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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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pourraient très bien se retourner contre leur maître, si nous les y encourageons.
    — Très juste, approuva Maesa.
    Puis elle se tourna vers Varius, qui n’avait guère donné signe de vie jusqu’à présent. Il était allongé sur un lit de repos et semblait dormir éveillé.
    Depuis son acclamation par les légionnaires, il promenait sa molle indolence à travers le camp et affichait un air détaché, comme s’il n’était absolument pas concerné par les événements qui se produisaient autour de son auguste personne. De temps en temps, cependant, il daignait répondre aux questions qu’on lui posait, mais avec le ton d’un enfant blasé et vaniteux. Puis il expirait un bref soupir ennuyé avant de replonger aussitôt dans son indifférence.
    Maesa et Gannys Eutychianus ne faisaient pas grand cas de lui, trop préoccupés par la situation.
    Seule Soemias le couvait du regard, l’enveloppait à tout instant de paroles tendres et admiratives. Des paroles auxquelles Varius, qui se sentait déjà le maître du monde sans avoir rien fait, répondait par un petit sourire condescendant, à peine flatté.
    — Varius, dit Maesa, lève-toi !
    Le jeune garçon battit des cils, à la manière de Soemias.
    — Pour quoi faire ? demanda-t-il sans bouger d’un pouce.
    — Debout ! ordonna sèchement sa grand-mère. Nous t’emmenons sur les remparts !
    Elle le tira par la manche, non sans brusquerie.
    — Qu’on apporte aussi le faux portrait de mon neveu, qu’on le montre aux prétoriens !
    Quelques minutes plus tard, les soldats promenaient le jeune empereur sur les chemins de ronde et déroulaient la peinture de vingt coudées que Maesa avait fait exécuter, censée représenter Caracalla dans la fleur de sa jeunesse.
    La lumière des torches éclairait l’immense toile, dévoilant les traits d’un visage dont on ne pouvait deviner s’il appartenait au jeune Syrien ou à celui d’Antonin Caracalla, tant la ressemblance était frappante.
    — Regardez ! cria Gannys Eutychianus depuis le sommet des murs. Regardez le visage du prince d’Émèse ! Et regardez celui de votre empereur assassiné ! Vous ne pouvez pas douter qu’il soit son fils !
    Au pied des remparts, les prétoriens, figés par la stupeur, levèrent leur regard vers Varius, qu’on avait de nouveau sanglé, pour l’occasion, dans une armure étincelante.
    — Oui, hurla à son tour Soemias aux soldats, voilà l’enfant de mon cousin, voilà l’enfant divin que j’ai conçu dans ses bras !
    Flatté du qualificatif, Varius bomba exagérément le torse et tendit les bras vers le ciel, comme si tout à coup, par l’effet de ces paroles magiques, il se sentait réellement devenir dieu.
    Mais quand une flèche siffla à ses oreilles, il reprit vite conscience de sa pauvre humanité et s’accroupit, tel un animal apeuré, à l’abri des murailles.
    — Ils l’ont assez vu, dit Eutychianus à un soldat. Fais-le descendre avant qu’une flèche ne l’atteigne !
    Soemias et Varius se retirèrent rapidement et Gannys poursuivit son discours :
    — Vous qui avez combattu aux côtés de Caracalla pendant six ans, vous qui avez affronté avec lui les Calédoniens, les Alamans, les Parthes, vous qui l’avez suivi en Bretagne, sur le Rhin et sur le Danube, à Alexandrie, en Arménie, comment osez-vous le trahir aujourd’hui en vous dressant contre son fils ?
    En contrebas, Julianus, furieux, ordonna à ses prétoriens de continuer à tirer sur les rebelles. Mais Gannys, bravant le danger, reprit :
    — Varius Bassianus est le successeur d’Antonin, et c’est pourquoi je vous demande de le rétablir dans ses droits ! Cet enfant doit hériter du trône de Rome, dont Macrin, l’usurpateur, Macrin l’assassin, Macrin qui n’est le fils de personne, l’a honteusement privé !
    — Que font-ils ? interrogea Maesa, alors qu’Eutychianus redescendait vers le quaestorium (38) du camp.
    — Je crois qu’ils ont renoncé à donner l’assaut, répondit-il.
    — Et maintenant ?
    — Maintenant, ils nous assiègent.
    — Je m’en doutais ! déclara Comazon en frappant son poing dans sa paume. J’en étais sûr !
    Maesa se mordit l’intérieur des lèvres et sentit le goût du sang dans sa bouche.
    — Avons-nous seulement de quoi tenir ? interrogea-t-elle sèchement.
    La princesse ne semblait guère convaincue par les capacités de Valerius Comazon à gérer une telle situation.
    — Nous pouvons tenir six mois !

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