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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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lèvres desséchées n’aspirant qu’à boire.
    Lorsque l’un des soldats se saisit de sa gourde pour se désaltérer, il tendit le bras, quémandant dans un geste pathétique un peu d’eau pour calmer la soif qui lui brûlait la gorge.
    Le soldat lui lança un regard haineux :
    — Tu peux toujours rêver ! cracha l’homme en passant la gourde sous son visage pour le narguer. As-tu éprouvé de la pitié pour les hommes que tu as punis ? Souviens-toi de ceux que tu as enfermés dans le ventre d’un bœuf ! Et de ceux que tu as brûlés vifs !
    Le vieil homme le regarda d’un air abasourdi.
    Visiblement, il ignorait ce que lui reprochait le soldat. Il avait certes fait condamner quelques soldats à la peine capitale, lorsque ceux-ci avaient gravement manqué au règlement ou à l’honneur, mais jamais il n’avait été cruel et injuste. Il n’avait fait que son devoir en rétablissant la discipline au sein de ses troupes. De quoi parlait donc cet homme avec cette histoire de bœuf ?
    — J’ai fait ce que je devais faire, se contenta-t-il de répondre en baissant la tête. Rien dont je doive rougir.
    Puis il ajouta, non sans une certaine tristesse dans sa voix éraillée :
    — J’étais votre empereur…
    — Tu n’as jamais été empereur ! grogna le soldat en lui donnant un coup de pied. Pas plus que ton fils, cet avorton qu’on a égorgé à Zeugma, alors qu’il s’enfuyait chez les Parthes !
    Macrin crut recevoir un coup de massue sur le crâne.
    — Qu’as-tu dit ? demanda-t-il en se relevant et en titubant comme un homme que l’on vient d’assommer.
    Pour toute réponse, il n’eut droit qu’à un autre grognement guttural.
    — Répète, ordonna Macrin en se redressant. Répète ! Qu’as-tu dit sur mon fils ?
    — J’ai dit qu’on l’avait arrêté avant qu’il ne rejoigne l’ennemi. Et qu’il avait eu ce qu’il méritait !
    Un cri qui n’avait rien de sénile, un cri de lion qui agonise, un cri de douleur et de rage sortit soudain de la poitrine du vieil homme.
    — Eh oui, confirma le conducteur du char en se retournant vers lui avec un sourire odieux, les prétoriens ont saigné ton Diaduménien comme un petit cochon !
    Le vieil homme, submergé par le désespoir, se retint de ne pas vomir. Il se plia en deux, secoué par un spasme d’une violence inouïe. Quand sa souffrance physique s’apaisa, il se redressa et tendit son poing vers les soldats :
    — Lâches ! cria-t-il d’une voix puissante, telle qu’il n’en avait sans doute jamais fait entendre de toute sa vie. Ce n’était qu’un enfant !
    Il poussa alors un autre cri, encore plus sauvage, encore plus primitif que le précédent, et sauta du char.
    Son corps rebondit plusieurs fois sur le sol, avec le bruit sinistre des os qui se brisent dans la chute.
    Les soldats, stupéfaits par un acte aussi inattendu, restèrent sans voix. Puis, réalisant qu’ils avaient perdu leur précieuse cargaison, ils ralentirent les chevaux qu’ils menaient au galop et coururent vers le corps immobile et désarticulé de Macrin.
    — Le fou ! Il s’est suicidé !
    — Non, il n’est pas mort ! s’exclama l’un des hommes en le retournant. Il a l’épaule cassée. Les jambes aussi, on dirait !
    — Eh bien, remonte-le dans le char ! On va le transporter jusqu’à Archélaïs.
    — On devait le conduire à Antioche, objecta l’autre soldat.
    — Et s’il claque avant d’arriver là-bas ? On ne nous a pas demandé de ramener un cadavre ! J’ai pas envie de prendre parce que cet imbécile s’est jeté sous mes roues ! On l’emmène à Archélaïs avant qu’il crève, d’accord ?
    Lorsque le vieil homme reprit enfin connaissance, il gisait sur le sol au milieu d’un camp militaire. Des dizaines de soldats faisaient une ronde autour de lui et l’envisageaient avec haine.
    Il mit plusieurs secondes avant de réaliser où il se trouvait et de recouvrer la mémoire. Le rappel des événements qui l’avaient conduit ici et le souvenir de la mort de Diaduménien lui arrachèrent un gémissement plaintif.
    Il prit alors sa tête entre ses mains, tandis que des sanglots sans larmes lui déchiraient la poitrine. Il resta ainsi étendu, l’esprit torturé par la pensée obsédante qu’il avait perdu son fils unique et traversé en même temps par d’autres idées fugitives. Dans son cerveau perturbé, une suite d’images glissèrent autour de la figure de son enfant mort, comme une

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