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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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acceptaient de les massacrer, acheva facilement de les en persuader.
    En effet, jetant bas leurs masques, les rebelles s’exprimèrent enfin avec franchise et n’hésitèrent pas à conclure ce marché infâme avec les prétoriens.
    Les gardes impériaux furent bien entendu beaucoup plus sensibles à ce dernier argument qu’à tous les autres. Car l’armée offrait généralement peu d’espoir d’une promotion aussi fulgurante. Il était pratiquement impossible aux recrues de base d’espérer accéder à des grades prestigieux, en particulier à celui de centurion, et à fortiori à celui de pilus prio r (40) , avant d’avoir accompli leurs seize années de service dans la garde.
    — Tiens, dit Festus à un jeune soldat, en lui tendant un poignard. Égorge ton centurion et demain tu porteras son vitis (41)  !
    Lorsque Comazon et Gannys Eutychianus, pour décider les derniers hésitants, firent de nouveau paraître Varius sur les remparts du camp, les prétoriens se ruèrent sur leurs officiers et les assassinèrent par surprise.
    — Ils massacrent les centurions ! Ils massacrent les centurions ! hurla un soldat affolé en se précipitant dans la tente de Julianus.
    — Qui ? Qui ? rugit à son tour le préfet du prétoire. Qui massacre mes centurions ?
    Le jeune soldat plongea ses yeux hagards dans ceux de son chef :
    — Tes prétoriens.

CHAPITRE V
    Le lendemain, à environ trente-cinq milles (42) du lieu du drame de Raphanae, dans un autre camp militaire, les hommes de la II e   légion parthique recevaient la visite de Macrin.
    La rencontre eut lieu au camp albain (43) , à Apamée, sur l’Oronte, au début de l’après-midi.
    L’empereur, suivant les conseils de Julianus, s’était enfin décidé à s’imposer aux soldats des autres légions d’Orient et à les dissuader de se rallier aux rebelles.
    Il était accompagné de son fils Diaduménien, âgé de neuf ans, qu’il entendait désigner, par la même occasion, comme son successeur.
    Puisque les Syriennes jouaient l’atout dynastique, il était bien résolu à faire la même chose en donnant à Diaduménien, en même temps que le titre de César, le cognomen (44) illustre d’Antoninus, comme l’avaient fait en son temps Septime Sévère et Caracalla, et comme venait de le faire le petit Syrien !
    Il avait également l’intention de promettre aux soldats de la II e   légion parthique une prime exceptionnelle, afin de s’assurer leur soutien.
    Alors que la solde annuelle d’un légionnaire était de six cent soixante-quinze deniers, il était décidé à leur en donner mille sous forme de donativum.
    Il passa à travers les rangs en prenant un air grave et monta lentement sur l’estrade pour parler. Il essaya de trouver le timbre juste, à la fois grave et posé, mais quand il bougea les lèvres, il n’en sortit qu’un petit filet de voix enroué. Il se racla la gorge et s’épongea le front de sa manche :
    — Les soldats de la légion gauloise qui m’ont trahi, dit-il en haussant le ton, ceux-là mêmes qui se sont barricadés à Raphanae et qui ont proclamé le Syrien empereur de Rome, commencent déjà à s’en repentir ! Car Ulpius Julianus, mon préfet du prétoire, a investi leur camp ! J’ai triomphé des rebelles ! Ces traîtres savent à présent que les Syriennes leur ont menti, qu’elles n’ont rien à leur offrir si ce n’est une mort indigne !
    Il y eut, parmi l’assemblée des soldats, un silence mortifié qui encouragea Macrin à continuer :
    — Ceux qui trahissent méritent une fin cruelle et doivent s’attendre à endurer des châtiments à la hauteur de leur infamie !
    De nouveau, la gêne et l’inquiétude s’emparèrent de la foule.
    — Mais ceux qui restent fidèles à leur chef légitime, poursuivit l’empereur radouci, ont droit aux récompenses à la hauteur de leur loyauté. Je saurai me montrer généreux à l’égard de mon armée.
    Cette fois, l’annonce du donativum fut accueillie par de bruyantes explosions de joie.
    Macrin attendit que les bruits cessent et que le silence revienne pour reprendre :
    — Quant à ce minable petit prêtre que les rebelles veulent mettre sur le trône de Rome, dit-il en levant les bras devant lui, je peux vous assurer qu’il n’est pas l’héritier de Caracalla ! Sa prétendue légitimité est un leurre destiné à vous tromper ! Je ne peux croire que vous vous laissiez abuser par les fausses promesses et les mensonges des

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