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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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Sénat, les chevaliers et la foule romaine, mais il allait devoir, de surcroît, passer la moitié de la journée à parader aux côtés de son rival. Et cette seule idée de devoir partager son triomphe avec Alexandre lui donnait la nausée.
    Réveillé avant l’aube pour les préparatifs, il avait volontairement traîné des pieds pour repousser l’échéance. Ce n’est que pressé par Soemias qu’il s’était enfin décidé à se mettre en route, au milieu de la matinée.
    Tandis que son char remontait la via Caelimontana en direction de la résidence palatine, Maesa et sa fille n’en finissaient pas de s’impatienter dans le grand atrium de la domus impériale.
    — Quatre heures de retard ! s’exclama Mammaea. Il aurait dû être là à l’aube ! Il ne viendra plus !
    — Il viendra, fit Maesa. Il faut qu’il soit présent ou alors ce sera un désastre.
    Comazon, entouré par les Syriennes et leurs familiers, hocha la tête en silence, pour approuver cette déclaration.
    — Il passe ses nuits à se soûler et ses journées à dormir, railla Mammaea, comment veux-tu qu’il se lève à l’aube ? Il doit encore être en train de ronfler comme une brute.
    — L’empereur arrive ! annonça brusquement un garde.
    — Enfin ! Je me demande bien qui a pu accomplir l’exploit de le tirer du lit !
    — Chut, fit Maesa, chut…
    Varius entra. Il avança d’un pas lent, le front plissé, l’air renfrogné. Son visage, sans fard à joues et sans rouge à lèvres, était d’une pâleur étonnante.
    Il considéra la petite assemblée avec une expression morose, la tête penchée sur le côté, en manière de défi plutôt que de salut.
    — Tu es en retard, lui reprocha aussitôt sa grand-mère. Cela fait plus de quatre heures que le peuple et le Sénat attendent ton arrivée. Nous devions nous mettre en route dès l’aube, comme l’exige la coutume.
    — Eh bien je suis là, répondit Varius avec nonchalance, en se retenant de lui lancer un « vieille chèvre » qui l’aurait sans doute mortifiée devant sa petite clique.
    L’affectation d’indifférence de son ton avait pourtant quelque chose de tragique et ne fit illusion à personne. Derrière cette arrogance, chacun pouvait sentir le malaise et la peur qui suintaient par chacun de ses pores.
    — J’espère qu’une bonne raison t’aura retenu au palais sessorien, siffla Maesa.
    — Même pas, lâcha Varius avec insolence.
    Maesa, les bras croisés, le dévisagea avec dégoût. Sa fille lui avait reproché de haïr son petit-fils. Elle avait vu juste. Elle le haïssait. Si elle avait pu encore en douter, elle en était certaine à présent.
    Elle scruta, cruellement, les détails de cette figure épaisse, cette figure d’enfant éreinté par le plaisir, le dessous des yeux mauve, la bouche répugnante et avide, le cou enrobé de graisse, qu’elle avait envie de serrer.
    Elle se pencha vers lui et lui dit :
    — Je te savais fou, pas suicidaire.
    — Et moi, je te savais vieille, répondit l’adolescent avec cette même indifférence teintée de mépris, en la dévisageant à son tour des pieds à la tête, mais j’ignorais que tu étais rendue à l’état de momie…
    Soemias eut la présence d’esprit de s’interposer, avant que l’échange acerbe ne dégénérât. Elle pressa le bras de son fils.
    — Vite, l’enjoignit-elle, habille-toi et dépêche-toi. Il ne faut plus perdre de temps.
    Deux servantes se tenaient dans la pièce avec les insignia triumphi : la tunica palmata, la toga picta décorée d’étoiles d’or, le manteau de pourpre et la couronne de laurier.
    Elles s’avancèrent vers l’empereur et se mirent au travail, déployant toute l’adresse et l’agilité de leurs mains, l’une pour débarrasser Varius de sa robe et lui enfiler la tunique brodée de palmes, l’autre pour draper l’ample toge pourpre et pour ajuster comme il convenait la couronne sur sa chevelure blonde.
    — Allons, fit sèchement Mammaea en s’adressant aux deux esclaves, que vous êtes lentes ! Le peuple et le Sénat ne peuvent pas attendre toute la journée !
    — Qu’elles prennent leur temps, répondit tout aussi aigrement Varius, je peux bien m’attarder davantage puisque je suis déjà en retard. Et comme ils attendent depuis quatre heures, ce n’est pas une heure de plus qui va les faire mourir. De plus, nous partirons quand je l’aurai décidé, ajouta-t-il, en détachant chaque mot.
    Lorsque les
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