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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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Varius, accepte de faire un effort.
    — Non ! répliqua l’empereur en arrachant sa couronne. Je m’en vais ! Je n’ai plus envie de participer à cette comédie ! J’en ai assez !
    — Assez de quoi ? dit Maesa en s’approchant plus près, les joues en feu. Assez de vivre ?
    Varius fit mine de ne pas comprendre l’allusion, pourtant claire, et dévisagea de nouveau Alexandre avec une expression qui ne laissait aucun doute sur l’aversion et la rancœur qu’il nourrissait à son encontre.
    Il fronça le nez et dit lentement :
    — Je vais faire savoir aux sénateurs qu’Alexianus est indisposé. N’est-ce pas, ajouta-t-il en toisa méchamment le jeune garçon, que tu te sens fiévreux ?
    — Non, je vais très bien, répondit son cousin sans baisser le regard.
    — Ça suffit ! s’emporta Mammaea. Alexandre n’est pas malade et quant à toi, cesse de nous faire perdre du temps !
    — Pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris, hurla Varius, je ne veux pas de lui dans mes pieds !
    — Mon pauvre garçon, lança Maesa à son tour. Tu n’as pas les moyens d’imposer ta loi. Tu veux ? Tu exiges ? Mais regarde-toi : tu n’es plus rien ! Le peu de pouvoir qu’il te reste te suffit à peine à te faire servir par tes esclaves !
    — Il me reste plus de pouvoir que tu ne le crois ! riposta Varius en menaçant sa grand-mère du doigt. Veux-tu que je te le prouve ? Veux-tu que je donne l’ordre de faire tomber la tête de ton petit canard, là, maintenant, devant toi ? Es-tu prête à parier que personne n’exécutera mon ordre ? Es-tu si sûre qu’il n’y aura pas au moins un soldat assez fidèle à l’empereur pour lui trancher le cou ?
    Maesa n’insista pas ; elle sentit clairement qu’on ne pouvait raisonner un pareil énergumène. Et même si elle savait qu’il mentait pour donner le change, elle n’envisageait pas de faire courir le moindre risque à Alexandre.
    Ce fut Mammaea qui monta à la charge :
    — Avise-toi de donner un pareil ordre, dit-elle froidement, avec un calme déroutant. Et tu verras ce qu’il t’en coûtera.
    Varius serra ses doigts autour de sa couronne et dans un geste ulcéré, la jeta à terre.
    — Partons ! dit-il à sa mère.
    Soemias s’accrocha à son bras.
    — Varius, s’écria-t-elle, bouleversée, ne fais pas ça ! Tu sais que tu dois y aller !
    L’adolescent secoua résolument la tête et se tourna vers son cousin.
    — Qu’on me débarrasse sur-le-champ de sa figure de fouine, cracha-t-il, ou je jure que je n’irai nulle part ! Qu’il dégage, et vite !
    Alexandre continuait à soutenir son regard sans broncher mais les insultes le faisaient frémir intérieurement. Il se forçait à rester serein, comptant sur le secours de Mammaea et de Maesa pour les sortir de cette impasse.
    — Mère, dit-il sans lever la voix, il n’est pas dans son état normal. Nous devrions attendre un peu.
    — Il ? s’étouffa Varius. C’est de moi dont tu oses parler sur ce ton ? Te crois-tu déjà le maître pour donner des ordres ?
    Il bomba le torse et cria :
    — Fils de pute ! Je préférerais m’unir à un pourceau plutôt que de te permettre de m’accompagner à la Curie !
    Le silence se fit soudain, tout le monde restant effaré de l’audace de cette phrase, l’affront le plus direct qu’on eût jamais fait à un membre de la famille impériale, à fortiori à un César.
    Antochianus, qui avait accompagné Alexandre, avança à son tour d’un pas, l’air inquiet :
    — Seigneur, lui rappela-t-il, je me suis porté garant qu’il n’arriverait rien à Alexandre… J’ai donné ma parole aux prétoriens…
    — Eh bien quoi ? fit Varius, je ne l’ai pas touché. Il est toujours vivant, non ?
    Ce fut au tour de Valerius Comazon d’intervenir :
    — Oh, qu’on le laisse donc partir si c’est ce qu’il veut ! s’écria-t-il. Bon vent ! Allons au Forum sans lui, sa présence ne manquera à personne !
    Le favori de Maesa jouait ouvertement la carte de la provocation, espérant que Varius renoncerait pour de bon à paraître en public aux côtés d’Alexandre, ce qui ne manquerait pas de déclencher une émeute dans le rang des soldats.
    — Non, Valerius, fit Maesa en l’écartant. Je ne veux pas de troubles, pas aujourd’hui.
    — Mais…
    — Ce n’est pas le moment, coupa la vieille princesse, en parlant à voix basse. Cette cérémonie doit consacrer le triomphe d’Alexianus.
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