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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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première fois, en passant de la tristesse aride du désert au foisonnement des oasis luxuriantes, qui descendait des hautes et inaccessibles montagnes de granit vers les villes côtières, faciles et sensuelles, pouvait avoir un aperçu de toute la complexité de la personnalité de Varius.
    — Ton fils est loin d’être naïf, lâcha Gannys Eutychianus en se levant pour partir. Et il pourrait bien nous surprendre un jour. Tu peux me croire…
    * * *
    Un peu plus tard, après le départ de son amant et après avoir fait une courte sieste, Soemias alla rejoindre son fils aux thermes.
    Elle le trouva dans l’une des salles à ciel ouvert où se trouvait la piscine d’eau tiède.
    Il était assis sur les premières marches du bassin. Trois esclaves, alignées et statiques comme des cariatides, faisaient jaillir de leurs vases un filet d’eau parfumée sur son corps. Et tandis qu’elles l’arrosaient ainsi en silence, l’adolescent regardait, d’un air absent, au-delà du portique qui délimitait l’enceinte de la piscine. Il semblait perdu dans ses pensées, son regard mélancolique et songeur posé sur les verdures humides et les frais ombrages des jardins du palais.
    Comme chaque fois, Soemias éprouva cette pointe d’amour extasié, cette fierté démesurée, à la vue du chef-d’œuvre humain qu’elle avait engendré.
    Hormis sa haute taille et la largeur de ses épaules, qu’il tenait de son père, l’enfant avait hérité de sa mère ses belles mèches soyeuses, bien qu’elles fussent plus claires encore, des boucles presque blondes, de ce blond chaud et cuivré dont rêvaient toutes les Syriennes, mais qu’elles n’obtenaient qu’en usant sans modération de la cendre de hêtre. Le front était large et plat, le nez droit, les traits réguliers, les oreilles petites et parfaites, les sourcils bien dessinés et fournis, les pommettes hautes, le teint clair et joliment velouté.
    Mais la beauté de Varius, si elle était incontestable, n’était cependant pas exactement celle d’un Adonis.
    Le visage, plus rond qu’ovale, les narines ouvertes et suaves, les lèvres charnues, très retroussées, l’ourlet dédaigneux et trop sensuel de la bouche, le menton pubescent déjà un peu lourd, le faisaient ressembler davantage à un jeune dieu babylonien qu’à un délicat éphèbe grec.
    Quant à ses yeux, naturellement lascifs, ils n’étaient ni marron, ni verts, ni d’aucune couleur que l’on rencontre habituellement. C’étaient des yeux singuliers, fendus comme ceux d’un gros chat, aux iris jaunes. La plupart du temps, comme en cet instant, ces yeux si étranges, qui auraient pu être magnifiques, restaient ternes. L’ennui, ou la torpeur de la méditation, étouffaient tout éclat, toute vie.
    Soemias s’approcha lentement du bassin, superbe dans sa nouvelle robe blanche. Son fils lui fit signe, d’un geste de la main, de se déshabiller pour le rejoindre.
    La Syrienne ôta alors la fibule d’argent qui retenait son vêtement et celui-ci glissa gracieusement le long de son corps. Puis elle trempa son talon dans le bain et descendit lentement les escaliers de marbre, s’immergea dans l’eau tiède aux reflets d’agate, jusqu’à la taille.
    — Je t’ai cherchée, dit Varius en fronçant les sourcils.
    — Ah oui ? répondit Soemias tandis qu’elle bougeait voluptueusement et que ses longs cheveux, soulevés par l’eau, s’étalaient dans son dos comme un manteau royal.
    — Et je t’ai trouvée, dit encore son fils, sur le ton du reproche. Tu étais avec Eutychianus.
    — Nous as-tu espionnés ?
    — Je n’ai pas écouté mais j’ai regardé, avoua le jeune garçon.
    — Et alors ? interrogea Soemias. Le spectacle a-t-il été à ton goût ?
    Varius prit un air indifférent.
    — C’était d’une banalité… lâcha-t-il en sortant du bain. La main d’Eutychianus entre tes cuisses, voilà une scène que j’ai déjà vue au moins cent fois. Banal et mortellement ennuyeux.
    Soemias, qui ne trouvait guère d’intérêt à nager seule, fit quelques brasses dans le bassin puis se décida à quitter la piscine. Elle s’immobilisa un instant sur les marches pour essorer entre ses mains sa chevelure gorgée d’eau.
    Varius détailla le corps nu de sa mère, figé dans cette pose gracieuse, la comparant mentalement à l’image de la divine Salambô (27) .
    — Tu as encore grossi, dit-il pourtant, pour la blesser.
    — Et toi, rétorqua Soemias, j’ai

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