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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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mains pour le ramener sur sa tête.
    Sa mère l’attrapa par les épaules et le retourna afin qu’il cesse de se cacher le visage. Mais la force avec laquelle il retenait, avec ses doigts et ses dents, la toile gonflée de plumes sur sa face et sur ses oreilles, fit comprendre à la princesse jusqu’à quel point il était terrorisé.
    Soemias, déchirée de pitié, l’enlaça finalement avec un élan d’amour et l’attira contre elle pour l’embrasser. Réfugié sur le sein maternel, l’adolescent eut un spasme suivi d’un petit cri, et tout à coup, se mit à sangloter. Alors, tous ses nerfs se détendirent, ses doigts s’entrouvrirent et il lâcha enfin son traversin.
    — Va-t’en, conseilla-t-il à sa mère en pleurant. Ne reste pas ici. Tous ceux qui sont avec moi sont en danger…
    — Partir ? T’abandonner quand je te vois si malheureux ? Varius, tu me connais peu pour me demander une chose pareille !
    — De toute façon, demain je serai mort, murmura-t-il d’une voix accablée.
    — Pourquoi dis-tu une chose pareille ?
    — Je ne leur laisserai pas le plaisir de m’étouffer dans mon sommeil ou de me frapper dans le dos. Je vais les prendre de vitesse.
    Soemias demeura interdite, ne comprenant pas, effarée devant l’insinuation qu’elle pressentait.
    — Comment ?
    — S’il faut que je meure, gémit Varius, je déciderai moi-même du moment et de la manière. Quant à cette salope et à son morpion, ajouta-t-il en tordant sa bouche, ils seront bien privés du plaisir de m’assassiner !
    Et, tout en expliquant à sa mère qu’il avait préparé des lacets en soie pourpre et écarlate, il lui demanda si elle accepterait de l’étrangler avec.
    Soemias frémit d’horreur et porta une main sur ses lèvres.
    — Varius !
    — J’ai également fait forger des glaives d’or pur, lui dit-il sérieusement, mais toujours en pleurnichant. Et si tu refuses de m’aider à en finir, je me précipiterai du haut de ma tour pour m’écraser sur le sol que j’ai fait couvrir de plaques de pierres précieuses.
    — Varius… Varius… À quoi penses-tu ? C’est toi… toi, qui parles de te donner la mort ?
    Il secoua la tête en reniflant.
    — Tu ne comprends donc pas que tout est fini ? Si je ne le fais pas, leurs sicaires s’en chargeront à ma place. Quoi qu’il en soit, je ne veux plus vivre ! Tu ne vois donc pas que je ne suis plus rien ? Hiéroclès est parti, mes plus fidèles amis ont été massacrés… Je suis seul. Tu ne vois donc pas que je crève de chagrin depuis un mois, que je passe mes nuits sans dormir et mes jours à me cacher dans ce palais comme une bête, que je ne sais plus ce que je dis, ni ce que je fais, ni ce que je vais devenir tant je souffre ?
    Soemias posa ses deux paumes sur ses épaules et, le tenant à distance, tenta de le ramener à la raison :
    — Mon fils… dit-elle, tâche d’être calme et de…
    — Calme ? l’interrompit Varius en suffoquant presque. Depuis un mois j’ai souffert tout ce qu’une créature peut souffrir et tu me demandes d’être calme ! Depuis que les prétoriens ont fait irruption dans ma chambre, tous les instants de ma vie ont été un martyre qu’il est impossible d’imaginer ! Gordius, Protogène, Claudius… éventrés sous mes yeux ! Je ne cesse de revoir ces images… Elles me hantent, elles passent et repassent dans ma tête ! Comment veux-tu que je sois calme quand je sais que les soldats me réservent le même sort ? Ce n’est plus qu’une question de jours… d’heures peut-être !
    Au souvenir de son amant, Soemias laissa à son tour échapper une plainte bouleversée.
    — Et Hiéroclès ? s’écria Varius avec l’accent du désespoir. Peut-être est-il déjà mort, lui aussi ? Oh mère ! Je l’aimais tellement ! Hiéroclès était tout pour moi ! Il était toute ma vie, ma joie, tout mon espoir, toute ma consolation… Tout, tout, tout… ! Sans lui, mon existence est vide, noire et vide comme la nuit ! Il aurait mieux valu que le glaive de Cerva me tue net plutôt que de me priver de Hiéroclès ! Ce coup que les prétoriens m’ont porté est encore plus effroyable, plus douloureux que la mort !
    Renversée par cet aveu, Soemias étreignit son fils et, la joue contre la sienne, savourant à travers sa barbe naissante la chaleur de sa chair, elle lui dit, tout bas, à l’oreille :
    — Hiéroclès est vivant.
    — Peut-être, sanglota Varius, mais cela ne

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