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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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guêpe l’avait soudainement piqué, le visage cramoisi.
    — Je déteste les vierges ! hurla-t-il en sortant de la chambre à grandes enjambées furieuses. Sois maudite, Julia Cornelia Paula !

CHAPITRE XVI
    Le lendemain de cette pitoyable nuit de noces, débutèrent les festivités offertes au peuple de Rome par le nouvel empereur. Les réjouissances commencèrent par des courses de char, dans le gigantesque Circus Maximus.
    Dans la matinée, quatre cent mille personnes, suantes et piaffantes d’impatience, vinrent s’entasser sur les gradins de l’imposant édifice pour assister à l’arrivée de la pompa qui marquait l’ouverture des jeux.
    La procession descendit du Capitole, traversa une partie du Forum, emprunta le vicus Tuscus (91) et, après être passée devant la grotte du Lupercale, atteignit l’entrée du grand cirque. Lorsque les trompettes retentirent pour annoncer son arrivée, les spectateurs lancèrent des vivats excités et se soulevèrent comme une immense houle.
    Les magistrats et les vestales pénétrèrent les premiers dans l’arène, suivis par les fils de chevaliers, les musiciens tenant les lyres d’ivoire et les groupes de jeunes danseurs singeant les satyres et les silènes. Puis arrivèrent les athlètes, les magnifiques lutteurs, oints de cire et frottés d’huile. À leur suite défilèrent le collège des pontifes et les statues chryséléphantines des divinités, portées sur des brancards.
    Lorsque les auriges, portant les couleurs des quatre factions, apparurent sur la piste recouverte de sable et de paillettes de chrysocolle, casqués et cuirassés, la cavea (92) s’emplit d’un tonnerre délirant de hurlements, de cris et d’applaudissements.
    Dans le pulvinar (93) , la grande loge impériale, Varius se leva et retint son souffle. Les narines dilatées, les lèvres frémissantes, il suivit des yeux, avec une fascination non dissimulée, les attelages qui trottaient majestueusement et frappa dans ses mains pour accompagner l’ovation du public.
    Lorsque les hérauts à cheval annoncèrent le début des courses et que les chars regagnèrent leurs stalles de départ, il se rassit et promena alors son regard sur la foule.
    Il vit que les sénateurs avaient pris place sur les sièges des premiers rangs, à l’écart de la plèbe bruyante et bouillonnante, entassée, elle, en haut des tribunes.
    — Pourquoi les Pères conscrits ne se mêlent-ils pas au peuple ? demanda-t-il, contrarié, à Maesa. Ces prétentieux dédaignent-ils le voisinage de mes pauvres ?
    — Tu sais bien que cela a toujours été ainsi, se contenta de répondre sa grand-mère.
    L’empereur laissa tomber les coins de sa bouche :
    — Eh bien, dit-il, j’aimerais que cela change ! Je vais ordonner que les aristocrates n’aient plus de banquettes réservées, que ce soit au cirque ou au théâtre.
    — Ce serait une grave erreur, fit remarquer Maesa.
    — Et pourquoi ?
    — Pour plusieurs raisons, Varius. D’abord c’est un privilège que le divin Auguste a octroyé par décret aux clarissimes, il y a plus de deux siècles, et personne n’a jamais songé à mettre fin à cette ancestrale tradition. Ensuite, grâce à cette disposition du public, tu peux aisément identifier la source des manifestations et des émeutes. Cela te permet de mesurer ta popularité parmi les différents groupes de l’assistance, en particulier parmi les sénateurs. Ainsi, tu peux savoir quelles catégories de citoyens et quels individus t’ont applaudi le plus… ou t’ont hué au moment de ton arrivée.
    Varius secoua la tête, peu convaincu par l’explication.
    — Tatata ! dit-il. Personne n’osera jamais siffler l’empereur de Rome ! Surtout pas ces esclaves en toge !
    — On n’est jamais sûr de rien, répliqua sa grand-mère.
    — Regarde-les ! Regarde cette arrogance sur leurs visages ! s’énerva l’empereur. Je peux t’assurer que cela va changer ! Je te promets que, désormais, ces vieux croûtons resteront debout, en haut des gradins, avec les pullati (94) et les vendeurs de saucisses !
    La vieille Syrienne haussa les épaules avec une fausse désinvolture qui cachait déjà une nouvelle crainte.
    — D’ailleurs, reprit Varius, les traits éclairés soudain par une brillante idée, je vais leur faire savoir une bonne fois pour toutes de quel côté se trouve leur empereur !
    Il fit signe à l’un de ses gardes de s’approcher et désigna du doigt la compagne d’un

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