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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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Varius l’éloquence de la lâcheté. Ne pouvant finasser ou gagner du temps, il se fit alors pathétique, se remit à pleurer, à gémir, à baver de pitoyables supplications.
    — Accordez-moi seulement Hiéroclès, implora-t-il en poussant des plaintes à fendre l’âme. Tuez les autres, mais laissez-moi celui-là ! Je préférerais que l’on m’arrache le foie plutôt que d’avoir à décider ou à accepter sa mort ! N’avez-vous jamais aimé, soldats ? N’y a-t-il jamais eu quelqu’un, une femme ou un enfant, qui ait un jour touché votre cœur ? Ne me prenez pas ma seule raison de vivre sur cette terre ! Je suis seul, trahi par tous, jusqu’à mon armée et ma propre famille ! On m’a exilé loin de ma terre natale et condamné à supporter le poids de la pourpre alors que je n’avais que quatorze ans ! Et voilà que vous voulez m’ôter mon dernier souffle de vie et d’espoir, le seul amour que les dieux, dans leur clémence, m’ont offert dans cette vie de souffrance !
    Et pour achever sa litanie, il tendit son cou à Cerva, comme une victime expiatoire :
    — Quelque opinion que vous ayez de lui, épargnez les jours de Hiéroclès, supplia-t-il. Soldats, laissez-le-moi ou tuez-moi !
    Le centurion Agricola regarda l’adolescent qui se tordait en prières et se noyait dans ses larmes. Sa dureté faiblit au spectacle de cette douleur tragique. Se souvenant qu’il avait lui-même un garçon de son âge, il eut soudain pitié et se laissa fléchir. Il hocha son casque à crinière.
    — Celui-ci seulement sera épargné, accorda-t-il, mais aucun autre.
    — Faites d’eux ce que vous voudrez, balbutia Varius en joignant les mains de soulagement. Je les échange tous les cinq contre la vie de Hiéroclès, elle les vaut bien !
    Les prétoriens s’élancèrent alors vers Gordius, Protogène et Myrismus. En quelques coups rapides et brutaux, ils les transpercèrent de leurs glaives. Puis une partie du détachement quitta la chambre à la recherche d’Euboulos, le ministre des finances, pour lui faire subir le même sort. Seul Claudius avait encore échappé au massacre, toujours caché derrière son rideau.
    Tandis que les soldats se désintéressaient des corps inertes de ses favoris qu’il avait sacrifiés sans aucun d’état d’âme, Varius se remit à pleurer à chaudes larmes, implorant le droit de conserver Hiéroclès au palais. Mais cette fois, la seule chose qu’il obtint du centurion fut la promesse que son cocher aurait la vie sauve à condition qu’il disparaisse vite et définitivement. Hiéroclès ne demanda pas son reste et s’enfuit sur-le-champ. En le voyant déguerpir, Cerva cracha de dégoût, songeant qu’il n’aurait, pour sa part, même pas accordé à cet empereur dénaturé cette mince satisfaction.
    — Il en manque un ! fit remarquer l’un des prétoriens. Il manque le coiffeur !
    — Je l’ai trouvé ! s’écria un homme de troupe auquel n’avait pas échappé le geste de Varius quelques minutes plus tôt.
    Et il tira le préfet de derrière le rideau, en arrière, par la peau du cou, comme un chien.
    Claudius se mit à pousser des cris stridents et se débattit de toutes ses forces dans les bras du soldat. Quand celui-ci le jeta aux pieds de l’empereur, il redoubla ses hurlements.
    — Tue-le de ta main, ordonna Cerva à Varius.
    — Moi ? balbutia l’adolescent, décomposé. Pourquoi moi ?
    — Pour ne pas mourir à sa place.
    Claudius s’agrippa aux jambes de son protecteur, mais ce dernier le repoussa d’un coup de pied.
    — Lâche-moi !
    Claudius recommença à crier de plus belle et, pris de convulsions, s’accrocha de nouveau à la robe de Varius.
    — Enlève tes doigts de lézard ! cria l’adolescent en le repoussant de nouveau brutalement. J’aimerais mieux être enlacé par un serpent ! As-tu entendu ce qu’ont dit les prétoriens ? Tu dois mourir ! Ne fais pas tant d’histoires !
    Et devant les soldats, il haussa les épaules ostensiblement, se secoua comme si l’aversion qu’il éprouvait soudain pour son favori lui eût donné la chair de poule.
    — César ! Pitié ! hurla Claudius.
    Mais ses cris furent étouffés par le glaive de Cerva, enfoncé jusqu’à la garde dans son abdomen. Le sang lui sortit de la bouche et il tomba sur le sol, les bras en croix.
    À présent, seul dans sa chambre, au milieu des soldats et des cadavres de ses amis, l’adolescent fut envahi par un regain de panique. Il
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