Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
rétorqua-t-il d’une voix détachée. Je vais si bien transpercer ta petite protégée que dès demain matin, elle sera grosse.
Et, sur ces paroles aussi présomptueuses que déplacées, il se tourna vers son épouse, lui ôta solennellement son manteau et dénoua le nœud symbolique de sa ceinture. Puis il l’invita, d’un geste impérieux de la main, à s’étendre sur la couche ornée de blanches tentures.
Maesa, satisfaite, s’éloigna, suivie de la troupe des assistants. Ceux-ci se retirèrent avec moins de discrétion, certains se répandant en plaisanteries grivoises, d’autres en gloussant allègrement.
Sitôt les invités partis, une esclave vint libérer la chevelure de Paula de ses bourrelets postiches et de ses épingles, lui peigna ses longues boucles brunes et l’aida à enlever sa robe.
Lorsqu’elle fut couchée, sans vêtement, Varius put constater que le corps de sa femme était parfait en tous points. Il vit de ravissantes épaules, des seins ronds et hauts et sous cette poitrine sans défaut, un ventre lisse et de longues cuisses.
Il s’allongea tout habillé à ses côtés, sans cesser de la détailler.
— J’avais peur que tu ne sois difforme, dit-il sérieusement. Mais finalement, tu n’es pas trop laide.
Malgré la honte et la gêne d’être pour la première fois de sa vie exposée au regard d’un homme, et malgré cette appréciation qui n’avait rien de vraiment élogieux, Paula s’obligea à sourire, en guise de remerciement.
— Quelle détestable habitude que d’imposer à un homme de prendre une femme sans jamais l’avoir vue toute nue, lâcha Varius. Si j’avais acheté une jument ou une chamelle, j’aurais eu le droit de l’examiner avant de conclure l’affaire.
Puis, sans autre préambule, il avança sa main pour lui écarter les jambes.
— Maintenant, voyons comment tu es à l’intérieur… dit-il en glissant brusquement ses doigts entre les cuisses de la jeune femme.
Cette intrusion inattendue la suffoqua. Elle étouffa un cri et s’agrippa à lui. Lorsque Varius enfonça plus profondément son doigt en elle, elle poussa un cri de douleur.
— Quoi ? demanda-t-il, surpris. Tu as mal ?
Varius remarqua sa pâleur, la panique dans ses yeux. Mais loin de se sentir ému par l’innocence évidente de sa jeune épouse, cette lueur inquiète le mit mal à l’aise.
— Vierge à trente ans ? s’étonna-t-il avec un rictus moqueur. Il ne recueillit qu’un mutisme confus.
— Te réservais-tu pour ton mari ?
— Oui, avoua Paula, le cœur battant.
— Quel sacrifice idiot ! lança Varius en retirant son médium et en le portant à ses narines pour en renifler l’odeur.
— J’ai été élevée dans le principe qu’une femme ne devait pas être souillée avant son mariage, répondit doucement Paula. Cela n’a pas été un sacrifice.
— Pour moi, c’en est un !
L’adolescent abandonna aussitôt ses investigations et roula sur le dos, visiblement contrarié par sa découverte.
— Je n’aime pas les vierges, dit-il sèchement.
— Pourquoi ?
— Parce qu’il faut tout leur enseigner. Elles ne savent rien faire dans un lit.
Bien que n’ayant aucune connaissance dans ce domaine, Paula eut l’intuition que son jeune époux préférait de loin la passivité à l’action. Manifestement, il aurait aimé s’en remettre aux mains d’une femme plus expérimentée. À présent, sa déception était évidente, comme celle d’un client qui vient de s’offrir une prostituée et réalise qu’il a été floué sur les capacités de la dame.
— Je suis désolée, s’excusa-t-elle (avant d’ajouter, en rougissant aussitôt de son audace), mais je peux apprendre, si tu m’expliques ce que je dois faire.
Varius n’eut pas l’air d’avoir entendu sa demande. Il observait la fresque du plafond, l’air pensif.
— Ainsi, tu n’as jamais eu d’amants ?
— Non, avoua la jeune femme.
— N’y a-t-il jamais eu, chez toi, un esclave qui t’ait proposé de te faire l’amour ? Qui t’ait initiée, en cachette, au plaisir de la fellation ou du cunnilingus ?
Il constata que ces deux mots n’éveillaient aucune réaction chez la jeune femme. L’idée quelle n’en connaissait pas le sens l’irrita davantage.
— Alors ? Réponds.
— Nos serviteurs n’avaient pas le droit de lever les yeux sur moi. Mon père n’aurait jamais toléré un tel manque de respect.
Varius eut un petit ricanement
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