Le Secret de l'enclos du Temple
mesures visant à la collecte ou à la remise des tailles. Sans succès.
Seule la reine décida de résister. Elle sollicita l'aide du prince de Condé. Il arriva à Paris le 19 juillet, mais c'était trop tard : les parlementaires avaient tant promis qu'ils ne pouvaient se dédire. À la fin du mois, écoutant les conseils de prudence du cardinal, Anne d'Autriche accepta donc les réformes de la Chambre de Saint-Louis et accorda le renouvellement du droit annuel. Tout en ayant secrètement décidé de faire venir en France des troupes allemandes et demandé au prince de Condé de faire cesser le désordre.
*
Durant ce tumulte, Basile Fouquet poursuivait ses intrigues afin de s'approprier la maison du comte de Bussy et le trésor des templiers. Il avait soudoyé un laquais de Mme de Miramion et le père Clément était devenu le confesseur de la jeune femme. C'est lui, aussi, qui avait demandé à Leboccage d'écrire au comte pour lui suggérer d'enlever la jolie veuve.
On s'en souvient, lorsque Bussy était arrivé à Paris, Mme de Miramion se trouvait chez son frère. Son enlèvement n'était pourtant que partie remise car, début juillet, l'abbé Basile Fouquet fut informé du retour de la jeune femme. Aussitôt, il ordonna au père Clément de prévenir Bussy, lequel revint dans sa maison du Temple.
Aux premiers jours d'août, Basile Fouquet reçut un billet l'informant que Mme de Miramion et sa mère, accompagnées de deux demoiselles de compagnie et d'un vieil écuyer, se rendraient le 7 août faire le chemin de croix du Mont-Valérien 122 et y entendre une messe. Au retour, elles passeraient par Saint-Cloud, endroit favorable à un guet-apens. Cependant, le laquais espion ne savait à quelle heure elles partiraient, encore moins l'heure de la messe et celle de leur retour.
C'était fâcheux, car Bussy, une fois prévenu, serait contraint de suivre le carrosse de Mme de Miramion avec le risque de se faire remarquer. Sans compter d'Artagnan aussi à ses trousses.
L'abbé réfléchit longuement avant d'entrevoir une solution. Il se rendit au couvent de la Merci et rencontra le père Clément auquel il expliqua sa stratégie.
— Mme de Miramion se rendra le 7 au Mont-Valérien, mais, comme le 6 est le jour de la Transfiguration de Notre-Seigneur Jésus-Christ, elle ira à la messe et se confessera. Débrouillez-vous pour obtenir d'elle le détail de sa journée du lendemain.
Le père Clément promit d'y parvenir. L'abbé lui recommanda aussi d'alerter M. d'Artagnan, qui venait de rentrer d'une mission pour le cardinal auprès du prince de Condé. Le soir, le moine fut donc introduit chez l'ancien mousquetaire.
Sans être riche, d'Artagnan occupait deux pièces non loin du Palais-Royal. Vêtu d'une veste de brocart à fleurettes d'argent et de culottes de drap de Hollande ornées de dentelles, ainsi que de bas de soie blanche, il reçut le père Clément dans sa grande chambre alors qu'il soupait d'un beau pâté en croûte.
Tout en gardant une attitude modeste et respectueuse, le moine balaya discrètement la pièce des yeux. Entièrement tapissé, meublé de confortables chaises, fauteuils, et surtout d'un lit à hauts piliers, paré de serge jaune et de brocatelle rayée, l'endroit affichait l'opulence de l'ancien mousquetaire. Quelques louis d'or brillant sur une console attirèrent aussi son attention. Sur le mur, à droite du lit, dans un cadre en bois de violette, régnait l'effigie hautaine d'Anne d'Autriche.
— Que me voulez-vous, mon père ? s'enquit rudement Baatz, sans cesser de manger. Planchet m'a dit que vous veniez de la part de Mme de Miramion…
Il s'agissait du nom magique utilisé par le prêtre pour être reçu.
— En vérité, j'ai menti, monseigneur, pleurnicha le moine en serrant compulsivement son chapelet. Mais il fallait absolument que je vous prévienne du terrible crime se préparant contre cette noble dame…
— Quoi ! cria Baatz en se levant, un crime ! Parle frocard, ou je te coupe les oreilles !
— Voici, monseigneur, mais sachez que, pour sauver Mme de Miramion, je vais commettre le péché mortel de trahir le secret de la confession…
— Que m'importe que tu sois damné ! Parle donc ! hurla le Gascon en se jetant sur le moine et en le saisissant par le col de sa robe.
— Je… je viens de confesser un homme, monseigneur… Et il m'a avoué qu'avec des amis, il préparait l'enlèvement de cette dame…
— L'enlèvement ! Qui est
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