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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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S’il se rend seul à la Curie et au Capitole, cela risque de susciter des soulèvements que nous ne sommes pas certains de pouvoir contenir.
    Tandis que chacun parlait maintenant à voix basse, s’inter-rogeant et supputant les conséquences du refus de l’empereur, celui-ci restait là, les narines palpitantes, bouillant de colère, dans un tel état d’animosité déchaînée qu’on l’eût cru prêt à sauter à la gorge de son cousin.
    Complètement désemparée, Soemias ne savait plus que faire.
    — Varius, implora-t-elle, je voudrais que tu m’écoutes : la situation est grave, montre-toi raisonnable. C’est moi qui te le demande ! Mon fils, ne sois pas si buté, je t’en prie ! Les prétoriens s’impatientent et… Oh ! Antochianus, dis-lui ! Dis-lui qu’il met sa vie en danger !
    — Ta mère a raison, confirma le préfet du prétoire. Dehors, les cohortes menacent de te tuer si tu ne sors pas avec Alexandre…
    Varius sentit tout à coup son obstination l’abandonner. Il comprit que personne ne céderait à son caprice et que sa colère, loin d’avoir renforcé son autorité et produit l’effet escompté, venait de le discréditer davantage devant le clan de Mammaea.
    Il eut soudain conscience de ce cercle de visages qui le contemplait comme une bête curieuse au milieu de l’arène, de ces figures hostiles qui se réjouissaient du spectacle de sa déconvenue. Le souvenir des prétoriens faisant irruption dans sa chambre avec leurs faces haineuses et du meurtre de ses favoris acheva de lui faire perdre son assurance.
    — Je… Je vais y réfléchir, dit-il en tirant sur sa toge.
    — Je ne crois pas que tu aies vraiment le choix, lui jeta Maesa, avec un rictus sinistre. Soit tu sors avec Alexandre, soit je déchaîne les Enfers. Tu saisis ? Je laisse les prétoriens te massacrer ! Et crois-moi, ils n’attendent que ça ! Je pensais que tu avais compris : un seul faux pas et tu es mort.
    — Et cette fois, ajouta Mammaea, tu auras du mal à leur échapper. Ici, il n’y a pas de rideau pour te cacher.
    Varius, blessé dans son orgueil mais devinant que ses ennemis avaient plus d’atouts que lui pour remporter cette bataille, ravala sa morgue. Il aurait, en cette minute, donné n’importe quoi pour être capable de lancer une riposte tranchante, écrasante, qui les aurait tous fait rentrer sous terre, mais il n’avait plus l’esprit assez prompt. Les nombreuses coupes de cécube qu’il avait avalées avant son départ pour se donner du courage, les menaces directes de Maesa, la peur des prétoriens, tout cela se mélangeait dans son cerveau embrumé en une obsession débilitante.
    Il se balança légèrement d’un pied sur l’autre, en se demandant, maintenant qu’il était acculé, ce qu’il allait pouvoir décider.
    Tout ce qu’il parvint à dire, en esquissant sa grimace moqueuse habituelle, ce fut :
    — J’accepte que le morveux m’accompagne. Mais dites-vous bien que je ne cède que pour la tranquillité d’esprit de ma mère. En ce qui me concerne, je me moque bien de vos manigances.
    Puis, retroussant sa lèvre dans une moue puérile, il ajouta :
    — Et vous pouvez essayer de m’impressionner tant que vous voudrez avec vos menaces, cela n’a aucune importance ! Pas la moindre ! Cela ne me fait absolument rien !
    L’empereur et le jeune Alexandre quittèrent le Palatin ensemble, accompagnés des princesses syriennes, des intimes du palais, des chevaliers et d’une partie du Sénat – l’autre attendant à la Curie l’arrivée de l’empereur.
    Les deux adolescents montèrent côte à côte sur le char triomphal dans leur costume d’apparat et se mirent en marche jusqu’au Forum. Les trente-six licteurs, portant les faisceaux, les précédaient en tête du défilé, tandis que les tubicines et les cornicines (152) rythmaient la marche du cortège à travers les rues de Rome.
    Ce court voyage jusqu’à la Curie fut, pour Varius, un véritable supplice.
    Il entendait, dans les clameurs de la foule rassemblée le long des rues, les louanges adressées à son cousin tandis qu’il ne recevait, pour sa part, que des regards froids et crispés. Même les quelques arbres, sur le parcours, avec leurs branches dénudées qui pendaient comme des chevelures mortes, semblaient ne pas vouloir le saluer.
    Pour donner le change et pour cacher son émotion, il s’efforçait de conserver une attitude passive, absolument indifférente, comme s’il

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