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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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l’avais décidé. Et dis-toi que si Alexandre doit le remplacer, c’est que je l’aurai voulu.
    — J’en ai assez de tes menaces.
    Maesa tourna vers sa fille son visage austère et cette fois, se fâcha :
    — Eh bien, si tu en as assez, va-t’en donc !
    Soemias la regarda, pénétrée d’un désespoir morne, profond, infini. Elle semblait ne plus pouvoir parler, broyée, éreintée, sans force même pour la colère ou la révolte.
    — Il y a encore un instant, dit-elle en vacillant, j’aurais donné ma vie pour un mot affectueux, pour une marque de tendresse ou de bienveillance de ta part. À présent, je voudrais te voir crever à mes pieds.
    Dans cette lutte obscure et atroce où chacune percevait l’ombre de la mort, la sienne ou celle de l’autre, Soemias sentait ses forces s’affaiblir davantage chaque jour.
    Elle quitta la pièce sans un mot de plus, épuisée, anéantie par l’appréhension de tous les malheurs à venir.

CHAPITRE XL
    Décembre 221
    — Varius, réveille-toi.
    La clepsydre, sur le guéridon, indiquait le début de l’après-midi. Soemias écarta les tentures de la fenêtre pour laisser entrer la lumière dans la chambre et s’approcha de son fils qui dormait. Elle le vit dans l’attitude d’un enfant effrayé, recroquevillé sous la couverture, le visage livide et le poing serré dans la bouche.
    Mais la lueur du jour ne tira pas pour autant Varius de son sommeil. Pour l’adolescent, midi et minuit avaient depuis longtemps la même couleur.
    — Varius, réveille-toi, répéta alors Soemias en le secouant doucement.
    La voix de la princesse bourdonna vaguement dans l’oreille de l’empereur et, devenant peu à peu plus distincte, le tira finalement de son assoupissement. Il souleva avec peine ses paupières et, comme si son esprit émergeant des brumes du sommeil se fût soudain souvenu, il poussa une plainte horrible. Puis, comme pour échapper au rappel d’une réalité qui lui faisait horreur, il retomba dans son abrutissement.
    Soemias, assise sur le lit, repoussa tendrement les mèches blondes collées sur son front. Son fils ouvrit complètement les yeux, jeta autour de lui un regard inquiet, comme s’il s’attendait à voir surgir quelques monstres effrayants. Il se pencha en avant, inspecta le dessous du lit.
    — Ils ne sont plus là ?
    — Qui donc ?
    — Les soldats.
    — Sous le lit ? Non. Varius, il n’y a aucun prétorien dans ta chambre.
    Il poussa un soupir de soulagement et retomba comme une masse sur le matelas.
    Il était vraiment affreux à voir ce matin, le visage exsangue mais les yeux rougis par la fatigue et l’anxiété, la bouche épaisse, gonflée de trop de pleurs. Une barbe duveteuse et bouclée commençait à mousser sur ses joues et quelques poils aux reflets roux recouvraient le dessus de sa lèvre supérieure.
    — Tu as une mine épouvantable, lui reprocha sa mère. Tu te laisses aller. Tu devrais te lever et te raser.
    Mais il ne répondit rien, trop écrasé pour faire un mouvement ou pour avoir ne serait-ce qu’une ébauche de volonté. Son esprit semblait avoir sombré dans l’hébétude, comme si, par peur, par lâcheté, il ne désirait plus entendre, ni parler, ni penser ou agir.
    — Il faut trouver un moyen de nous débarrasser d’Alexianus, lui dit sa mère pour le faire réagir. Si seulement nous pouvions persuader l’un des gardes de lui régler son compte…
    Cette proposition, en effet, le fit se redresser sur sa couche.
    — Tu es folle ! s’écria-t-il. Les prétoriens me tueront si je touche un seul cheveu de sa tête !
    — Si tu le laisses en vie, cela se terminera mal de toute façon, répliqua Soemias. Crois-tu que Mammaea et Maesa cesseront de comploter pour autant ? Elles sont allées trop loin pour renoncer maintenant. Oh non, crois-moi, elles ne s’arrêteront pas en si bon chemin ! Tue Alexianus et tout reviendra comme avant.
    — Mère… Tais-toi… Les gardes sont à côté ! Songe qu’ils peuvent nous entendre !
    Et d’un bond, il se précipita pour refermer les rideaux que Soemias avait ouverts.
    De son regard anxieux, il fouilla les coins de la chambre plongée dans l’obscurité, puis il courut s’étendre sur son lit, enfouissant sa tête dans le traversin.
    — Je me suis procuré un nouveau poison, poursuivit Soemias. Peut-être que…
    — Tais-toi ! coupa Varius, je ne veux rien entendre !
    Et, joignant le geste à la parole, il saisit le traversin des deux
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