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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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mi-indigné.
    — Je me demande bien quel message le nouveau maître de Rome cherche à nous faire passer.
    — On dit que l’empereur est le grand prêtre d’une divinité syrienne, répondit Scaber. Je crois qu’il l’appelle Élagabalus. Il s’agit d’un dieu solaire, ou quelque chose dans ce genre. Il aura cru nous impressionner en se faisant représenter en tenue sacerdotale. Ou nous faire plaisir, qui sait ?
    Silvius Messala jeta un coup d’œil sur les Pères conscrits autour de lui. Dans la salle, les plus anciens membres du Sénat étaient visiblement en train de s’échauffer.
    — Eh bien, c’est raté, gloussa le sénateur. Il y en a quelques-uns parmi nous qui, visiblement, ne semblent pas apprécier son cadeau.
    Scaber plissait les yeux vers la toile :
    — Je ne vois guère de ressemblance avec Caracalla, souffla-t-il à l’oreille de Messala. Et toi ?
    — Tu n’as pas cru à ces sornettes ? Bassianus n’est pas le fils de Caracalla, ce n’est que son petit-cousin. Voilà pourquoi la ressemblance n’est absolument pas flagrante.
    Assis à gauche de Silvius Messala, le sénateur Pomponius Bassus n’avait rien perdu de l’échange.
    — Il y a bien d’autres choses plus choquantes que ce déguisement, dont nous aurions à nous émouvoir, fit-il remarquer à voix basse.
    Messala et Scaber l’interrogèrent du regard.
    — Si je me souviens bien du contenu de sa première missive, poursuivit Pomponius, ce jeune homme se présentait comme un nouveau Marc Aurèle, dont il prétendait vouloir suivre l’exemple. Pourtant, il s’est honteusement moqué de nos traditions en prenant de son propre chef les titres d ’imperator, de César et d’Auguste, et en s’attribuant lui-même les surnoms de Pieux et d’Heureux !
    Silvius Messala opina du chef.
    — C’est exact, approuva-t-il l’air aussi contrarié que Pomponius. J’ai également entendu dire qu’il s’était d’autorité attribué les prérogatives du commandement proconsulaire et de la puissance tribunicienne, sans avoir la convenance d’attendre la ratification du Sénat.
    — Quelle désinvolture, quelle outrecuidance ! s’offusqua de nouveau le sénateur Pomponius, mais sans cesser de chuchoter, par prudence. Qu’en est-il de la respectabilité de notre institution ?
    — Oh, il y a longtemps que les empereurs n’en font plus qu’à leur tête et qu’ils ne ménagent même plus les apparences ! intervint à son tour Lucius Scaber. Nous y sommes accoutumés depuis longtemps.
    — L’empereur n’est pas au-dessus des lois et de la tradition, déclara sévèrement Pomponius. Ce sont elles qui sont au-dessus de lui !
    — Serais-tu un de ces incorrigibles idéalistes ? se moqua gentiment Scaber.
    Pomponius se redressa sur son siège :
    — Oui, un idéaliste et un stoïcien dans l’âme, répliqua-t-il fièrement.
    À cinquante-sept ans, ce sénateur aux tempes grisonnantes et à l’allure grave s’accrochait encore et toujours à ses rêves de liberté et à sa nostalgie d’un âge d’or révolu depuis plus de deux cents ans. Républicain convaincu, il exécrait la monarchie et l’arbitraire de ces empereurs qu’il qualifiait volontiers de despotes et regrettait amèrement, sans pourtant les avoir jamais connus, les bienfaits de l’ancien régime oligarchique, de ce gouvernement d’aristocrates éclairés qui dirigeait, il y a bien longtemps, la Cité, avec l’avis du peuple.
    Il jeta un regard perplexe vers le portrait de Varius et son visage glabre, aux traits durs, se ferma, comme sous l’emprise de funestes pensées.
    De sa tribune, le magistrat président réclama une nouvelle fois le silence dans la salle afin de poursuivre son discours sur la bonté et la grandeur du nouveau princeps, avant de se répandre en de violentes imprécations contre Macrin :
    — Marcus Opellius Macrinus fut l’ennemi de la patrie, l’ennemi des dieux, l’ennemi du Sénat et l’ennemi du peuple de Rome ! Il a tué le divin Antonin Caracalla, dont il avait pourtant la garde au titre de préfet du prétoire ! Il a usurpé l’Empire alors qu’il en était indigne par le rang, par l’honneur et par les mérites ! Il a attenté à la vie de Varius Bassianus Antoninus, l’Auguste innocent ! Il a soumis l’armée aux plus odieuses rigueurs de la discipline, il a agi en tyran et non en chef, cédant à la barbarie et à la férocité ! Aussi, je vous propose d’abolir tous les honneurs

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