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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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lui ont donné une chance !
    Le soir même du terrible affrontement, Soemias, affolée par le récit des épreuves que son fils avait dû endurer, se précipita chez Maesa.
    — Mère, dit-elle en entrant, les prétoriens ont été à deux doigts de tuer Varius !
    La vieille princesse lisait un volumen, assise à sa table de travail. Elle ne fit pas un geste vers sa fille.
    — As-tu entendu ?
    Comme elle ne réagissait toujours pas, Soemias avança la main et la posa sur son épaule.
    — Mère ?
    Ce ne fut qu’un effleurement, mais à la façon dont Maesa tressaillit et se retourna au contact de sa main, on aurait dit que Soemias venait de lui planter un couteau dans le dos.
    — Tu dois l’aider, déclara cette dernière d’une voix implorante. Il a besoin de toi.
    Maesa la dévisagea d’un air de dégoût et se détourna. Elle se remit à parcourir son rouleau de papyrus, faisant fi de sa présence. Soemias recula d’un air stupide.
    — Mère, répéta-t-elle, je te parle. Regarde-moi !
    Agitée par le pénible sentiment de son humiliation, elle fixa la nuque large qui lui faisait face, raide et parfaitement immobile. Voyant que sa mère ne daignait toujours pas s’intéresser à elle, elle céda finalement à l’impatience :
    — Que faut-il que je fasse pour que tu me prêtes attention ? Faut-il que je me mette à genoux, là, devant toi ?
    Mais Maesa restait désespérément et outrageusement muette, comme si elle avait été seule dans la pièce.
    — Regarde-moi ! supplia Soemias. Suis-je si misérable que tu ne puisses poser les yeux sur moi ?
    Ébranlée, elle toucha de nouveau, du bout des doigts, ce corps figé dans une immobilité déconcertante. Cette fois, le buste de Maesa pivota sur la chaise et la princesse vissa ses yeux froids sur les siens.
    — Voilà, dit-elle seulement.
    — Quoi ?
    — Voilà, répéta Maesa. Je te regarde. Que veux-tu ?
    — Mammaea a soulevé les prétoriens contre Varius, s’épancha Soemias. Le pauvre enfant est terrorisé !
    — Ta sceur n’est pas responsable de la situation, répliqua sa mère d’un ton glacial. Varius est le seul fautif, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.
    — Tu dois l’aider, je t’en supplie, continua Soemias. Il a besoin de ton soutien. Après tout, c’est ton petit-fils, autant que l’autre !
    — J’ai suffisamment prévenu Varius, rétorqua Maesa. Ne l’ai-je pas mis maintes fois en garde contre les risques qu’il prenait à provoquer le Sénat et l’armée ? Mais dans son imbécile vanité, il n’a rien écouté. Et quant à toi, au lieu de le freiner, tu l’as encouragé dans ses débauches et ses excentricités… Vous récoltez ce que vous avez semé, tous les deux. Alors, s’il te plaît, ne prends pas cet air effondré maintenant.
    Soemias, constatant une fois de plus que sa mère ne se résignait à lui adresser la parole que pour lui asséner une leçon de morale, se retint de faire un éclat. Elle se mordit l’intérieur des joues.
    — Tu es la seule à pouvoir faire quelque chose pour lui, dit-elle en gardant son calme. Ton autorité et le respect que tu inspires aux prétoriens les empêcheront de s’en prendre à Varius, au cas où Mammaea entreprendrait de les monter de nouveau contre lui.
    La vieille princesse enroula son volumen et le posa sur la table, l’air profondément las.
    — Ne peux-tu rien faire pour l’aider ? insista Soemias.
    — Je ne peux et ne veux rien faire.
    Jouant la carte de la tendresse, Soemias se précipita alors vers elle et noua ses deux bras parfumés, enserrés de bracelets jusqu’au coude, autour de son corps.
    — Aide-le ! supplia-t-elle, en renonçant à toute dignité.
    Impassible, Maesa ne fit pas un mouvement. Soemias eut l’impression d’étreindre un bloc de pierre.
    — Comment peux-tu songer à me cajoler ? demanda sa mère d’un ton dur. Tu n’as vraiment aucune pudeur.
    L’autre, choquée, détacha aussitôt ses bras et recula.
    — Est-ce que tu ne m’aimes pas ? dit-elle en sentant les larmes lui monter aux yeux. Est-ce que Varius, qui est de ton sang, ne représente rien pour toi ?
    — L’amour n’a aucun rapport avec cette affaire. C’est de Rome dont il s’agit.
    — De Rome ? souffla Soemias. Voilà que tu parles comme Mammaea ! Et tu mens, tout comme elle ! Je te connais assez pour savoir ce qui se cache derrière ce prétendu attachement à Rome !
    — Eh bien, ma fille, répondit Maesa
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