorsque je serai parvenu à la dignité impériale, bien qu’étant issu d’un milieu ordinaire.
    Il vaut mieux, en effet, être le premier à illustrer sa famille et sa descendance que de déshonorer par la médiocrité de son caractère la gloire que l’on a reçue de ses ancêtres. »
    Les traits de Macrin s’illuminèrent. Il se caressa le menton, ravi :
    — C’est parfait.
    Philophorus finissait de coucher sur le parchemin, de sa belle écriture droite et rectiligne, les derniers mots d’Épagathos.
    Quand il eut enfin terminé, il leva vers l’empereur des yeux emplis d’admiration béate.
    — Le Sénat t’acceptera, dominus. Et le peuple de Rome t’aimera. Ton règne sera long et glorieux !
    — Long, j’en doute, fit le vieil homme en souriant à l’innocent. Heureux, je l’espère bien !

CHAPITRE III
    Palais des princesses syriennes, Émèse
    Mai 218
    Les dés roulèrent sur la table basse. Gannys Eutychianus fit avancer un pion en ébène sur l’échiquier, jusqu’à la dernière case.
    — Tu as perdu, annonça-t-il d’une voix détachée. Soemias partit dans un grand éclat de rire.
    — Je ne perds jamais ! dit-elle avec une pointe d’orgueil.
    — Pourtant, cette fois, tu as perdu.
    — Non, rectifia-t-elle, taquine, je t’ai laissé gagner, c’est différent.
    Elle renversa du bout de sa mule les petits pions noirs et blancs qui tombèrent sur le plateau.
    — Je t’ai laissé gagner cette partie car je compte bien remporter la suivante, dit-elle en tendant son pied et en effleurant, de ses orteils nacrés, les lèvres de son partenaire.
    — Et à quel jeu jouons-nous ? demanda Eutychianus, tandis qu’il commençait à lécher lentement les doigts de pied de sa compagne.
    Soemias répondit à sa question en s’allongeant langoureusement sur son lit. Elle attira contre son sein la tête bouclée du Syrien.
    — Je te propose un divertissement d’un autre genre… murmura-t-elle en

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