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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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pénétrèrent dans la chambre, les armes au poing et la trogne haineuse, Varius aspira l’air comme s’il s’apprêtait à plonger dans des flots tumultueux. Puis, avec cet air de résolution fiévreuse et résignée qu’ont les craintifs qui vont se battre, il fit un pas en avant.
    — Que… que voulez-vous ? bredouilla-t-il aux soldats déployés dans sa chambre.
    — Il est temps que tu répondes de tes crimes ! aboya Cerva qui était toujours en tête des mutinés.
    — Mes crimes ? Je… je suis votre empereur ! Il n’y a rien que j’aie fait qui n’ait été justifié par l’amour de mon peuple et le bien de l’État…
    L’officier, un rictus de haine aux lèvres, posa la main droite sur son baudrier, à hauteur de son poignard.
    — Mensonges ! cracha-t-il en fonçant sur l’adolescent.
    — Centurion ! s’écria alors Varius en tendant les bras et en oubliant les conseils avisés de Hiéroclès, je t’en prie, n’aie pas l’air si fâché ! Méprise-moi tant que tu voudras, je le mérite ! Oui, c’est vrai, je suis un être indigne, un lâche, un misérable ! Et vous tous, soldats, méprisez-moi aussi !
    La face ruisselante de larmes, il se laissa tomber sur le sol.
    — Je suis trop vil pour votre colère ! Haïssez qui vous voudrez – Claudius par exemple ! dit-il en désignant du doigt son favori, toujours caché derrière le rideau – mais pour moi, contentez-vous du mépris !
    — Arrête tes simagrées ! s’écria Cerva, exaspéré. Tu n’as pas besoin de réclamer le mépris : il n’est personne qui ne le tienne spontanément à ton service. Et relève-toi ! Ne te dégrade pas au point de ressembler à un reptile abject ! Entends-tu ?
    À son tour, Hiéroclès lui commanda du regard de se relever mais Varius resta étalé par terre.
    Au même moment, une partie des prétoriens qui étaient restés en arrière firent à leur tour irruption dans la chambre impériale. Le centurion commandant la troisième cohorte, Titus Agricola, les accompagnait, immense dans son armure d’écailles, le visage tanné sous sa crinière de plumes.
    — Ordre est de ne pas faire violence à l’empereur ! dit-il à Cerva.
    — Et de qui tiens-tu tes ordres ? grogna l’autre.
    — Du tribun Maecenas. Si Antonin accepte les conditions de la garde prétorienne, il sera épargné.
    — Et s’il refuse ?
    — Alors il mourra.
    L’officier se tourna vers l’adolescent :
    —  Ave Auguste !
    —  Ave… répéta Varius à voix basse.
    — As-tu compris ce que je viens de dire ?
    Réalisant qu’on lui offrait une chance de sortir vivant de ce cauchemar, l’empereur cessa de brailler et se reprit un peu.
    — Oui, répondit-il d’une voix faible. Dites ce que vous attendez de moi, je ferai tout ce que vous me demanderez de faire.
    — Renvoie les Syriens qui vivent au palais et tous les cochers, mimes, histrions et danseurs, avec lesquels tu te vautres dans l’orgie et qui usent de leur influence pour s’enrichir.
    — Je le promets. Ils seront renvoyés.
    — Comme preuve de ta bonne volonté, poursuivit le centurion Agricola, l’armée exige que tu te sépares immédiatement de tes favoris et que tu débarrasses Rome de la vermine qui t’entoure : Gordius, le préfet des vigiles, Myrismus, le préfet de la ville, Claudius, le préfet de l’annone, ainsi qu’Euboulos, le dilapidateur du Trésor et Protogène, ton infâme recruteur d’étalons.
    Puis, se tournant vers Hiéroclès :
    — Et de celui-là aussi.
    — C’est d’accord, répondit l’empereur, une boule dans la gorge. Ils seront chassés, tous.
    Cerva avait de nouveau sorti son glaive et le pointa sur le cou de l’adolescent.
    — Tu n’en feras rien, dit-il suspicieux.
    — Si ! s’exclama Varius. Pitié, ne me tue pas ! Je jure de les renvoyer, tous, dans l’égout et dans l’arène d’où je n’aurais jamais dû les sortir ! Il sera fait selon ton souhait, centurion ! N’aie crainte que je reprenne ma parole ! Faut-il que je leur ordonne de quitter Rome ou l’Italie ?
    — Tu n’as pas bien compris, fit à son tour Titus Agricola. Les prétoriens ne te demandent pas de les bannir. Ils te réclament leurs têtes.
    Un silence de mort s’abattit sur la chambre. Les favoris, sous le choc, se regardèrent avec des lueurs de panique dans les yeux.
    La frayeur mortelle que lui inspirait la colère des prétoriens, mêlée à la peur de perdre son amant, rendit à

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