Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
montré plus ferme. L’empereur avait attendu que les rangs de la rébellion grossissent et, à présent, il n’était plus du tout certain de pouvoir régler le problème.
Si seulement le vieil entêté avait régulièrement visité ses garnisons au lieu de se prélasser à Antioche durant des mois !
Même le plus simple d’esprit savait qu’un empereur ne pouvait se permettre de quitter une concentration de troupes au risque de se faire supplanter par un rival ! Au contact permanent des soldats, il lui était plus facile de s’assurer de leur loyauté et de les surveiller.
— L’inconscient ! Il n’a pas voulu écouter mes conseils quand il était encore temps ! Nous aurions pu éviter cette révolte s’il avait pris la menace des Syriennes au sérieux !
Le légat qui l’accompagnait opina du chef :
— Ces chiennes sont coriaces ! Elles ont manipulé les soldats et leur ont fait miroiter monts et merveilles ! Donnerons-nous l’assaut ?
Julianus envisagea les fortifications et fronça les sourcils. Il répugnait à investir le camp et à faire couler le sang de soldats romains, fussent-ils des traîtres. Peut-être n’était-il pas trop tard pour retourner les légionnaires ? Il comptait sur le repentir des rebelles qu’il espérait amener à se rendre volontairement. Il suffisait qu’une poignée d’hommes quittent le clan de Varius pour que la résistance se lézarde.
— Fais venir le héraut, répondit-il. Nous allons d’abord leur proposer de se rendre.
Ainsi Julianus fit savoir aux légionnaires de Raphanae qu’il était prêt à oublier leur égarement et s’engagea à n’ordonner aucunes représailles, s’ils consentaient à se livrer.
Mais, bien loin de lui déléguer à leur tour un émissaire pour traiter de leur reddition, les soldats de la légion gauloise lui répondirent par des huées et des insultes, puis se barricadèrent davantage et se préparèrent à soutenir son attaque.
— Ces soldats ont été fanatisés par Julia Maesa ! Ils ne t’écouteront pas ! Ordonne l’assaut et finissons-en avec ces rebelles !
— Nous sommes moins nombreux qu’eux, nous perdrons des hommes, objecta Julianus qui n’était toujours pas décidé à engager le combat.
— Nous avons l’avantage, rétorqua le légat. Nos prétoriens sont bien meilleurs guerriers et mieux armés que les traîtres d’en face ! Ces mollasses ont perdu l’habitude du combat depuis qu’ils passent leur temps à admirer les trémoussements du petit Bédouin. En outre, nous savons où sont dissimulés leurs lis. Nous pouvons les éviter et attaquer les remparts. Le côté ouest est le moins défendu.
La forteresse de Raphanae, comme tous les camps romains, était en effet entourée de fosses tapissées de pieux acérés. Ces lignes de défense étaient censées briser l’élan des assaillants avant leur arrivée au pied des murs et empêcher toute tentative d’escalade.
— Très bien, fit Julianus à contrecœur. Préparez l’artillerie !
Aussitôt, les ordres fusèrent et les soldats de Macrin s’affairèrent autour des machines de siège. Les hommes firent avancer les onagres et les balistes.
Lorsque le tir des catapultes parvint à ouvrir une brèche dans le mur, Julianus donna l’ordre à ses hommes d’apporter des fascines et des claies pour escalader plus aisément les éboulements de la muraille. Puis les prétoriens se ruèrent vers l’ouverture en poussant des hurlements.
Mais un déluge de flèches les accueillit en même temps qu’une grêle de pierres. Ils se débandèrent rapidement et durent abandonner le terrain.
— Repartez à l’assaut de ces maudites murailles ! ordonna Julianus.
De nouveau, les prétoriens et les légionnaires tentèrent d’investir le camp. Et de nouveau, les rebelles repoussèrent cette vague humaine, défendant leur mur avec une énergie sauvage. Après une heure d’assaut désespéré, les cadavres et les corps rompus s’empilaient au pied des remparts comme des galets roulés par une tempête.
Afin de renforcer leur défense sur la brèche, les assiégés y avaient envoyé leurs meilleurs fantassins et tous les archers disponibles, ce qui avait eu pour effet de dégarnir dangereusement les autres côtés du fortin. Julianus en profita pour lancer simultanément une attaque sur la muraille opposée, moins élevée que les autres, à l’aide de rampes mobiles et de deux tours d’assaut en bois, montées sur roues.
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