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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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moi.
    — Quelle importance ?
    — Je suis malheureux ! Tu ne comprends pas que j’ai perdu son amour ? C’est ma faute, je l’ai blessé hier soir et il ne me l’a pas pardonné !
    — Mais non, le rassura sa mère.
    — Mais si ! s’affola Varius.
    — Voilà que tu t’inquiètes encore pour des bêtises.
    Le jeune homme se mit à tourner comme un lion en cage.
    — Je suis quand même l’empereur de Rome ! lança-t-il en élevant la voix. Depuis quand un petit danseur refuse-t-il de partager la couche de l’empereur ?
    — Ne te mets pas en colère, cela n’en vaut pas la peine, répondit sa mère avec légèreté. Crésus doit bouder quelque part. Je suis certaine qu’il réapparaîtra bientôt.
    — Il n’a pas intérêt ! s’écria Varius, soudain incapable de contenir sa fureur. Qu’il ne revienne surtout pas ramper comme un chien à mes pieds, car je te jure que je ne le reprendrai pas !
    — Très bien, répliqua Soemias, alors n’en parlons plus.
    — Si, au contraire, parlons-en ! Je vais lui faire savoir qu’il n’est plus le bienvenu dans mon lit et qu’il aille se cacher hors de mon palais ! Et crois-moi, il n’est pas près de danser pour qui que ce soit ! Veux-tu que je te dise ? Je vais en faire un proscrit et je serai bien vengé ! Peut-être même vais-je ordonner qu’on le pende par les cheveux et qu’on lui arrache les dents, ajouta-t-il. Maudit Crésus ! Il pourrait bien, d’ici peu, lui arriver quelque chose dont il ne se remettra pas !
    — Ne nous occupons pas de lui. Ce n’est qu’un petit minable. D’ailleurs, je ne comprends toujours pas ce qui a pu te plaire en lui. Il n’était pas si beau que ça. Et nettement moins bon danseur que toi.
    — Exact, fit Varius crânement. Et tu as raison, me voilà bien débarrassé.
    Sa mère le considéra vivement tandis qu’il marchait de long en large dans la pièce, remarquant sa respiration un peu haletante, l’éclat fiévreux de ses yeux, qui contrastait avec la pâleur inhabituelle de ses joues.
    — Ah ça ! reprit Varius en s’énervant de nouveau. Comment a-t-il osé me faire cet affront ? À moi, l’empereur de Rome !
    — C’est justement parce que tu es l’empereur que tu ne dois pas accorder autant d’importance à cet incident. Réfléchis : désormais, tu peux t’offrir tous les Crésus de la terre. Et ils se disputeront l’honneur de satisfaire le moindre de tes désirs. Lorsque tu seras au Palatin, tu n’auras qu’à lever le petit doigt pour les voir tomber à tes pieds.
    À ces mots, le visage fermé et chagriné de l’adolescent se transfigura soudain, comme éclairé d’une lumière intérieure. L’espoir brilla dans ses yeux douloureux et les émotions contradictoires cessèrent enfin de tournoyer de façon incohérente dans son esprit brumeux.
    — Je n’y avais pas pensé ! s’exclama-t-il avec enthousiasme. C’est vrai, je peux avoir tout ce que je souhaite ! Tout et davantage encore, puisque je suis le maître… !
    Il croisa les mains, tout à coup transporté dans d’inimaginables et délicieux fantasmes. Puis il se dirigea vers la sortie, avec un air de satisfaction heureuse.
    Mais au moment de franchir le seuil, un malaise le fit vaciller sur ses jambes et il se rattrapa de justesse en s’appuyant contre le mur.
    Soemias, inquiète, se précipita vers lui.
    — Qu’y a-t-il, Varius. Es-tu souffrant ?
    — C’est cette douleur, se plaignit l’adolescent en portant la main sur son abdomen. Hier, elle se portait sur ma poitrine mais je sens qu’elle se déplace vers l’estomac… J’ai cru que Crésus m’avait brisé le cœur mais maintenant je crois plutôt qu’on m’a empoisonné. Ha… gémit-il en se tordant de nouveau, j’ai tellement mal au ventre !
    — Que racontes-tu ? dit Soemias paniquée. Qui voudrait t’empoisonner ?
    — Je ne sais pas… bredouilla Varius en se pliant. Les empereurs finissent souvent comme ça… Tu le sais bien… Soemias lui toucha le front : il était brûlant de fièvre.
    * * *
    Pendant trois jours, devins, prêtres, sacrificateurs, médecins, chirurgiens, mages, astrologues, se relayèrent au chevet de l’empereur, cherchant par tous les moyens, des plus sensés aux plus fantaisistes, à déceler la racine de son mal.
    Maesa avait rassemblé tout ce qu’elle avait pu trouver de guérisseurs, et personne ne se choquait de voir cette petite troupe hétéroclite papillonner jour et nuit

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