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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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temps nous serons à Byzance et tu pourras trouver une bonne auberge. En attendant, prends donc du repos sur le pont.
    Macrin poussa un soupir de soulagement. Cet homme avait raison, songea-t-il : quelques heures de sommeil ne seraient pas du luxe. Une bonne sieste, un repas solide en arrivant sur le continent et la route de Rome lui semblerait peut-être moins longue !
    Il se tint accroupi sur le plancher, à regarder les marins s’activer sur le pont. Puis il rejeta son capuchon en arrière afin de savourer la fraîcheur des embruns sur son visage. Le mouvement du navire et le clapotis de l’eau sur la coque le bercèrent doucement jusqu’à l’assoupissement.
    Lorsqu’il se réveilla, moins d’une heure plus tard, il vit que le vent fouettait les voiles et menait l’embarcation à vive allure.
    Il avait à peine ouvert les yeux que la voix sonore du gubernator le fit sursauter.
    — C’est pas vrai ! s’écria celui-ci. On revient sur la côte ! Saleté de vent qui tourne !
    Macrin se redressa et la peur s’alluma au fond de ses orbites creuses.
    — Quelle côte ?
    — Ça souffle fort et dans le mauvais sens ! Le vent nous rabat sur Chalcédoine (63)  !
    — Quoi ? Chalcédoine ? s’étrangla Macrin paniqué. On revient à notre point de départ ?
    — Presque, soupira le capitaine. Mais c’est comme ça, on ne peut rien faire ! On a des vents contraires !
    Moins d’une heure après, en effet, le bateau abordait de nouveau sur la côte asiatique. Macrin était désespéré. Il n’avait plus assez d’argent pour se payer une autre traversée.
    Voyant sa mine consternée, le gubernator le prit en pitié.
    — Sois ici au lever du jour, dit-il simplement. On s’arrangera.
    Macrin le remercia vivement et s’enfonça comme une ombre dans les ruelles obscures du port.
    Après avoir acheté dans un thermopolium (64) dupain et un morceau de fromage, il erra sans but dans les faubourgs de la ville. Puis, mort de fatigue, il finit par s’écrouler au pied d’un mur.
    Il lui était impossible de prendre une chambre dans une auberge, si modeste fût-elle. Le peu de sesterces qu’il avait conservé devait servir à acheter un cheval en arrivant à Byzance. Il lui restait quinze cents milles à parcourir jusqu’à Rome, autant dire qu’il avait encore la moitié de l’Europe à traverser !
    Il songea à se rendre chez un de ses anciens procurateurs, afin de se faire héberger pour la nuit, mais la sagesse le fit rapidement renoncer à cette idée périlleuse. Maesa avait certainement lancé des hommes à sa poursuite et il ne voulait pas prendre le risque de se faire arrêter chez l’un de ses amis. Il se résolut donc à dormir dans la rue, à l’abri d’une porte.
    * * *
    — Lève-toi !
    Un coup de pied dans les côtes le réveilla brutalement.
    — Debout !
    Une dizaine de soldats le regardaient avec hostilité. L’un d’eux tenait à la main une lanterne, les autres avaient déjà sorti leurs armes et le menaçaient.
    — C’est bien lui ! cracha l’homme à la lanterne. Il a coupé sa barbe mais je le reconnais ! J’étais au camp d’Apamée quand il a fait son discours !
    Ils le firent se lever sans ménagement et le poussèrent avec violence.
    — Debout ! On te ramène à Antioche !
    Le vieil homme ne tenta aucune résistance et n’esquissa pas le moindre mouvement de fuite.
    Les soldats le menèrent jusqu’à un char et, de Chalcédoine, reprirent la route en direction de la Syrie.
    Après la bataille d’Immae, Maesa et Gannys avaient mobilisé un nombre impressionnant d’hommes afin de retrouver celui qu’ils avaient déclaré proscrit, allant jusqu’à promettre une forte récompense à celui qui le leur ramènerait. Les soldats n’avaient manifestement eu aucun mal à localiser le fugitif et à le retrouver. Ils l’avaient pisté depuis son départ d’Antioche et avaient fouillé avec acharnement toutes les tavernes, tous les relais d’Anatolie et toutes les venelles des villes côtières où il était susceptible de se cacher en attendant d’embarquer.
    Le voyage du retour fut pour Macrin un véritable cauchemar. Les soldats ne lui épargnaient ni leur mépris ni leur cruauté.
    Prostré au fond du char qui le menait vers ses bourreaux, l’empereur déchu ne bougeait plus et n’espérait plus rien. Ses crampes d’estomac l’avaient repris et lui infligeaient une douleur insupportable. Il n’avait même plus la force de parler, ses

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