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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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ornatrices eurent accompli leur tâche, l’empereur ordonna qu’on lui apportât le plus grand miroir qu’on pût trouver dans le palais.
    Il considéra son image dans la psyché d’argent poli et afficha une moue maussade.
    — J’ai l’air d’un cadavre, bougonna-t-il en se tournant vers sa mère.
    — Tu es très beau, le rassura Soemias qui pressentait le drame.
    — Suis-je vraiment obligé de porter ça ? demanda-t-il d’un air dégoûté en désignant de l’index la couronne triomphale sur sa tête.
    — Tu l’es, répondit Soemias en jetant un coup d’œil inquiet vers Maesa, qui fulminait intérieurement.
    Mais Varius continua de toiser son reflet avec un air franchement indécis, réajustant avec sa maniaquerie maladive et une lenteur délibérée le cercle de feuillage précieux sur ses boucles, sans trouver de solution qui pût le contenter.
    Finalement, après avoir rejeté sa couronne en arrière, très haut sur son front, et dégagé quelques mèches folles sur ses tempes, il parut assez satisfait.
    — Voilà, il est prêt, annonça Soemias à Maesa. Nous pouvons y aller.
    — Ce n’est pas trop tôt, lâcha la vieille princesse. Qu’on aille prévenir César Alexandre.
    Le jeune garçon, qu’on avait autorisé à se reposer dans ses appartements en attendant l’arrivée de l’empereur, fit irruption dans la pièce quelques minutes plus tard, également revêtu du costume triomphal.
    Lorsque le regard de Varius tomba sur son cousin, une vague de jalousie et de haine s’empara de lui et menaça de le faire vomir.
    Alexandre se tenait sur le seuil, rayonnant et empreint d’une majesté naturelle. Varius remarqua immédiatement qu’il avait pris de la carrure et que son allure, dans la toge pourpre, était digne d’un empereur. Le freluquet avait à présent les épaules larges et droites d’un jeune lutteur et son corps avait perdu l’aspect frêle de l’enfance, sans se couvrir d’aucune once de graisse. Ses cheveux foncés, comme ceux de Mammaea, encadraient un visage aux traits doux, aux proportions, sinon parfaites, du moins très harmonieuses. Il se tenait droit comme un if, avec la sombre et sereine beauté d’un étang profond et calme. Et s’il semblait avoir joliment mûri ces derniers mois, sa figure et son corps conservaient néanmoins la fraîcheur délicieuse de la jeunesse et dégageaient toujours cette quiétude, cette force tranquille qui mettaient Varius dans des états de rage.
    Tandis que Mammaea contemplait son fils avec une fierté légitime, l’empereur, raide et crispé, lui lança un regard hargneux.
    — S’il vient, je n’y vais pas ! lâcha-t-il tout à coup, en tapant du talon.
    Soemias ferma les yeux, croyant que le sol allait s’ouvrir sous ses pieds.
    — Que dis-tu ? grogna Maesa faisant un pas vers lui. Quel est encore ce caprice ?
    — Je n’irai nulle part si ce traître doit m’accompagner, répliqua Varius en maîtrisant sa fureur.
    Il s’était pourtant convaincu, ces derniers jours, de la nécessité de cette cérémonie et de l’importance que représentait pour les prétoriens sa réconciliation avec son cousin.
    Mais à présent qu’il avait devant les yeux ce jeune dieu en majesté et que cette vision lui renvoyait de la façon la plus implacable qui pût être sa propre déchéance physique, l’épreuve lui paraissait franchement impossible.
    Il pressentait déjà son calvaire : la foule acclamant et applaudissant le jeune Alexandre sur leur passage, les quolibets qui l’accableraient lui, l’empereur détesté. Ce jour était son jour de gloire, c’était son triomphe, pas celui de ce fils de chienne ! Passe encore qu’ils partagent la même dignité, mais il n’était pas question qu’il serve de faire-valoir à ce sale petit morveux !
    À la seconde même où son cousin était apparu sur le seuil, sa présence lui avait fait l’effet d’un coup en plein cœur.
    Une colère indignée, violente, immense, monta en lui, contre le gamin qui allait lui voler le premier rôle.
    — Je vais seul à la Curie, ou je n’y vais pas, répéta-t-il en faisant claquer sa langue.
    Soemias lui roula de gros yeux, la mine décomposée.
    — Non, Varius… Ne commence pas…
    Elle devina soudain qu’il avait bu et que les restes de l’ivresse l’empêchaient de réfléchir sainement.
    — Le peuple ne comprendrait pas, lui dit-elle en l’implorant du regard, les prétoriens encore moins… Je t’en prie,
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