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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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décernés à cet homme de son vivant, à cet assassin qui n’a pas épargné le sang des innocents !
    La majorité des Pères conscrits accueillit avec enthousiasme les propos de Liber, qui, ravi, formula sitôt après ses imprécations les souhaits traditionnels en faveur du nouvel empereur :
    — Que les dieux préservent Antoninus Bassianus ! dit-il. Les dieux nous l’ont donné, que les dieux le conservent ! Heureux sommes-nous sous son autorité ! Dieux immortels, donnez longue vie à Antoninus Bassianus ! En lui repose notre salut, en lui repose notre vie ! Longue vie à Antoninus !
    Silvius Messala se rapprocha de Pomponius :
    — Quel hypocrite ! chuchota-t-il à l’oreille de son voisin. Il traîne le nom de Macrin dans la boue alors qu’il n’y a pas si longtemps il chantait ses louanges sur cette même tribune et le remerciait de nous avoir débarrassés de Caracalla ! A-t-il la mémoire si courte ? A-t-il déjà oublié que Caracalla a tué son propre frère et vingt mille Romains à sa suite ? Et à présent, voilà qu’il nous demande d’accueillir à bras ouverts le fils de ce fratricide et de faire des vœux pour qu’il lui ressemble ! Je crois rêver !
    Pomponius se contenta de hausser les épaules d’un air écœuré.
    — Peut-être cet enfant est-il animé de meilleurs sentiments que Caracalla ? déclara Lucius Scaber. Regarde bien son visage : ce n’est pas celui d’un tyran. Il y a une sorte de mélancolie, douce et rêveuse, dans ses yeux… Et si l’on en croit ses lettres, il semble plutôt généreux. Ne nous a-t-il pas promis l’apaisement et la paix ?
    —  Indulgentissimus… railla Pomponius. Oh oui, pour être généreux, il l’est ! Je viens d’apprendre que Fabius Agrippinus, le gouverneur de Syrie, a été exécuté pour n’avoir pas épousé la cause du jeune homme lorsqu’il était en compétition avec Macrin. Pareil pour Claudius Attalus, le gouverneur de Chypre et pour Triccianus, en Pannonie. On ne peut pas dire que cet enfant inaugure son règne par la clémence !
    — Allons, fit encore Scaber, ces mesures lui auront été dictées par de mauvais conseillers. Tu verras que les choses rentreront dans l’ordre dès que sa grand-mère, Maesa, sera à Rome. Si cette femme est de la même trempe que sa sœur Domna, nous n’avons pas à nous inquiéter de l’avenir.
    Les acclamations du Sénat emplirent la Curie, tandis qu’à l’extérieur, sur le podium, la foule des curieux laissait, elle aussi, entendre sa joie de façon plutôt bruyante.
    — Écoute-les ! s’énerva Silvius Messala. Les soldats pensent avoir trouvé leur nouveau Caracalla, le Sénat leur nouveau Marc Aurèle et le bon peuple le nouveau maître qui lui offrira du pain et des jeux : ils sont tous contents !
    — Je regrette d’être venu, dit Pomponius avec une profonde lassitude dans la voix. Je n’ai jamais eu de goût pour les mauvaises comédies.

CHAPITRE X
    Pendant que les sénateurs romains attendaient la venue de leur nouvel empereur, celui-ci se remettait lentement de sa maladie.
    Ses forces revenaient peu à peu, et il pouvait à présent marcher et se livrer à ses occupations favorites : la sieste, le bain, la table et surtout, le culte d’Élagabal.
    Mais sa nonchalance, malgré tout, empirait. La journée, il traînait son apathie d’un lit à un autre, affichait une lenteur exagérée et une humeur maussade.
    Maesa et Eutychianus avaient depuis longtemps renoncé à le faire sortir de son exaspérante indolence, profitant au contraire de cette passivité physique et intellectuelle pour prendre en main le règlement des affaires impériales.
    La seule inquiétude qu’ils nourrissaient encore à l’égard de l’adolescent concernait ses habitudes vestimentaires et son goût, de plus en plus prononcé, pour le travestissement.
    Jusqu’à présent, Varius n’avait jamais caché son penchant pour les étoffes précieuses et les bracelets, mais le temps passant, cela s’était nettement accentué, à tel point qu’il ne s’habillait plus que comme une femme.
    Il portait des tuniques tantôt longues et amples, couvrant complètement les mains et tombant jusqu’à terre, tantôt courtes et étroites, laissant l’épaule nue ; il choisissait des tissus de couleurs rares, bleus, verts, violets, poussait même l’indécence jusqu’à s’envelopper dans des voiles bariolés, comme une joueuse de flûte. Il coiffait ses cheveux longs

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