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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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procession d’ombres…
    Il voyait Diaduménien jouer dans l’atrium avec son petit chien, celui qu’il lui avait offert pour ses cinq ans ; il reconnaissait la silhouette gracile de son épouse, Nonia Celsa, la tête décapitée de Julianus, le brutal Caracalla dans son manteau gaulois, il voyait ses parents, ses anciens amis, ses ennemis… Ils se mirent à défiler devant ses yeux fermés, le regardant avec colère, comme ces soldats groupés autour de lui, tous le condamnant sans appel.
    Incapable de supporter plus longtemps la torture de ces visions, il releva la tête, ôta ses mains de devant ses yeux et pria pour que le temps qui le séparait encore de son fils adoré fût bref. Il appela de tout son cœur une mort rapide et digne.
    — Tuez-moi, dit-il d’une voix basse, mais sans implorer.
    Les légionnaires qui s’étaient massés autour de lui s’interrogèrent en silence. Aucun d’entre eux ne semblait prêt à satisfaire sa requête.
    Malgré ses fractures, il se releva péniblement sur les genoux et leva sa face de supplicié vers le ciel. Mais le soleil, qui brillait de tout son éclat, l’aveugla et l’obligea à baisser le regard.
    Le soleil… Macrin se souvint que les Syriens l’adoraient comme un dieu tout-puissant et que le jeune Varius, son rival, était son grand prêtre. Se pouvait-il que ce soit vrai ? Que cet astre fut un dieu et qu’il ait donné la victoire à ses ennemis ?
    Il secoua la tête pour se débarrasser de ces idées stupides. Ce peuple était un peuple de barbares et Varius était un dément ! Comment pouvait-on supporter de s’exposer continuellement à la tyrannie de cette sphère brûlante, qui assoiffait et consumait sans pitié, jour après jour, sous ses âcres morsures, les plantes et les bêtes ? Comment pouvait-on vénérer ce disque cruel et cynique, qui observait sans répit les hommes, comme l’œil jaune et monstrueux d’un cyclope ?
    — Tuez-moi, répéta-t-il aux soldats. Pourquoi attendre plus longtemps puisque je dois mourir ? Pour vous repaître de ma déchéance et de ma souffrance ? Faites ce que…
    Mais un coup l’empêcha de terminer sa phrase.
    Une pierre lancée du sein du groupe de soldats le toucha au front, d’où le sang jaillit, et le renversa de nouveau.
    La face contre terre, il sentit le goût du sable chaud dans sa bouche. Un voile noir puis rouge passa devant ses yeux.
    — Tu n’as plus d’ordres à nous donner ! cria un soldat. La ferme !
    À demi assommé, torturé par la douleur de ses multiples blessures, la figure pleine du sang qui coulait de son front ouvert, Macrin rassembla pourtant ses dernières forces tentant de se redresser de toute la hauteur de son buste.
    — Je veux mourir dignement, dit-il d’une voix agonisante, au soldat le plus proche. Aie pitié ! Prends ton glaive et frappe !
    Mais une seconde pierre, provenant en sifflant d’un autre côté de la foule, l’atteignit de nouveau, cette fois en plein visage et lui brisa le nez.
    La vue du sang exerça sur les soldats une fascination cruelle. Au lieu de freiner les légionnaires, elle les enivra, les excita et leur donna le courage des lâches. Des cris s’élevèrent de toutes parts : « À mort l’usurpateur ! », « Tuez le faux Antonin ! »
    Alors chacun jeta son caillou sur le vieil homme, au risque de blesser les soldats qui étaient regroupés près de lui, visant une cible qu’ils voyaient à peine, un corps sans visage, prostré dans l’attente de sa délivrance. Chacun voulait avoir sa part et lapider l’empereur indigne.
    Macrin s’était écroulé sous le choc de la seconde pierre et à présent ne bougeait plus.
    Le centurion Marcianus Taurus fendit le groupe des légionnaires en les écartant du bras et s’approcha de lui. Il regarda le corps terrassé et grimaça, en proie à une pitié sincère.
    — Finissons-en, dit-il en tirant son glaive de son fourreau.
    Il empoigna la tête du vieil homme par les cheveux et lui trancha la gorge d’un coup sec et rapide.
    — Voilà ! hurla-t-il en levant son arme ensanglantée vers la foule. Maintenant dispersez-vous !
    Aussitôt les rangs s’éclaircirent et les soldats s’éparpillèrent en silence.
    Quelques-uns seulement restèrent près du cadavre pour se rassasier de la vision de leur ignominie. Mais ce n’était plus qu’une poignée d’hommes, la lie du flot qui écumait de haine quelques instants auparavant.
    Lorsqu’ils eurent fini de contempler

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