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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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fils dégénéré ?
    Et, toisant sa fille avec un indicible écœurement, saisie soudain d’une fièvre de parler, d’un besoin de s’épancher, elle lâcha :
    — Vingt-huit ans que je manœuvre pour que les descendants des rois-prêtres d’Émèse conservent la direction de l’Empire romain. Vingt-huit ans à braver les tempêtes, à éviter les écueils, à souffler avec le vent pour que le navire syrien se maintienne à flot ! Si je n’avais pas été là, toutes ces années, à veiller au grain, il y a longtemps que notre famille serait repartie croupir dans le désert.
    — Ta sœur est à l’origine de notre fortune, lui fit remarquer Soemias, pas toi.
    — Ma sœur ? Parlons-en… ricana Maesa. Cette pauvre sotte ! Tout le monde s’imagine que Domna était une femme de bon sens, avisée et à l’esprit éminemment politique, mais cette gourde n’était pas plus futée qu’elle n’était apte à gouverner un Empire !
    Redressant son corps épais et massif, animé d’une énergie presque masculine, elle se mit à élever le ton :
    — Les conseils qu’elle prodiguait à Septime Sévère, elle les tenait de moi ! Domna « la Philosophe » rayonnait dans ses salons, entourée de ses sophistes, de ses rhéteurs et de ses poètes mais elle ne pensait et n’agissait qu’à travers moi ! C’est à mon instigation qu’elle a poussé son époux à éliminer tous ceux qui convoitaient la pourpre, afin que leurs deux abrutis de fils, Geta et Caracalla, puissent régner un jour.
    Elle s’interrompit, souleva ses épaules larges et pencha vers sa fille son visage austère que la vieillesse virilisait à faire peur.
    — Lorsque Septime Sévère a voulu faire de Pescennius Niger et de Clodius Albinus ses successeurs, c’est moi qui ai persuadé Domna de l’en dissuader, afin que le trône puisse un jour revenir à Geta et Caracalla ; lorsqu’un peu plus tard, le préfet Fulvius Plautianus, le favori de Septime, est devenu lui aussi une menace pour la succession de mes neveux, c’est encore moi qui ai convaincu Domna de s’en débarrasser. Nous avons impliqué Plautianus dans une conspiration contre l’empereur, une conspiration montée de toutes pièces par mes soins.
    — Et Plautianus a été exécuté… souffla Soemias.
    — Oui, j’ai fait place nette et je m’en félicite encore aujourd’hui. Quant à Geta et Caracalla, ces deux nullités, il ne s’est pas passé un seul jour sans que je prie les dieux pour qu’ils s’entretuent.
    Soemias avait baissé les yeux.
    — Je savais la haine que ces deux incapables se vouaient mutuellement, poursuivit Masea, et je n’ai pas eu à forcer le destin. J’ai attendu tranquillement que Caracalla égorge son frère dans les bras de Domna… Il m’a été facile, ensuite, de rappeler à ma chère sœur, chaque jour, l’ignominie de son rejeton, ce qui a fini par la détruire. Minée par le deuil d’un fils massacré par son autre fils, elle m’a volontairement associée à la gestion de l’Empire.
    — Et puis Caracalla a été assassiné à son tour…
    Sans paraître voir sa fille, le regard fixé au-dessus de sa tête, Maesa, qui semblait à présent vouloir aller jusqu’au bout de ses aveux, répliqua :
    — Oui, et pour tout te dire, c’est moi qui ai convaincu Macrin d’éliminer cette brute.
    Soemias la dévisagea, bouche bée.
    — Quoi ?
    — Oui, c’est moi, confirma sa mère, qui ai persuadé Macrin d’utiliser ce pauvre demeuré de centurion Martialis pour poignarder ton cousin, alors qu’il était à Carrhes. Mais ce que j’ignorais, c’est que ce Maure de malheur nous couperait l’herbe sous le pied et qu’il accaparerait la pourpre…
    Elle souffla comme un vieux bœuf et posa ses deux mains sur la table.
    — La suite, acheva-t-elle en poussant un soupir, tu la connais aussi bien que moi.
    Soemias, abasourdie par cette avalanche de confidences, ne disait plus rien. Elle restait affaissée au milieu de la pièce et songeait douloureusement.
    — Comprends-tu maintenant ? jeta encore Maesa. Il n’est pas question que je laisse Varius compromettre le résultat de vingt-huit années de labeur.
    — Et moi, je ne te laisserai pas te débarrasser de mon fils aussi facilement, articula Soemias en laissant de nouveau couler ses pleurs. Non, je ne te laisserai pas faire…
    — Dis-toi que si ton fils est devenu empereur, répliqua sa mère en la chassant d’un geste de la main, c’est que je
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