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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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Julianus avaient triomphé. Et voilà que les rebelles lui apportaient le signe de leur reddition ! Il n’eut plus aucun doute sur le contenu du paquet : son préfet du prétoire lui envoyait la tête de l’arrogant petit Syrien !
    Le légat, n’ayant manifestement aucune envie d’ouvrir les linges souillés, fit signe à un subalterne de s’en charger à sa place. La jeune recrue désignée déposa sa pique et commença à dénouer consciencieusement les cordes qui tenaient les morceaux d’étoffe.
    Macrin vit le soldat interrompre tout à coup sa tâche. Ses mains s’étaient mises à s’agiter et ses yeux s’étaient emplis d’effroi.
    — Donne-le-moi ! fit l’empereur avec agacement.
    Il arracha le paquet des doigts tremblants du fantassin. Son impatience céda alors, faisant place à la stupéfaction et à l’horreur.
    Le vieil empereur vacilla soudain sur ses jambes maigres et détourna aussitôt la tête, en proie à une violente nausée.
    Un silence pesant s’abattit sur le camp.
    — César ? s’inquiéta le légat.
    Macrin, comme si l’objet lui brûlait la peau, le jeta par terre et porta une main à sa bouche.
    Au fond du paquet de linges tapissé de sang séché, reposait la tête de Julianus.
    * * *
    Les jours et les semaines qui suivirent l’épisode sanglant de Raphanae furent des plus troublés.
    Rome était pourvue de deux Césars et personne ne savait lequel des deux était l’empereur légitime !
    Macrin, aux abois, multiplia les messages dans la capitale, au Sénat et à tous les gouverneurs de province.
    Du côté de Varius, les Syriennes s’activèrent tout aussi fébrilement, bien résolues à remporter cette partie décisive dont l’enjeu n’était rien moins que la possession de l’Empire.
    Une guerre de vitesse s’engagea alors entre les coursiers respectifs des deux empereurs, afin de se rallier les légats des différentes légions d’Orient et d’Occident, les gouverneurs des provinces et les procurateurs.
    La panique, l’incompréhension, l’impuissance, le disputaient à la plus totale indécision dans l’esprit de ceux qui n’avaient épousé aucune des deux causes.
    La mésaventure survenue à Basilianus, préfet d’Égypte, fut l’exemple même de cette confusion et de toute cette folie.
    Ayant été averti par un messager de Macrin que le pseudo-Antonin avait été vaincu, il pensa bien faire en donnant l’ordre d’exécuter les partisans de Varius. Mais le jour suivant, apprenant par un second messager, envoyé cette fois par les Syriennes, que Macrin avait été abandonné par les légions de Syrie, Basilianus fut contraint de prendre la fuite, de peur d’encourir la colère de celui qu’il s’imaginait être devenu le nouveau princeps !
    Ceux qui étaient incapables de prendre une décision et de choisir leur camp n’en étaient pas moins dans une position périlleuse.
    Ainsi, Marius Secundus, gouverneur de Phénicie, fut assassiné par un petit groupe de soldats surexcités qui le pressaient en vain, depuis plusieurs jours, de se déclarer en faveur de l’un des deux rivaux.
    À Rome, l’émoi était certes moins intense, mais l’inquiétude était tout aussi évidente.
    Personne ne connaissant exactement la situation politique et militaire en Orient, on ne pouvait que spéculer et interroger devins et auspices pour savoir ce que réservait l’avenir.

CHAPITRE VI
    Immae, confins de la Syrie
    8 juin 218
    À la fin du printemps, les deux empereurs étaient l’un comme l’autre dans l’impasse. Aussi n’eurent-ils pas d’autre choix, pour se départager, que de s’affronter.
    Ce fut dans la vallée ocre et poudreuse d’Immae, à une vingtaine de milles d’Antioche, que Macrin se décida enfin à combattre les troupes du jeune Syrien.
    Il était presque midi lorsque les deux armées se rencontrèrent, prêtes à en découdre. Dans la lumière crue et éclatante du désert, les soldats se préparèrent alors au combat. Dans le large couloir de sable et de roches de la vallée, aucun souffle d’air ne semblait vouloir se lever pour rafraîchir l’atmosphère avant l’ultime bataille. Pas le moindre nuage ne tranchait sur le ciel implacable et le soleil brûlant décochait sans pitié ses flèches ardentes sur les cuirasses d’écailles des légionnaires.
    Macrin n’avait pu rassembler dans l’urgence qu’une partie des deux légions cantonnées près d’Antioche, la IV e   Scythia et la XVI e   Flavia firma (45) ,

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