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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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que Phaéton (147) .
    Cette fois, l’adolescent se troubla tout à fait.
    — J’ignorais que j’étais si beau, dit-il le visage rosi par l’émotion.
    Hiéroclès, qui assistait à la scène, laissa éclater sa contrariété.
    — Qu’il montre ce qu’il doit montrer et finissons-en ! cracha-t-il au bout de la table.
    — Il a raison, murmura l’empereur. Voyons si ce que Protogène affirme est vrai…
    Et sur ces mots, il souleva la tunique de l’esclave. Il eut aussitôt un petit mouvement de saisissement et de recul.
    — Elle est énorme ! souffla-t-il en pouffant. Elle est énorme !
    Zoticus, dans un sourire éblouissant, lui offrit la vision de ses dents impeccables, parfaitement alignées.
    Varius en fut chaviré. Et, sans plus prêter d’attention à Hiéroclès, il passa sa paume dans la sombre coiffure de l’esclave.
    — Magnifique et puissant… dit-il rêveur.
    Il laissa un instant courir sa main dans cette nuit d’opaque, attendant la réaction de l’esclave, guettant un signe dans l’éclair de ses sombres prunelles. Le fils de cuisinier appuya ses doigts larges sur les doigts potelés qui lui caressaient les cheveux.
    — Hélas ! se désola l’empereur avec un sourire navré. Je doute que ce gourdin puisse jamais entrer nulle part…
    — Il entrera, répondit l’homme. Et les dieux me foudroient s’il ne te contente pas…
    Protogène émit un petit rire amusé et Hiéroclès un grognement ulcéré.
    — Crois-tu ? fit Varius en fléchissant la tête, avec une œillade effrontée.
    — J’en suis certain.
    S’enhardissant, l’empereur prit les bourses de l’esclave à pleine main et se mit à les soupeser comme deux sacs de grains.
    — Tout ça est tellement… impressionnant, murmura-t-il en proie au plus grand trouble.
    De nouveau l’autre lui sourit et la blancheur de ses incisives illumina la couche halée que le soleil d’Orient avait déposée sur ses traits virils.
    — Que vas-tu faire de moi, beau Zoticus ? demanda l’adolescent, le rouge aux joues et les lèvres tombantes.
    Celui-ci s’agenouilla, le front baissé :
    — Tout ce que tu voudras, maître, répondit-il. Je suis ton esclave.
    — Oh non, ne m’appelle pas maître ! le pria l’adolescent, définitivement conquis. Appelle-moi maîtresse…
    Il releva Aurelius Zoticus et posa ses yeux sur l’échancrure de sa tunique, sur son torse luisant et poli comme un bloc de granit brun.
    — Ne te prosterne jamais plus devant moi, lui dit encore Varius avec douceur. Bien que je sois petit-fils de Bassianus, grand prêtre d’Élagabal, divin intercesseur entre le soleil et la terre, préféré de la Grande Mère, favori de tous les dieux, maître de Rome et du monde, je veux malgré tout te traiter comme mon égal.
    Il fit courir son index sur les lèvres pleines de l’athlète :
    — Et je veux que tu m’aimes comme si je n’étais qu’une femme, souffla-t-il en battant des cils.
    Puis s’adressant à Protogène :
    — Comment se fait-il qu’on l’ait laissé vêtu comme un misérable ? Et qu’on l’ait amené ici avec si peu d’égards ?
    Son favori bredouilla des excuses confuses.
    — J’exige qu’il soit paré comme un roi ! déclara Varius en prenant Zoticus entre ses bras. Et que cette ville lui réserve un accueil digne de lui.
    — Mais, César…
    — J’ai dit ! coupa l’empereur. Qu’on le présente au peuple couronné comme un triomphateur ! Qu’il fasse son entrée dans Rome, ce soir, en grande pompe et à la lueur des torches !
    Dès la tombée de la nuit, après avoir fait dans l’ Urbs une entrée digne d’un général victorieux, l’esclave de Smyrne fut invité à partager le bain puis la couche de l’empereur. Et dans les semaines qui suivirent, il reçut l’insigne honneur… d’une demande en mariage !
    La cérémonie nuptiale fut célébrée au palais sessorien, devant les favoris et les courtisans.
    Varius fit son apparition vêtu de blanc, coiffé du voile orangé de l’épousée, ému comme une jeune vierge.
    Après l’échange des consentements, lui et Zoticus s’allongèrent ensemble sur le grand lit d’apparat installé au centre de la salle et l’adolescent, entièrement nu, offrit à l’assistance le spectacle obscène de ce qu’il appelait son « dernier dépucelage ».
    — Enfonce-la bien, cuisinier ! s’écria-t-il en pouffant, tandis que Zoticus exhibait aux yeux d’un public passablement excité les

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