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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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débouchèrent dans la rue aux Bœufs, qu’ils remontèrent jusqu’au temple de Saturne et à la tribune des Rostres, avant de contourner l’arc de Septime Sévère.
    Parvenus devant la Curie, les deux hommes durent encore jouer des coudes pour se frayer un chemin à travers un groupe de badauds rassemblés sur le comitium.
    Depuis plusieurs jours, des crieurs publics annonçaient la tenue extraordinaire du Sénat et une foule de curieux et d’oisifs s’était amassée devant les grandes portes ouvertes du bâtiment pour observer, de l’extérieur, le déroulement de la séance publique.
    — As-tu une idée de ce qui nous attend ? interrogea Lucius Scaber.
    — Pas la moindre, répondit l’autre en poussant les badauds qui barraient l’entrée de la Curie. Aucun débat n’est à l’ordre du jour. À ma connaissance, il ne s’agit ni d’une affaire financière, ni d’un problème concernant le maintien de l’ordre, ni même de l’institution d’une nouvelle fête. C’est le mystère total.
    — Peut-être allons-nous recevoir une ambassade étrangère ?
    — Nous l’aurions su.
    — En tout cas, l’affaire est importante, déclara Scaber. Sinon, pourquoi cette session extraordinaire ?
    À l’intérieur de la Curie, une petite centaine de sénateurs attendaient déjà, installés sur les trois rangs de gradins qui encadraient l’aire centrale.
    Beaucoup de Pères conscrits avaient déserté la ville à cette époque de l’année, soit qu’ils aient été affectés à des charges qui les éloignaient de la capitale, soit parce qu’ils séjournaient, du fait des vacances traditionnelles du mois d’avril, dans leur résidence secondaire.
    Les deux sénateurs repérèrent, dans la prestigieuse assemblée, quelques visages connus puis allèrent s’asseoir l’un à côté de l’autre.
    Comme toujours, la séance débuta solennellement par les libations offertes à la statue de la Victoire, puis le magistrat président Titus Sulpicius Liber, de sa tribune, s’adressa à ses pairs :
    — Je réclame le silence, dit-il d’une voix puissante.
    Aussitôt les chuchotements et les apartés cessèrent dans la salle exiguë.
    — Nous avons reçu des nouvelles de l’empereur, poursuivit le princeps senatus (75) . Ces nouvelles sont excellentes, le cortège impérial devrait faire son entrée dans notre capitale d’ici quatre à cinq mois.
    Un brouhaha reprit immédiatement au sein de l’assemblée, que Titus Sulpicius Liber interrompit d’un seul geste de la main.
    — Je sais que le temps vous paraît long, dit-il en ajustant le drapé de sa toge blanche sur son bras. L’empereur lui-même regrette de ne pouvoir hâter davantage son voyage. Depuis la première lettre que nous avons reçue d’Antioche, il y a cinq mois, ses courriers ne cessent de nous parvenir pour nous assurer de son impatience d’arriver.
    Silvius Messala se pencha vers Scaber en souriant d’un air incrédule :
    — Il nous a convoqués pour nous débiter ces fadaises ?
    Le sénateur président ne tarda pas à en venir au fait :
    — Antonin a fait parvenir au Sénat de Rome un cadeau, dit-il en se tournant vers l’entrée de la Curie. Un magnifique présent qui témoigne de sa bienveillance et de sa générosité.
    À ces mots, deux porteurs firent irruption dans la salle, tenant à bout de bras une grande toile tendue sur un cadre de bois.
    — Voici le portrait de l’empereur, annonça Liber. J’ai cru comprendre qu’un grand nombre d’entre vous étaient curieux de voir le visage de leur nouveau prince, aussi seront-ils satisfaits.
    Les Pères conscrits découvrirent ainsi le fameux portrait en pied que Varius avait fait exécuter quelques mois auparavant à Faustinopolis, et pour lequel il avait revêtu le costume qu’il portait aux processions et aux sacrifices.
    Comme l’avait exigé Varius dans sa lettre, la peinture fut aussitôt fixée au mur, au-dessus de l’imposante et vénérable statue de la Victoire, que les ancêtres avaient jadis rapportée de Tarente.
    Les sénateurs découvrirent un empereur à peine sorti de l’enfance, qui posait dans une longue robe, avec une tiare en or et des amulettes.
    Les commentaires ne tardèrent pas à fuser de toutes parts.
    — Il est très jeune ! Mais quel âge a-t-il exactement ?
    — Treize ans tout au plus. C’est un enfant !
    — Mais quel est ce costume ?
    Silvius Messala, quant à lui, regardait le portrait d’un air mi-consterné,

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