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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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entrèrent dans un grand ferraillement de boucles de baudrier, d'épée et d'éperons.
    Le marquis paraissait tout petit à côté du comte mais on le remarquait. Bien que vêtu avec une extrême élégance, il était d'une rare laideur avec son nez écrasé, ses petits yeux enfoncés dans leurs orbites, ses dents gâtées et sa peau blanchâtre. Quant à Claude de Bourdeille, il semblait beaucoup plus vieux que sa quarantaine. Mais les quatorze mois passés dans une glaciale cellule du donjon de Vincennes avaient sévèrement éprouvé sa santé.
    — Où est-il ? s'enquit Gondi.
    — M. de Beaufort est libre, monseigneur ! Il est parti se réfugier dans le Vendômois, mais il vous fait compliment et vous remercie, lança Montrésor en se précipitant vers les carafes posées sur une desserte pour se servir du vin.
    — Sa prison lui a-t-elle donné plus de sens ? demanda Miron, visiblement soulagé.
    — Non ! grinça Fontrailles, qui se servait à son tour. (Aucun valet n'étant dans la pièce.) Et heureusement pour nous !
    — Vous êtes injuste avec M. de Beaufort, protesta Montrésor. Il a fait preuve d'un grand courage.
    — Comment cela s'est-il passé ? interrogea alors Gondi qui brûlait de tout savoir.
    — À peu près comme nous l'avions préparé, monseigneur. Montrésor connaissait bien les lieux pour y avoir séjourné longtemps ! ironisa Fontrailles dans un rictus. Vaugrimaut avait fait entrer une corde et deux poignards dissimulés dans un énorme pâté de faisan en croûte, car pour Pentecôte le duc avait décidé d'offrir à dîner aux gardes qui couchaient dans sa chambre. Alors qu'il allait se mettre à table, il a déclaré à La Ramée qu'il ne se sentait pas bien et qu'il souhaitait faire quelques pas dans la galerie basse où on le conduisait parfois pour prendre l'air. N'y voyant pas malice, l'exempt a accepté et l'a accompagné avec Vaugrimaut pendant que les gardes restaient avec le somptueux pâté et des flacons de vin de Mâcon. Une fois dans la galerie, d'où Beaufort ne pouvait s'enfuir car vous savez combien elle est haute, Vaugrimaut a dit qu'il retournait manger avec les autres. Il s'est rendu dans la chambre mais afin de donner un tour de clef, enfermant ainsi les gardes, puis il est allé prendre sa corde et ses poignards avant de revenir dans la galerie en verrouillant toutes les serrures derrière lui. Au moment où il est entré dans la galerie, Beaufort, qui guettait cet instant, s'est jeté sur La Ramée et l'a maîtrisé. Vaugrimaut voulait tuer l'exempt d'un coup de poignard mais le duc, toujours grand seigneur, a refusé. Ils l'ont garrotté avec l'écharpe tressée d'or de Beaufort, puis ont attaché la corde à un merlon et Vaugrimaut est descendu le premier, craignant, s'il fuyait en dernier, d'être repris et pendu. Malheureusement, soit il avait calculé trop courte la longueur de la corde, soit un morceau a cédé mais il a sauté ou il est tombé. Nous étions de l'autre côté du fossé avec Montrésor et trois solides gaillards. Nous lui avons jeté une autre corde, que par chance nous avions, car le fossé est très profond, et il nous a rejoints. Seulement, quand ça a été le tour de Beaufort, il s'est assommé en sautant et est resté sans connaissance, le bras brisé. Montrésor voulait aller le chercher mais heureusement le duc a repris connaissance. Hélas, il ne pouvait se déplacer tant il souffrait. Nous lui avons lancé notre corde qu'il est parvenu à s'attacher aux aisselles et nous l'avons tiré. Le bougre pesait un poids inouï tant il devait bien manger dans sa prison !
    La saillie dérida l'assistance.
    — Finalement, nous l'avons récupéré. Il avait encore perdu connaissance et nos gaillards ont dû le porter, lui faire passer le mur du parc et le conduire jusqu'au petit bois où nous attendaient cinquante cavaliers d'escorte. Là, il a repris conscience et, se sentant enfin libre, est monté lui-même à cheval, m'annonçant qu'il était guéri de tous ses maux ! Je dois dire que j'étais soulagé tant j'avais cru que nous allions échouer pour un misérable bout de corde ! 119
    En l'écoutant Paul de Gondi songeait à l'incident qui avait fait échouer la conspiration de Jean-Louis de Fiesque. Alors qu'il était sur le point de réussir, Fiesque avait glissé sur une planche et s'était noyé. Le plus habile des hommes ne pouvait envisager les caprices du sort. Six ans plus tard, Gondi repenserait encore à cet

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