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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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déroulé à la perfection jusqu’à présent, les mains avides de la mort allaient lui ravir ses dernières chances de connaître la gloire et de jouir enfin du pouvoir.
    — Tu ne réponds rien ? demanda Soemias en reniflant.
    — J’ai horreur des bavardages inutiles.
    Elle retourna dans la chambre de son petit-fils et s’adressa à l’assemblée des médecins :
    — C’est fini, dit-elle de façon peu amène, rentrez chez vous. Caryoclès s’avança :
    — Pardonne-moi, mais l’empereur a encore besoin de nos soins.
    — Vos soins ? Ils ne l’ont pas guéri, que je sache. Le temps passe et mon petit-fils n’est toujours pas rétabli. Je n’ai pas besoin d’autre preuve de la vanité et de l’impuissance de votre science. Partez, avant que je ne vous fasse tous chasser par les soldats.
    La petite troupe s’ébranla mais Maïmoun osa une dernière tentative :
    — Je m’apprêtais à administrer à l’empereur un remède à base d’ail et de thym, dit-il. L’ail et le thym sont connus pour leurs propriétés calmantes et digestives. J’y ai ajouté de la myrrhe, cette résine qui présente des qualités stimulantes.
    Et il brandit sous les yeux de la princesse une longue seringue en forme de bec de cigogne. Cet étrange instrument était destiné à être introduit dans le rectum du malade pour lui faire un lavement.
    — Cela rafraîchira les intestins et fortifiera le ventre.
    — File avant que je ne t’enfonce cet engin de malheur au fond de la gorge, cracha Maesa durement.
    Lorsque les guérisseurs eurent déguerpi, l’austère grand-mère fit venir au palais un certain Asclépiade, un médecin d’excellente réputation, qui tenait une officine non loin de Smyrne. Le bruit courait qu’il avait été l’élève de l’illustre Galien lors de son séjour à Rome et cette information avait décidé Maesa à s’en remettre à son expérience.
    Asclépiade observa Varius longuement, palpa son corps et prit le rythme du pouls.
    Au terme de cet examen, il secoua la tête d’un air préoccupé :
    — Mon maître m’a enseigné que chaque trouble provient d’une lésion d’un organe. Or, je constate une sécheresse de la bouche et de la langue, ainsi qu’une couleur jaune de la peau, des muqueuses et de l’œil. Je n’ai aucun doute sur le fait que le foie est atteint.
    — L’a-t-on empoisonné ? s’enquit Soemias, affolée.
    — Certainement pas. Si c’était le cas, il y a longtemps qu’il serait mort.
    — Mais alors, de quoi souffre-t-il ?
    Incapable de mettre un nom sur la maladie dont il reconnaissait seulement les manifestations, le médecin détourna habilement la question.
    — Il faut le faire boire sans modération, dit-il gravement, mais uniquement de l’eau. Et je vous conseille de cesser les saignées et les évacuations de toutes sortes. Non seulement celles-ci n’ont aucun effet sur lui, mais elles risquent bien de hâter sa fin. Il faut lui donner deux fois par jour des tisanes de feuilles d’artichaut, afin de stimuler l’activité du foie.
    — C’est tout ?
    — Il n’y rien d’autre que je puisse faire, avoua Asclépiade avec humilité. Maintenant il faut attendre et espérer que sa constitution et sa jeunesse le sauveront.

CHAPITRE IX
    Rome, quatre mois plus tard…
    Une brise fraîche se leva sur l’Urbs (73) en début d’après-midi, emportant avec elle les grappes de nuages en direction de l’est. Sitôt les nuages disparus, le soleil jeta enfin l’éclat de ses rayons dans l’air humide, séchant, en quelques minutes, les dernières larmes de l’ondée. À travers les gouttes de pluie de la récente averse, il fit naître un long arceau lumineux et multicolore au-dessus du Forum.
    — Un arc-en-ciel, constata le sénateur Lucius Scaber en levant le nez. Serait-ce un heureux présage ?
    L’homme qui marchait à ses côtés, Silvius Messala, s’immobilisa un instant et haussa les épaules.
    — Pour ma part, je ne crois guère aux présages, dit-il d’un air détaché. Mais qui sait ?
    Les deux sénateurs reprirent leur marche dans les ruelles bondées de monde qui menaient au comitium (74) .
    La circulation était laborieuse ce matin-là. Magistrats, artisans, commerçants, promeneurs, prostitués des deux sexes, se bousculaient au milieu des étalages de poissons et de légumes, du vacarme des potiers et des changeurs, dans une odeur de fleurs et de saucisses grillées.
    Silvius Messala et Lucius Scaber

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